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Shoah : pourquoi n'y a-t-il pas eu de miracle ?

Rédigé le Dimanche 26 Avril 2015
La question de Gedeon T.

Bonjour,

En ces jours de Pessa'h où nous célébrons la sortie d'Égypte, pourquoi le miracle n'a pas récidivé pour la Shoah ?

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Bonjour,

J'aurai pu me suffire de vous dire que les voies du Seigneur sont des mystères impénétrables, mais je vais tout de même vous transmettre ce que disent nos Sages à propos des miracles ayant accompagné la sortie d'Egypte. A partir de là, tout devient une évidence absolue, criante et indiscutable.

A l'époque de la sortie d'Egypte, nos ancêtres n'avaient pas encore atteint un niveau spirituel leur ayant fait mériter tous les prodiges et les miracles qui se sont produits. Voir la Dracha du Chabbath Hagadol de Rabbi Chlomo Zalman Auerbach à la fin de Halikhot Chlomo, volume traitant de la fête de Pessa'h.

Nos Sages affirment que 80% des juifs périrent dans les semaines précédant la sortie d'Egypte [pendant la plaie des ténèbres], étant donné leur manque de mérite d'être délivrés.

Cette idée se retrouve assez fréquemment dans les écrits de nos Sages et de nos maîtres, et plus particulièrement dans la Haggada de Pessa'h et ses commentateurs à propos du verset dans Ezechiel 16, 7 : "[...] Mais tu étais nue et dénudée". Dans ce verset, le peuple juif est présenté comme étant dénué de commandements lui permettant d'acquérir le mérite de la rédemption.

Le Rav Munk écrit [Dévarim 4, 35] : La seule raison valable de toutes les manifestations auxquelles nos ancêtres ont assisté était D'OTER DE L'ESPRIT INQUIET DE L'HOMME LES HYPOTHESES ET LES ANALOGIES DOUTEUSES POUR ÉTABLIR SA FOI SUR LES FONDEMENTS SOLIDES DE L'EXPÉRIENCE ET DE LA RÉALITÉ. Six cent mille hommes ont vécu cette expérience et cette réalité, et pas un d'eux ne s'est inscrit en faux contre ce véritable "procès-verbal".

Le Zohar explique : jusqu'ici, tes yeux ont VU les épreuves, les signes, les miracles, les combats livrés d'une main puissante et d'un bras étendu, avec des prodiges terrifiants [cela fait allusion à la sortie d'Egypte et aux miracles qui se sont produits à cette époque]. Il t'a été donné de voir ces miracles pour que tu reconnaisses la vérité du Maître du monde : DÉSORMAIS, LA CONVICTION PAR TES PROPRES YEUX N'EST PLUS NÉCESSAIRE, ET TU CROIRAS EN LUI PAR LE CHEMIN DE LA FOI ET LA TRADITION.

En d'autres termes, nous avons désormais, le libre choix [arbitre] de faire ce que bon nous semble.

A ce sujet, je vous conseille vivement de lire :

Les commentaires du Rav Munk sur Dévarim 11, 26 et sur Dévarim 30, 15-19,

Le 'Houmach, l'édition Edmond Safra, en Français, page 1058 et page 1157.

Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

Le Rabbi de Loubavitch, de mémoire bénie, est largement reconnu comme ayant joué un rôle majeur dans le façonnage du monde juif après l’Holocauste. Mais qu’a dit et enseigné le Rabbi au sujet de l’événement lui-même ?

par Yanki Tauber / fr.chabad.org

Comme des millions de Juifs de sa génération, le Rabbi de Loubavitch fut personnellement touché par la Shoah. Son plus jeune frère, DovBer, fut abattu et jeté dans une fosse commune comme le furent des dizaines de milliers d’autres Juifs dans une série de massacres perpétrés par les Allemands peu après leur occupation de Dniepropetrovsk à l’automne 1941. Une grand-mère bien-aimée et d’autres membres de la famille furent aussi assassinés. L’épouse du Rabbi perdit sa jeune sœur Sheina qui périt à Treblinka avec son mari et leur fils adoptif.

Dans ses écrits et discussions sur le sujet, le Rabbi a rejeté toutes les explications théologiques de l’Holocauste.

"Peut-il exister de plus grande vanité et de plus grande cruauté que de donner une «raison» à la mort et à la torture de millions d’hommes, femmes et enfants innocents ? Peut-on présumer s’imaginer qu’une explication assez petite pour tenir dans les limites de la raison humaine puisse expliquer une horreur d’une telle ampleur ? Nous pouvons seulement concéder qu’il est des choses qui se situent hors de la portée limitée de l’esprit humain".

Reprenant les propos de son beau-père, le Rabbi disait :

"Ce n’est pas ma tâche de justifier D.ieu sur cela. Seul D.ieu Lui-même peut répondre sur ce qu’Il a laissé arriver. Et la seule réponse que nous accepterons est l’immédiate et complète Rédemption qui bannira à jamais le mal de la surface de la Terre et révélera la bonté intrinsèque et la perfection de la création de D.ieu."

Pour ceux qui ont fait valoir que l’Holocauste réfute l’existence de D.ieu ou de Sa providence dans nos vies, le Rabbi a dit :

"Au contraire, l’Holocauste a réfuté de manière décisive toute foi possible en une morale basée seulement sur l’être humain. Dans l’Europe d’avant-guerre, c’est le peuple allemand qui incarnait le summum de la culture, du progrès scientifique et de la moralité philosophique. Et ce sont ces mêmes gens qui ont commis les atrocités les plus ignobles que l’histoire humaine ait connues ! S’il ne devait y avoir qu’un seul enseignement à retirer de la Shoah, c’est que cet événement nous a appris qu’une existence morale et civilisée n’est possible qu’à travers la croyance et l’acceptation de l’autorité divine."

Le Rabbi a dit aussi :

"Notre indignation, notre défi incessant de D.ieu sur ce qui s’est passé, cela même atteste avec force de notre croyance en Lui et de notre foi en Sa bonté. Parce que si nous ne possédions pas cette foi, au moins de manière sous-jacente, de quoi exactement serions-nous indignés ? Du fonctionnement arbitraire du destin ? De l’arrangement aléatoire des quarks qui composent l’univers ? C’est seulement parce que nous croyons en D.ieu, parce que nous sommes convaincus que le bien existe, que le mal existe, et que le bien doit triompher du mal – et qu’il finira par en triompher – que nous crions, comme le fit Moïse : Pourquoi, mon D.ieu, as-Tu fait du mal à Ton peuple ?! "

Mais la chose la plus importante au sujet de l’Holocauste pour le Rabbi n’était pas notre façon de le comprendre ou de ne pas le comprendre, ni même la manière dont nous commémorons ses victimes, mais ce que nous faisons à ce sujet.

"Si nous permettons à la douleur et au désespoir de nous décourager d’élever une nouvelle génération de Juifs fortement attachée à son identité juive, alors la « solution finale » d’Hitler sera réalisée, à D.ieu ne plaise. Mais si nous reconstruisons, si nous élevons une génération fière et dévouée à sa judéité, nous aurons triomphé."

Mékorot / Sources : Rav Elie Munk, Halikhot Chlomo, Zohar.
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