Bonjour Rav,
Qui a institué le Birkat Hamazone ?
Bonjour,
L'obligation de réciter le Birkat Hamazone est mentionnée dans la Torah - Dévarim, chapitre 8, verset 10.
La rédaction des différentes Brakhot du Birkat Hamazone a été réalisée par plusieurs grands de notre peuple.
Voir Talmud Brakhot 48b.
La première Brakha a été rédigée par Moché Rabbénou au moment où la Manne est descendue du ciel.
La seconde Brakha a été rédigée par Yéhochou'a, le successeur de Moché Rabbénou, au moment où il arriva en terre d’Israël avec tout le peuple. Voir Talmud Brakhot 48b et commentaire du Rachba.
La troisième Brakha a été rédigée par David Hamélèkh et son fils Chlomo Hamélèkh. Le texte que nous avons aujourd'hui est quelque peu différent du texte d'origine. Voir Talmud Brakhot 48b, Tour, début du chapitre 188 et Beth Yossef, début du chapitre 187.
La quatrième Brakha a été rédigée par Rabban Gamliel, qui était à la tête du tribunal qui siégeait à Yavné, à l’époque où les morts de la ville de Béthar ont pu être enterrés. Voir Talmud Brakhot 48b.
Pendant la révolte de Bar-Kokhba, des centaines de milliers de guerriers furent massacrés à la forteresse de Béthar. Adrien, l'Empereur romain, interdit de les enterrer. Leurs cadavres furent donc laissés à l'abandon dans les champs entourant cette ville, pendant plusieurs années.
Dans un Midrash, nos Sages décrivent la chose suivante : "Adrien possédait une grande vigne : 18 km de long sur 18 km de large (324 km2). Les cadavres des habitants de Béthar furent dispersés autour de cette vigne pour former une barrière, elle avait plus de 2 mètres de hauteur". Voir Midrash Rabba, Eikha, chapitre 2, passage Bila Hachem et commentaire du Matnot Kéhouna, passage Véhékifou Guader.
Quand la permission de les inhumer fut enfin accordée, nos Sages récitèrent la Brakha "Hatov Véhamétiv" et la joignirent à celles du Birkat Hamazone, parce qu'elles sont prononcées dans un sentiment de gratitude.
Hatov - "Tu es la source de toutes les bénédictions, Qui dans Ta bonté n'as pas laissé se putréfier les cadavres."
Véhamétiv - "Et dans Ta bienveillance pour tous, as permis qu'ils soient enterrés."
Certains commentateurs donnent à son inclusion à cette place précise la raison suivante : avec la destruction de Béthar [52 ans après la destruction du second Beth Hamikdach.], la gloire d'Israël tomba à son niveau le plus bas et elle ne se relèvera qu'à la venue du Machia'h, descendant de David. C'est pourquoi nous rattachons cette Brakha à la précédente - Boné Yérouchalayim -, où nous prions pour son prochain avènement. Cette liaison doit nous rappeler perpétuellement que l'avenir de notre destinée nationale dépend, en dernier ressort, de la seule volonté divine.
Cependant, le fait que les événements de Béthar donnèrent lieu à l'introduction de la Brakha spéciale "Hatov Véhamétiv", qui est celle devant être prononcée à certaines occasions joyeuses, demande des explications supplémentaires.
En voici une :
Il fut un temps, nous rappelle-t-on, où les Bné Israël étaient dans un état de misère si effroyable que la simple autorisation d'enterrer ses morts les transporta de gratitude pour cette "double bienveillance du Créateur". Et ceci arriva dans leur propre pays.
Le souvenir de ces temps tragiques fut perpétué dans la prière typique d'action de grâces, le Birkat Hamazone, pour servir d'exemple à ceux qui, mécontents ou déçus de ce que leurs désirs n'aient pas encore été exaucés, pensent ne pas être tenus d'exprimer leur gratitude à l'égard de la Providence.
Cette bénédiction vient alors nous rappeler le temps où nos pères étaient si profondément malheureux que la ["simple"] permission enfin obtenue d'enterrer leurs morts donna lieu à une expression d'ardente reconnaissance.
Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.