Bonjour Rav,
Il y a de très nombreuses années, j'étais dans un hôtel pour Chabbath et les toilettes étaient à l'étage.
J'ai eu à utiliser les toilettes dans la nuit de Chabbath, et, en fermant la porte des toilettes, la lumière a été actionnée automatiquement. En sortant donc, j'ai compris que la lumière s'éteindrait automatiquement, mais j'ai tout de même pris sur moi de sortir de ce lieu dans lequel il n'y avait pas d'air non plus.
Le surlendemain, j'avais un cours de Torah au cours duquel j'ai posé la question, et il m'a été répondu que j'aurais dû rester dans les toilettes tout le Chabbath !
Je reste persuadée que c'est faux, car je n'aurais pu m'acquitter d'aucune Brakha ni faire quoi que ce soit.
Que pensez-vous de cette situation ?
Bonjour,
Il ne vous était pas interdit de sortir des toilettes, même si la lumière allait s'éteindre à votre sortie.
En effet, la Halakha tranche que, dans tous les interdits fixés par les sages, un "Psik Réché Délo Nikha Lé" est autorisé (Yabi'a Omer, volume 5, chapitre 27).
Reste à établir si l'électricité est interdite par la Torah ou par les sages.
La majorité des décisionnaires contemporains tranchent que, même si l'on est stricte avec l'électricité tout comme un interdit de la Torah, il s'agit malgré tout d'un interdit rabbinique (Yabi'a Omer 1,20).
Et même si l'électricité était interdite par la Torah, étant donné que l'action d'allumer est faite de façon inhabituelle (Chinouy), elle devient un interdit rabbinique, et dans les cas d'interdits rabbiniques transgressés par l'intermédiaire d'un Psik Réché Délo Nikha Lé, il n'y a pas d'interdit.
Quelques bases de Halakha à connaître :
Qu'est-ce qu'un Psik Réché (littéralement : "couper la tête") ?
Si un homme dit : "Je veux couper la tête d'un poulet, mais je ne veux pas qu'il meurt", puisqu'il est inévitable que l'action amène la mort du poulet, il est clair qu'il lui sera interdit Chabbath de couper la tête du poulet (Soucca 33b avec Rachi).
De même, si l'on a oublié la lumière dans le réfrigérateur et que l'on veut y prendre quelque chose, cela ne sera pas permis, car même si l'intention n'est que d'ouvrir la porte du réfrigérateur, vu que la lumière va s'allumer, c'est comme si l'on allumait une lumière le jour du Chabbath.
Mais, dans la Halakha, il y a une exception : le "Psik Réché Délo Nikha Lé" ou "Délo Hikhpat Lé".
En effet, si une personne fait une action permise qui entraîne une conséquence interdite, mais qu'il n'a aucun intérêt à la conséquence, l'action effectuée devient une action sans intention ; c'est ce que l'on appelle "Davar Chélo Mitkavèn", qui n'est pas interdit par la Torah et est même permis d'après certains décisionnaires (Séfer Haaroukh, Tossefot sur Kétoubot et dans Chabbath).
Kol Touv.