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Regarder la télé, permis ?

Rédigé le Jeudi 24 Novembre 2016
La question de Jonas M.

Bonjour Rav,

Est-il permis de regarder la télé en temps normal ?

J'ai entendu que c'était interdit, est-ce vrai ?

Merci Rav.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40281 réponses

Bonjour,

Si la télévision est éteinte

Il est permis de la regarder.

Si la télévision est allumée

Il est strictement interdit de la regarder.

Cette question a été posée à plusieurs grands décisionnaires dans les cinquante années passées.

Rav Ovadia Yossef dans Yabi'a Omer, volume 6, Ora'h 'Haïm, question 12.

Rav 'Haïm David Halévi dans 'Assé Lékha Rav [responsa], volume 1, question  63,

Rav 'Haïm David Halévi dans 'Assé Lékha Rav [responsa], volume 4, question  47,

Béér Moché [responsa], volume 4, question 147, passage 22,

Rav Moché Feïnsteïn dans Iguerot Moché, Yoré Déa, volume 2, question 130,

Rav Wozner dans Chévet Halévi, volume 7, question 155, passage 2.

Voir également Rambam, Hilkhot 'Avoda Zara, chapitre 2, Halakha 3,

Choul'han 'Aroukh, chapitre 307, Halakha 16.

Yalkout Yossef, Otsar Dinim Laïcha Vélabat, chapitre 60, passage 15.

Voici un bref exposé de ce qui apparaît dans leur développement :

Dans la Torah, il y a 613 Mitsvot. Voir Talmud Makot 23b.

L'une de ces Mitsvot est la suivante :

"Vous ne vous laisserez pas entraîner après votre cœur et vos yeux, qui vous entraînent à l'infidélité et à la faute" - Bamidbar, chapitre 15, verset 39.

Cette Mitsva s'applique en tout temps, aux hommes comme aux femmes et aux enfants.

Elle a une importance fondamentale. Elle nous interdit de nous laisser aller à des pensées immorales, et nous recommande de toujours garder notre esprit pur de notions interdites.

Oui, cela est l'une des 613 Mitsvot de la Torah !

Le Rambam, en rapportant ce qui est écrit dans Vayikra 19, 4 explique : " Ne vous tournez pas vers ce qui vient de votre pensée, n'écartez pas D. de votre pensée".

A ce sujet, voir Rav Munk sur Vayikra 19, 4.

Il est interdit de laisser s'infiltrer dans notre esprit par quelque média que ce soit, des pensées susceptibles de conduire à la faute et à l'immoralité [Cinéma, internet, livres, journaux, magazines, télévision, etc.].

L'idée même du péché est citée dans la Torah comme une faute véritable. Voir Brakhot 12b.

Le verset dit : "Mon fils, donne-Moi ton cœur et que tes yeux gardent Mes voies" [Michlé 23, 26].

Le roi Chlomo s'adresse à l'ensemble du peuple juif. Il lui recommande de consacrer ses pensées et ses yeux à Hachem, car les uns comme les autres peuvent nous inciter à fauter.

Aussi longtemps que l'on permet à son intellect de se nourrir d'images et de désirs qui sont en contradictions ave  la Torah, on transgresse de graves interdits et on ne peut parvenir à des pensées pures et vraies.

Le cœur ne peut être réceptif aux paroles d'Hachem tant qu'il reste le siège d'une imagination perverse.

D'où l'interdiction d'aller au cinéma, de regarder la télévision, ou de surfer sur internet d'une manière incontrôlée.

La nature humaine est faible et nombreux sont ceux qui, à travers l'histoire, ont cru pouvoir rester maîtres de leur pensées et de leurs désirs, mais ont fini par fauter et s'éloigner du vrai bonheur.

Rabbi Israël Meir Hacohen, le 'Hafets 'Haïm, écrit : "La Torah ne peut pénétrer dans le cœur de celui qui nourrit des pensées pécheresses. Néanmoins, il ne doit pas perdre courage s'il ne parvient pas à purifier complètement ses pensées. Celui qui veut se purifier reçoit une aide divine. Tant qu'il désire et essaie de déraciner de son cœur les mauvaises pensées, il reçoit l'assistance d'Hachem pour atteindre son but".

Le verset dit : "Qu'ils respectent mon observance et ne s'exposent pas, à cause d'elle, à un péché, car ils mourraient pour l'avoir violée..." (Vayikra 22, 9).

Nos Sages déduisent de ce verset qu'une mise en garde est adressée aux autorités de chaque génération afin qu'elles prennent les mesures nécessaires pour que des transgressions ne soient pas commises. Les autorités rabbiniques ont le devoir et l'obligation d'ériger une "haie protectrice autour de chaque Mitsva", pour éloigner les hommes du péché et pour leur faire prendre conscience de la gravité des interdictions.

Il est certain que les Sages de toutes les générations, et ce, jusqu'à Avraham Avinou, en passant par Moché Rabbénou, auraient frappé d'interdit le fait d'aller au cinéma, de regarder la télévision ou de surfer sur internet et pas uniquement en tant que barrières, mais en tant qu'Avéra des plus graves.

Le roi David écrit : "La Torah de Hachem est parfaite, elle réconforte l'âme. Les préceptes de Hachem sont droits, ils réjouissent le cœur. Les commandements de l'Eternel sont lumineux, ils éclairent les yeux. Les jugements de l'Eternel sont vérité, ils sont parfaits. Plus désirables que l'or, que beaucoup d'or fin, plus doux que le miel" ? [Psaume 19, versets 8-11].

Tous les enthousiasmes, agréments, ou révélations que l'on pourrait trouver dans les médias interdits sont également accessibles par notre sainte Torah.

On devrait relever le défi de s'élever jusqu'a n'être touché que par d'authentiques œuvres de Torah.

Il y a encore énormément d'arguments à avancer mais je n'ose plus allonger dans le développement de cette réponse car cela pourrait laisser entendre que l'interdiction nécessite d'être prouvée.

Cette réponse reprend succinctement des idées mentionnées dans Le 'Houmach édité aux éditions Artscroll et dans le Midrach raconte.

Et dans un autre style [à propos d'internet] :

Parlons peu, parlons bien.

Nul n’ignore qu’internet est un outil extraordinaire, d’une grande utilité, incontestable.

Cependant, il faut le comparer à une ruche abritant des abeilles ou si vous préférez, à une belle rose à la senteur délicieuse et enivrante.

On peut y trouver du « miel » mais il suffit d’ignorer quelques règles de base ou de quelques secondes d’inattention pour se faire piquer.

L’explorateur négligent et imprévoyant, s’aventurant « en mer » d'une manière incontrôlée, s'expose à certains dangers, et les risques de se noyer ne feront qu'augmenter de jour en jour.

D’une manière générale :

Le monde qui nous entoure est comparé au fruit enveloppé d’une épluchure.

Le fruit doit être consommé, mais l’épluchure doit aboutir dans le récipient destiné à recevoir les déchets.

Un grand maître disait :

Alors que les agents de propreté [éboueurs] éloignent les déchets de la ville vers l’extérieur ; internet fait pénétrer toutes les ordures du monde dans nos foyers [matière à réflexion…].

Le Zohar nous explique :

Nous avons été créés pour nous éloigner du mal et choisir le bien.

C’est une mission délicate mais ce n’est pas une mission impossible.

Soyons, donc, vigilant et tenons-nous sur nos gardes.

Conclusion :

On doit dire à l’abeille : « Je ne veux ni de ton miel, ni de ton dard ».

Rachi sur Bamidbar, chapitre 22, verset 12.

Sinon, il faut s’équiper d’un matériel de qualité [filtres agréés par une autorité rabbinique], comme l’apiculteur.

En d’autres termes :

Votre question est :

« Est-il permis d'avoir internet d'après la loi stricte ? »

Réponse :

Non.

Avec filtre : oui.

En cas de besoin professionnel : s’adresser à un Rav.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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