Chalom Rav,
Comment se fait-il que Rabbi Yéhochou'a se vantait de connaître la sorcellerie et a utilisé des formules magiques pour se défendre contre l'hérétique, sachant que c'est 'Hayav Mita ?
Ensuite, l'hérétique dit qu'il peut faire comme Moché, et ouvre la mer. Puis, Rabbi Yéhochou'a demande à l'ange de la mer de refermer celle-ci sur l'hérétique.
D'où avait-il le droit de le mettre à mort, sachant qu'aucun Beth-Din ne s'est prononcé, et pourquoi l'avoir quand même tué alors que c'est Rabbi Yéhochou'a qui a demandé de le faire ?
Chalom Ouvrakha,
Vous devez certainement faire allusion à l'histoire rapportée dans le Yérouchalmi Sanhédrin chapitre 7-13.
Pour votre première question, il faut savoir qu'il est permis d'apprendre les méthodes de sorcellerie dans le but de pouvoir condamner ceux qui la pratiquent en cas de jugement, comme nous l'affirme le Hagaot Achri, traité Chabbath chapitre 7 - dans le Roch Siman 7.
Néanmoins, dans l'histoire racontée, il n'est pas dit que Rabbi Yéhochou’a s'est servi de sorcellerie pour punir l'hérétique, mais il s'est adressé à l'ange responsable de la mer et lui a demandé de refermer la mer ; il ne s’agit donc pas de sorcellerie mais d'un ordre donné à un ange.
Enfin, pour votre seconde question, ce n'est pas la première fois que nous retrouvons dans le Talmud des histoires semblables dans lesquelles certains Tanaïm ou Amoraïm condamnaient à mort sur place des hérétiques, et leur demande était aussitôt exaucée [voir Chabbath 33b et 34a, ainsi que Baba Batra 75a et le Maharcha sur place, ou Brakhot 58a et Sanhédrin 100a et Baba Kama 117a, ainsi que le Yérouchalmi Chvi’it chapitre 9 fin de Halakha 1, et Midrach Béréchit Rabba Parachat Vayichla’h 79, et Yalkout Chimoni Mélakhim 1-219 et Yéchayahou Rémez 478].
En effet, il ne s’agit pas de « tuer » quelqu'un, mais en constatant la gravité d'un comportement hérétique et ce que cela peut engendrer [voir Likouté Moharan Torah 98], le Rav émet un vœu que celui-ci soit tué, comme une prière (voir Ta’anit 24a), et c'est ainsi que nous l'expliquent formellement le Ramban dans Iguérèt Kodech chap. 5 et le Ménorat Hamaor chapitre 10 page 108.
C'est d'ailleurs la prière de « Laminim etc. Al Téhi Tikva » que nous prions dans la ‘Amida, et dans laquelle nous demandons à Hachem de nous débarrasser des hérétiques. Cet acte est tout à fait légitime et accepté, car même s’il est interdit de tuer quelqu'un en utilisant de la sorcellerie, on peut néanmoins prier pour que celui-ci disparaisse, comme nous l'expliquent le Rav ‘Hida dans son livre Dvach Léfi Ma’arékhèt Mèm [40] note 5, et ‘Hokhmat Aneha Parachat Vayigach, rapporté dans les responsas du Divré Yatsiv Ora’h ‘Haïm 105, et Bétsel Ha’hokhma tome 6-37, ainsi que le Kéhilat Ya’acov du Rav Kaniewsky dans le traité Baba Kama 45.
Bien entendu, cela est réalisé uniquement dans certains cas bien précis - voir Halakhot Ketanot tome 2-88, rapporté dans le Lev ‘Haïm tome 2-288, ainsi que Tsits Eliezer 7-24. Voir aussi traité ‘Avoda Zara 26b et Rambam Edout chapitre 11-10, et Hilkhot Rotséa’h 10-1, Choul’han Aroukh Yoré Déa 158-2. Consulter aussi le ‘Hazon Ich, Yoré Déa 13-16 et lettres du Rav Kouk responsa 15.
Kol Touv.