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Séfarades, emprunter des Téfilines Ashkénazes ?

Rédigé le Vendredi 4 Décembre 2020
La question de Laurent L.

Chalom Rav,

Est-ce que tout juif peut s'acquitter de la Mitsva des Téfilines (de Rachi) en utilisant les Téfilines d'un autre juif (avec son accord) quelque soit son Minhag (coutume= et quelque soit le type de Téfilines ('Habad, Ashkénaze, Séfarade, Yéménite), dans la mesure où ces Téfilines sont Cachères ?

Est-ce qu'un juif peut librement utiliser les Téfilines d'un autre juif sans prendre en considération son Minhag ?

Merci pour votre site.

La réponse de Rav David COHEN
Rav David COHEN
256 réponses

Bonjour,

Il y a essentiellement deux différences majeures concernant les différentes paires de Téfilines : l’écriture et l’agencement des Parachiot.

1. L'écriture du parchemin :

A priori, chaque communauté suivra sa coutume. Par exemple, un Ashkénaze achètera une paire de Téfilines dont l’écriture est selon la tradition Ashkénaze. Idem pour un Séfarade.

A posteriori, un parchemin dont l’écriture ne correspond pas à notre Minhag (coutume) ancestral sera tout à fait validé.

[Voir Pisské Techouvot 36,1, Yé’havé Da'at tome 2, Siman 3, à l’encontre du 'Hazon Ich Ora'h 'Haïm Hilkhot Téfilines Siman 9,6.]

2. L’agencement des Parachiot :

L’ensemble des Richonim écrivent qu’il convient de faire les 3 premières Parachiot des Téfilines Petou’hot (c’est-à-dire qu’on laisse un espace de 9 lettres avant de passer au paragraphe suivant), et la quatrième Paracha Setouma (selon le Rambam, on commence le paragraphe suivant en laissant un vide de 9 lettres).

Le Rambam précise que, dans le cas où cet agencement n’est pas respecté, les Téfilines deviennent alors Pessoulot (inaptes) !

En pratique, le Choul’han 'Aroukh (Ora'h 'Haïm 32,36) retient l’opinion du Rambam, et ainsi est la coutume chez les Séfarades.

Afin de s’acquitter a priori de l’opinion du Roch, le Taz (32,26) préconise de laisser un espace de 4,5 lettres à la fin du précédent paragraphe, et de nouveau un espace de 4,5 lettres sur le dernier paragraphe. Ainsi, la quatrième Paracha sera aussi considérée comme Stouma selon le Roch, tout en respectant l’espace de 9 lettres.

En effet, le Taz pense que l’on peut associer les 2 paragraphes pour former l’espace de 9 lettres nécessaire entre chaque paragraphe. Et c’est cet avis qui a été finalement retenu dans la plupart des contrées Ashkénazes [Pisské Techouvot 32,56, note 390].

Toutefois, du Beth Yossef (Yoré Dé'a Siman 288), il ressort que l’on ne peut pas associer le nombre de 9 lettres avec 2 paragraphes [Maamar Mordékhaï 32,35].

C’est pourquoi, un Séfarade ne pourra pas acheter ou même emprunter des Téfilines des Ashkénaz [Kol Ya'acov 32,168, Chout Ich Matslia’h Yoré Dé'a Siman 44, Tvouot Chémech Siman 79,22, Yé’havé Da'at 4,3, Halakha Beroura 32,148, Chout Otsrot Yossef Siman 20, Mékor Nééman 1, Siman 46].

En effet, la grande majorité des Téfilines des Ashkénazes sont écrites selon l’opinion du Taz. [Les Téfilines des 'Habad ne posent pas de problème, étant donné qu'ils suivent l'avis du Graz (32,52) qui retient l'opinion du Rambam.]

En cas de force majeure, où la seul paire de Téfilines que l'on dispose est écrite selon le Minhag Ashkénaze (basé sur le Taz ou le Rama), on les mettra alors sans réciter de bénédiction [Or Létsion 2, chapitre 3,7].

Conclusion : a priori, chacun suivra sa coutume. A posteriori, un Ashkénaze pourra mettre les Téfilines d’un Séfarade, mais un Séfarade ne pourra en aucun cas mettre les Téfilines d’un Ashkénaze (à moins d’avoir la certitude qu’elles sont écrites selon l’opinion du Rambam, comme c’est le cas pour les Téfilines des 'Habad).

Kol Touv.

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