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Se faire payer pour donner cours de Torah

Rédigé le Dimanche 21 Juillet 2024
La question de Rahel C.

Bonjour Rav,

A-t-on le droit de prendre de l'argent quand on donne un cours de Torah, et si oui, pourquoi ?

La réponse de Rav Yona GHERTMAN
Rav Yona GHERTMAN
131 réponses

Chalom,

Dans un premier temps, le Talmud (Békhorot 29a) stipule : étant donné que la Torah a été enseignée gratuitement aux Bné Israël, il appartient à chaque Juif de l'enseigner gratuitement. Cependant, il est précisé par la suite que celui n'ayant pas trouvé un enseignant gratuit doit proposer de le payer. Malgré tout, on conclut que cela doit rester du domaine de l'exception, et que celui qui a payé pour étudier ne doit pas à son tour enseigner aux autres en réclamant un salaire.

Les auteurs du Tossefot (ibid.) s'interrogent sur l'habitude généralisée à leur époque (Moyen-âge), voulant que les enseignants de Torah se fassent systématiquement rémunérer. Ils donnent trois réponses :

1) Le temps passé à l'enseignement nécessite de diminuer ses occupations professionnelles, ce qui occasionne un manque à gagner.

2) Lorsqu'il s'agit d'enseigner aux enfants, il y a également une notion de "garde" : on paye l'enseignant pour s'en occuper.

3) Lorsqu'il s'agit d'apprendre la lecture de la Torah, il n'y a pas d'interdit, car le Talmud mentionne uniquement l'étude, c'est-à-dire l'étude de la Torah orale.

Le Choul'han 'Aroukh (Yoré Déa 246, 5) reprend comme règle générale le postulat talmudique (on doit enseigner gratuitement, mais celui qui ne trouve pas d'enseignant doit proposer de payer pour apprendre); puis fait état de la coutume admise, en reprenant la première raison mentionnée par Tossefot : "De nos jours, il est permis de suivre l'habitude d'enseigner en échange d'un salaire, si [l'enseignant] n'a pas d'autres sources de revenus. De plus, même s'il en a et qu'il subit un manque à gagner évident en mettant de côté ses occupations professionnelles, cela est permis".

Le 'Aroukh Hachoul'han (Yoré Déa 246, 18) précise que si l'on était resté à la règle de l'enseignement gratuit "la Torah aurait déjà été oubliée en Israël".

On peut également ajouter que de nos jours, il est normal de payer pour tout : un coach pour le sport, un professeur pour du soutien scolaire, un professeur de piano, etc. Or, l'argent que l'on investit dans ces occupations démontre l'intérêt qu'on y porte. Aussi le fait de faire payer les cours de Torah permet de montrer qu'il s'agit d'un enseignement important, méritant que l'on s'y investisse financièrement.

En conclusion, bien qu'il soit préférable d'enseigner gratuitement dans l'unique objectif d'apprendre la Torah aux autres ; il est permis de se faire rémunérer, notamment lorsque l'enseignement est l'unique source de revenus, ou que le temps passé à enseigner provoque un manque à gagner.

Quant à celui qui fait appel à un enseignant, mieux vaut proposer une participation financière afin de montrer la considération portée à la Torah. Si l'enseignant rentre dans le cas prévu par le Choul'han 'Aroukh, il peut l'accepter car il s'agit de sa Parnassa. Mais même s'il refuse, il sera bon de garder la somme prévue et la donner aux Yéchivot, Collelim, et toutes institutions diffusant la Torah.

Kol Touv.

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