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Si tout est pour le bien, pourquoi s'endeuiller ?

Rédigé le Jeudi 1er Septembre 2016
La question de Azerty A.

Chalom aux Rabbanim,

Nous devons tous savoir que tout ce qu'Hachem nous envoie est pour le bien et que rien ne peut nous arriver si cela ne fait pas partie de Sa volonté.

À partir de là, nous devons donc prendre toutes les épreuves de la vie avec joie, comme il nous l'est enseigné.

Pourquoi donc devons-nous nous endeuiller lors de la perte d'un proche ? Ne devrions-nous pas, du moins théoriquement, nous en "réjouir", car cette épreuve provient d'Hachem, et vu qu'Il fait tout pour le bien, pourquoi donc devons-nous nous endeuiller ?

Dans le même contexte, lorsque nous traversons une épreuve, pourquoi devons-nous prier et faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d'arranger la situation ? Cela ne serait-il pas aller contre la volonté d'Hachem vu que ce n'est que Lui qui nous a mis dans cette situation ?

Merci beaucoup.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40333 réponses

Bonjour,

Je vous félicite pour vos questions.

La première a été posée dans de très nombreux ouvrages, par nos maîtres, à travers les siècles passés.

Permettez-moi de rajouter une remarque qui va la renforcer :

En apprenant une triste nouvelle, il faut réciter la Brakha « Baroukh Ata … Dayan Haémèt ».

Cette Brakha est censée nous investir de la croyance selon laquelle Hachem est Le Bon par excellence, qu’Il est à l’origine de tout, et que toutes Ses actions sont justes et louables.

Donc, le deuil ne devrait pas avoir sa place dans nos demeures puisque la mort [en l’occurrence] a été décidée par le Maître du monde. Voir Guécher Ha’haïm, volume 1, chapitre 19, passage 2.

Il faut noter, également, que le deuil porté pour des proches disparus apparaît dans la Torah, à plusieurs reprises, bien avant l’époque du don de la Torah mais également par la suite. Voir Béréchit, chapitre 50, verset 10 [à propos de Ya'acov Avinou], Vayikra, chapitre 10, verset 19 [à propos des deux enfants de Aharon Hacohen], Guécher Ha’haïm, volume 1, chapitre 19, passage 1.

Première réponse

La vie est la chose la plus chère dans ce monde.

C’est l’unique but de la création.

Le deuil est un moyen permettant de prendre conscience de l’importance de la vie.

Le deuil n’est pas une révolte.

Les proches du défunt ont le devoir de porter le deuil car ils ressentent profondément sa disparition, et par là même, la « disparition » du mérite de pouvoir vivre sur terre.

Ce mérite est exceptionnel et extraordinaire car il mène l’être humain vers le monde futur.

Lorsque les proches assistent à l’effacement de la possibilité de se trouver ici bas, d’accumuler des mérites, et d’accomplir des bonnes actions, ils doivent être envahis de sentiments de « tristesse », au moins semblables à ceux que connaissent certaines personnes lorsqu’elles perdent leur richesse.

Il n’y a pas mieux que la mort pour connaître la valeur de la vie.

Sous la ‘Houppa, lorsque le ‘Hatan casse le verre, toute l’assistance est censée penser à la destruction du Beth Hamikdach. Personne ne doit rester insensible.

Il devrait être ainsi pour le deuil : chaque personne ayant apprit la disparition de qui que ce soit devrait porter le deuil, mais cela n’a été imposé qu’aux proches, car c’est uniquement eux qui ressentent vraiment sa disparition.

Voir Guécher Ha’haïm, volume 1, chapitre 19, passage 2.

Seconde réponse

La mort est la conséquence des fautes. Ceci est une vérité incontestable.

Le défunt a, peut-être, quitté ce monde sans avoir réparé quelques actions.

En portant le deuil, les proches du défunt sont censés faire Techouva sur certains de leurs comportements.

Ceci est le meilleur moyen d’apporter des mérites supplémentaires au défunt, qui, durant les jours suivant son décès, en a grandement besoin.

Si les proches améliorent leur comportement « grâce » au défunt et en son honneur, cela est [également] comptabilisé dans son dossier des mérites.

Troisième réponse

Le deuil porté pour l’un des proches a pour but d’éveiller en soi des sentiments de repentir et une amélioration de son accomplissement des Mitsvot. Voir Choul’han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 394, Halakha 6.

Si les proches du défunt n’ont pas eu le mérite de le voir vivre à leurs côtés [durant une plus longue période], c’est en partie « à cause » de leur comportement.

Aucune douleur n’est injustifiée.

Le deuil a, donc, pour but une introspection permettant d’améliorer sa manière d’accomplir les commandements d’Hachem.

Voir Séfer Ha’hinoukh, Mitsva 264.

Cette réponse est différente de celle qui précède.

Quatrième réponse

Le deuil est une manière de mettre en évidence notre reconnaissance envers le défunt.

C’est aussi une marque de respect envers lui.

Voir Rachi « Tirda Déréchout » sur Soucca 25a et Talmud Sanhédrin 47b « Chma Mina Yékara Déchakhvé Hou Chma Mina ».

Etant donné que le deuil a un but bien précis [comme nous le voyons dans les réponses qui précèdent], il ne faut pas plonger dans le désespoir ni dans une tristesse profonde et se morfondre, car cela pourrait entraîner de graves conséquences.

Voir Talmud Mo'èd Katan 27b.

Les proches du défunt ne doivent pas pleurer plus de trois jours, car Hachem dit : « Vous n’avez pas plus de pitié que Moi ».

Voir Talmud Mo'èd Katan 27b et Choul’han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 394, Halakha 1.

En ce qui concerne votre seconde question :

« Dans le même contexte, lorsque nous traversons une épreuve, pourquoi devons-nous prier et faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d'arranger la situation ? Cela ne serait-il pas aller contre la volonté d'Hachem vu que ce n'est que Lui qui nous a mis dans cette situation ?

Réponse :

Hachem veut uniquement le bien pour Ses créatures.

Voir Yé’hézkel, chapitre 18, verset 32.

Si l’être humain connaît le mal, c’est uniquement la conséquence de son mauvais comportement.

S’il traverse des situations difficiles, c’est le résultat de ses manquements.

Voir Talmud Brakhot 5a.

Dans Dérekh Hachem, Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato explique : en s’éloignant d’Hachem et de Sa Torah, l’homme s’éloigne du bien.

Réciter des prières suite à des épreuves n’est absolument pas contradictoire avec la Emouna puisque le fait même de prier est une preuve que l’auteur de la prière est investi de la croyance selon laquelle tout provient d’Hachem.

Et si l’épreuve « provient » d’Hachem, il doit sûrement y avoir une raison.

Cette raison est le manquement dans l’accomplissement des Mitsvot, la Tsniout, et l’étude de la Torah.

Voir Vayikra, chapitre 26, versets 3-16 et Dévarim, chapitre 11, versets 13-21.

En d’autres termes :

La prière est un moyen de prendre conscience que, par notre comportement, nous sommes à l’origine de notre situation dans ce monde.

Hachem attend nos prières.

Il attend, donc, que nous revenions vers Lui afin qu’Il soit possible de nous combler de tous les biens possibles.

Moché Rabbénou a récité 515 prières afin de mériter de pénétrer en terre d’Israël.

Il n’est pas possible d’affirmer qu’il avait un manque d’Emouna.

Bien au contraire, il était convaincu que la prière est le meilleur moyen pour apporter un changement à sa personnalité.

Hachem lui a demandé de cesser de prier car Il en avait décidé autrement.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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