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Shoah : ils ont mis leur vie en danger "inutilement"

Rédigé le Jeudi 14 Avril 2016
La question de Charly D.

Chalom Rav,

Comment expliquer les histoires pendant la Shoah ou des hommes et des femmes se sont parfois mis en danger (et également les autres) afin de réaliser une Mitsva chère à leurs yeux, sachant que, d'un point de vue hilkhatique, il est interdit de mettre sa vie et celle des autres en danger sauf pour les trois conditions connues ?

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
8142 réponses

Chalom Ouvrakha,

Très bonne question.

Nous retrouvons également un tel comportement dans le Talmud et dans les Michnayot, comme par exemple dans Brakhot 33a avec Rabbi 'Hanina ben Dossa, dans 'Houlin page 7b, dans Kiddouchin 29b, dans Ta'anit 21a avec Na'houm Ich Gam Zou, et dans Ketouvot 61a. 

Nos Sages (comme le Maharcha sur place, ou le Touré Even Ta'anit 21a, ou le Sdé 'Hémèd) se sont penchés sur votre question, et nous ont répondu que nous pouvons nous appuyer sur le miracle de façon passive (par exemple, en restant dans un endroit qui devient dangereux sans quitter les lieux), ou lorsque, de toutes les façons, la vie que l'on mène est miraculeuse (comme Na'houm Ich Gam Zou qui habite dans une maison avec des grands risques d'écroulement).

De plus, si nous nous sentons au niveau (comme Rabbi 'Hanina (Pri Tsaddik) qui vient du mot 'Hèn - grâce) et que nous comprenons que tout, mais absolument tout, est un cadeau d'Hachem (voir Néfech Ha'haïm 3, 12) et que nous prions avec ferveur, nous pouvons théoriquement nous appuyer sur un miracle éventuel.

Aussi, nous pouvons constater des propos du Ramban (début de la Paracha Lekh Lékha verset 10) que les grands hommes (comme Avraham Avinou) ont le devoir de s'appuyer sur les miracles d'Hachem, et même les enfants d'Israël, dans certaines situations, peuvent se fonder sur les miracles qu'Hachem leur fera (Vayikra 26, 11), et cette idée est expliquée clairement par le Rachba dans son responsa tome 1, 413. Le Ménorat Hamaor (Ner 3, 18) écrit la même chose, que l'homme pieux qui a toujours respecté les Mitsvot et qui a confiance en Hachem peut se mettre en danger, comme l'a fait Rabbi 'Hanina. Ces propos ont été rapportés dans le Eliyah Rabba 66, 14, et on retrouve une idée similaire dans les écrits du Natsiv de Volojin sur la Torah (Chémot 32, 26). Voir aussi Tossefet Yom Hakipourim Yoma 82a.

Enfin, l'histoire la plus difficile à comprendre est celle de Nikanor (Yoma 38a) qui s'est mis en danger pour des portes du Beth Hamikdach ! Le Méchèkh 'Hokhma (fin de Parachat Terouma) écrit que Nikanor n'a pas bien agit en cela, mais le Rav Elyachiv (Hé'arot sur Yoma) n'est pas d'accord, car, si tel était le cas, les portes de Nikanor au Beth Hamikdach n'auraient pas portées son nom... Voir à ce sujet l'explication du Rav 'Hida dans son livre "Marit Ha'ayin".

En tout cas, il est fort probable que les personnes concernées pendant cette terrible période de la Shoah ont agit par rapport aux explications susmentionnées.

De plus, humainement parlant, il est très possible qu’ils n'avaient plus l'envie de vivre, et préféraient même mourir plutôt que de vivre cet enfer... La seule chose qui leur donnait une raison de vivre c'était la Torah et les Mitsvot, et c'est en cela qu'ils retrouvaient un souffle de vie, au sens propre du terme.

Enfin, il se peut que les décrets d'interdiction de faire les Mitsvot n'étaient pas uniquement pour casser le moral des juifs, mais aussi pour les empêcher en soi de réaliser les Mitsvot, et, dans un tel contexte, nous avons l'ordre et le devoir de se laisser mourir pour accomplir les Mitsvot. Voir responsa Mima'amakim tome 2, 11.

En espérant avoir réussi à répondre à votre question, et qu'Hachem nous épargne de toute épreuve.

Kol Touv.

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