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Remercier en souffrant ?!

Rédigé le Mercredi 16 Mars 2022
La question de Rachel B.

Bonjour Rav,

Ma question concerne le fait de dire merci à chaque chose qu'Hachem nous envoie.

1. Ce que l'on appelle le Yétser Hara' (mauvais penchant) est bien l'inclination au mal ? S'il n'y a pas de mauvais dans le monde, pourquoi avoir donné ce nom-là ?

2. Le fait de dire merci pour chaque chose ne serait pas une manière de flageller ses sentiments ? Quand une épreuve arrive, je suis dans l’incapacité de voir le bien car je souffre, et le fait de dire "merci" me frustre énormément. Je n'ai pas l'impression d'être honnête envers Hachem.

3. Le fait de penser de cette manière : lorsqu'on voit quelqu'un souffrir, on lui sort la carte joker de "Hakol Létova". Ce manque d'empathie ne soulage en rien la personne ; au contraire, cela peut l'amener à de indifférence à force d'entendre la même chose. Si "Hakol Létova", comment peut-on soulager une personne qui souffre ?

On voyait bien le Rav 'Ovadia, le Rabbi de Loubavitch pleurer avec la personne qui souffrait. Comment expliquer cela ?

Merci pour votre réponse.

La réponse de Rav Emmanuel BOUKOBZA
Rav Emmanuel BOUKOBZA
350 réponses

Chalom,

Concernant votre première question : le Yétser Hara' se nomme ainsi car il pousse l'homme à la faute. Certes dans l'absolu, vous avez raison, le mal n'existe pas puisque tout provient d'Hachem, y compris la création du Yétser Hara'. Cependant, dans la mesure où la plupart des humains cèdent aux mauvaises tentations et s'éloignent d'Hachem, au lieu de surmonter leur Yétser Hara', son appellation est justifiée.

Pour ce qui concerne les points 2 & 3 évoqués dans votre question, il faut distinguer deux pôles bien distincts : le travail d'Emouna qu'une personne doit entreprendre face à ses propres épreuves et l'empathie qu'elle doit manifester envers autrui lorsque celui est confronté à des épreuves. 

Lorsqu'une personne est confrontée à des épreuves, elle doit entreprendre un long et minutieux travail d'Emouna pour comprendre que tout vient d'Hachem et que, même si présentement, elle n'est pas en mesure de percevoir le bien dissimulé derrière ses souffrances, ce qu'elle vit vise son bien le plus absolu. C'est même, selon Rav Chalom Arouch, la meilleure chose qui puisse lui arriver ! 

Certes, nous ne sommes pas toujours en mesure de le comprendre. Notre intellect est limité tandis que les desseins d'Hachem sont infiniment sages. Seul Lui connait le parcours de notre Néchama et les réparations que celle-ci doit effectuer - en bref, nous ne voyons qu'une petite partie d'un ensemble infiniment plus grand. Cela ressemble à un parent qui inflige une certaine restriction ou un certain châtiment à son enfant - même si l'enfant n'est pas en mesure de sonder l'intention profonde de son parent et qu'il a l'impression qu'on le brime sans raison, il est évident que le parent agit pour le bien de son enfant. C'est la raison pour laquelle, face à l'épreuve, nous sommes tenus de travailler notre foi en Hachem et Le remercier pour ce que nous vivons. Certes, cela n'est pas chose facile et ne se fera pas du jour au lendemain. Cela exige un travail minutieux de rapprochement envers Hachem. Mais si vous êtes sincère dans votre démarche, D.ieu vous aidera même à Le remercier ! Je vous conseille vivement de vous procurer les livres "Le jardin de la foi" et "Les portes du remerciement" du Rav Chalom Arouch qui traitent en profondeur de ces sujets.

Une fois cette idée posée, vous avez tout à fait raison lorsque vous trouvez anormal que certains rassurent les autres en leur lançant à tout bout de champ "Hakol Létova", attitude qui peut s'apparenter à un manque d'empathie et n'est pas acceptable. Comme vous le soulignez, les Tsadikim, lorsqu'on vient leur confier nos soucis, font preuve d'empathie et de compassion et c'est aussi l'attitude que nous devons avoir avec autrui. En effet, bien souvent, lorsqu'une personne nous confie ses problèmes, elle est avant tout en quête d'écoute et de compréhension. C'est donc cela qui est exigé de nous. Le fait de manifester de l'empathie ne contredit en rien le fait de savoir que "Hakol Létova". 

Kol Touv.

Mékorot / Sources : Rav Chalom Arouch.
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