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Quelle est la véritable faute d'Adam et 'Hava ?

Rédigé le Dimanche 1er Novembre 2020
La question de Binyamin S.

Bonjour Rav,

Quelle est la véritable faute qu’ont commis Adam et 'Hava ?

A mon impression, la faute du fruit de l’arbre n'est qu’une image de la faute, mais j’aimerais comprendre la profondeur de la faute si c’est possible.

Merci pour votre attention.

La réponse de Rav Avraham GARCIA
Rav Avraham GARCIA
8184 réponses

Chalom Ouvrakha,

Vous avez tout à fait raison, il y a dans la Torah plusieurs niveaux de compréhension, et nous pouvons/devons, à notre niveau, approfondir ces "événements" pleins de richesses cachées.

Le "fruit du pêché" est, comme vous le soulignez, un symbole, mais lequel ?

Il y a bien sûr une multitude d'explications, et nous allons nous contenter pour cette fois de la suivante.

Le fruit était [selon un avis, dans Béréchit Rabba 15-7, Pisska de Rav Kahana Halakha 20] le Etrog [le fruit de cédrat].

Le Ramban [Parachat Emor 23-40] nous explique que ce fruit [qui symbolise aussi le cœur] est le symbole de la force de l'envie, du désir, et la recherche du plaisir, et c'est ce même "fruit" qui est la cause de nos fautes [voir aussi Midrach Vayikra Rabba chapitre 30-14, et Rachi Bamidbar 15-39].

Dans Chir Hachirim, nous pouvons constater que le symbole de l'amour ou du désir est décrit par la pomme [chapitre 2, verset 3 et chapitre 7, verset 9] et les Tossefot [Chabbath 88a, ainsi que Méguila 29b] nous expliquent qu'en fait, il n'est pas question d'une pomme, mais du Etrog [c'est peut-être la source de l'erreur de croire que le fruit du péché était une pomme].

Cette force de désir est tellement puissante qu'elle est capable de l'emporter sur la raison, jusqu'au prix, parfois même, de la vie [la cigarette, le sucre, l'alcool, etc.] !

C'est ce que nous explique le Néfech Ha'haïm [chapitre 6 dans sa notation], que le mal avant la faute était à l'extérieur de l'être, et l'homme pouvait discerner de manière claire entre le vrai et le faux, le mal et le bien. Imaginons une personne assoiffée qui a la possibilité de boire de l'eau de javel ; elle ne la boira pas, quitte à mourir de soif.

Mais, après la faute, le Yétser Hara' [mauvais penchant] a réussi à pénétrer l'être à un tel niveau de confusion qu'il était incapable de discerner entre le bien et le mal [voir Roua'h 'Haïm sur Avot chapitre 3-3, Moré Névoukhim tome 1, chapitre 2].

C'est ce que nous explique l'un des élèves du Rachba, le Ri Ben Chouyv, dans son commentaire sur Béréchit, que D.ieu a interdit à l'homme de consommer de ce fruit, car, en consommant ce fruit, la mort en suivra ["Tamout"], dans le sens où, désormais, l'homme, par ses pulsions, se laissera tomber dans la faute.

Le Zohar explique aussi [Béréchit page 27a], par le verset "le fruit de la connaissance du bien et du mal", que l'homme a deux penchants, un bon et un mauvais.

Cette explication est étonnante, puisque, juste avant, le Zohar nous écrit ce qui semble bien évident, que l'homme avait déjà le libre arbitre entre le bien et le mal, puisque D.ieu lui ordonne de ne pas manger le fruit, et il le punira plus tard sur son mauvais choix, il est donc clair que l'homme avait déjà le libre arbitre avant de consommer de ce fruit, alors qu'y a-t-il de plus dans ce fruit ? [Voir Rachi Yéch'aya 5-2 dans sa deuxième explication, et Ramban Béréchit 2-9].

A la lueur de ce que nous venons d'expliquer, la réponse sera la suivante : l'homme avait, certes, le choix dès le premier jour de sa création, mais le mal, l'envie et le désir étaient extérieur à lui, mais [nous explique le Zohar] la consommation du Etrog doublera la puissance du combat entre le bien et le mal.

Aussi, n'oublions pas que la faute a été proposée par le serpent, et nos Sages expliquent [Sforno Béréchit chapitre 3 et autres] qu'il s'agit de la force d'imagination [Dimayone].

Le Yétser Hara' agit sur notre perception, en faussant la réalité [voir Moré Névoukim tome 2, chapitre 30]. D'ailleurs, le mot "Na'hach" ["serpent"] vient de la racine "Ména'hèch" ["sorcier"], celui qui fait croire des choses qui n'existent pas. Dans ce fruit, se cache cette force imaginative, qui est capable de nous faire ressentir des choses, qui ne sont pourtant pas réelles.

Et c'est là où se trouve l'erreur de l'homme, la faute d'Adam.

Il a cru qu'en mangeant ce fruit, il serait capable de surmonter le Yétser Hara' avec plus de force, "doubler la mise", créer un combat plus fort encore, une sorte de "quitte ou double". Il pensait ainsi sanctifier le nom de D.ieu en réussissant à se surmonter, et soumettre les forces du mal au service Divin [voir Mikhtav Méeliahou du Rav Dessler tome 1, page 112, et tome 2, page 138]. Mais il n'a pas réalisé qu'il allait aussi entrainer la chute de son niveau spirituel d'origine.

Aussi, mis à part l'erreur "d'évaluation" qu'a commis Adam, il se cache dans ce comportement une forme de non soumission à la volonté Divine [voir Maharal de Prague dans son livre Dérèkh Ha'haïm chapitre 3-15], car, même si nos projets semblent être bons, à partir du moment où D.ieu nous interdit de les réaliser, nous devons nous soumettre à Sa volonté. 

Malheureusement, après cette grave et tragique erreur, Adam a compris qu'il n'était plus le même. Désormais, la vérité sera voilée, il sera embrouillé, et il aura du mal à respecter ses convictions, il sera attiré par des tendances imaginatives. Il devra même couvrir sa nudité, pour ne pas être dévié dans son rapport avec son entourage.

Selon certains [Rabbi Méir dans Brakhot 40a], le fruit du pêché était le raisin, car le désir a la faculté de rendre l'homme "ivre" !

Enfin, selon un autre avis, le fruit était une figue [Brakhot 40a]. La figue symbolise le plaisir des douceurs, des sucreries, des bienfaits matériels que le monde nous offre, comme l'explique le Rav Its'hak Arama dans sons livre 'Akédat Its'hak [Parachat Chémini Cha'ar 60, voir aussi Pri Tsadik 'Hanouka, note 21].

Aussi, selon d'autres [Rabbi Yéhouda], le fruit du pêché était le blé, le Rav Tsadok Hacohen, dans son livre "Israël Kedochim", note 7, nous explique que c'est le symbole de la survie. L'homme a un instinct de survie qui le rend égocentrique quelque part, et donc, l'homme, pour assouvir ses besoins, va oublier autrui et, par là, même ses devoirs. En décidant de consommer le fruit du péché avec la conviction d'agrandir "sa" force de choix, Adam a affirmé par là son "moi", il a voulu grandir spirituellement, certes, mais il n'en reste pas moins qu'il a repoussé la volonté d'Hachem.

Le Zohar [Tikoun 24 et Zohar 'Hadach tome 2, page 77b] affirme que tous les avis susmentionnés concernant le fruit en question sont exacts, tout le monde a raison ! C'était un Etrog, et à la fois du blé, et aussi une figue, et du raisin.

Je devrais continuer dans ce sens pour expliquer la faute d'Adam, mais dans le cadre de cette réponse, je suis contraint de m'arrêter là, en espérant avoir réussi à vous donner un début de compréhension dans ces Parachiot tellement profondes. Si vous le voulez bien, regardez l'explication du Alchikh sur Béréchit 2, qui explique lui aussi, à sa manière, les symboles du Etrog, du blé, de la figue et du raisin.

Conclusion : la faute de l'homme était de vouloir agrandir ses possibilités de choix, pour se soumettre encore plus à Hachem.

Voilà aussi pourquoi, malgré sa Téchouva [Erouvin 18b], l'homme n'a pu retrouver son statut et il n'est plus jamais rentré dans le Gan Eden, car, même si sa faute fut pardonnée, il est devenu un autre être [Pri Tsadik tome 1 pages 7 et 8].

Kol Touv.

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