Bonjour Rav,
J'aimerais comprendre quel mérite peut-on attribuer à une personne pour son amour pour la Torah ?
Deux personnes peuvent avoir deux vies complètement différentes; une remplie de Torah et l'autre normale. Mais celle qui est remplie de Torah l'a fait parce qu'elle ressent en elle un amour profond pour la Torah dont elle n'a fait aucun effort pour l'avoir, car c'est innée en elle, et pourtant sa récompense est énorme !
Tandis que l'autre n'a pas fait moins d'effort, mais elle ne ressent rien pour la Torah, sa vie en est donc conséquente... et sa récompense aussi...
Peut-on juger cette personne pour cet Amour Saint (ou pas) qui ne vient pas d'elle mais est un cadeau du Ciel ? Ou alors, a-t-elle mérité ce sentiment ?
J’espère que vous avez compris ma question.
Merci Torah-Box et tous les Rabbanim.
Bonjour,
La réponse à votre question se trouve dans plusieurs endroits des écrits de nos Sages.
Ce qu'il faut retenir est ce qui suit :
Hachem, le Maître du monde, ne prend pas uniquement en considération le but atteint.
Il considère essentiellement le chemin parcouru et les efforts fournis pour y arriver.
Si l'être humain parvient au sommet, tant mieux. Sinon, les efforts fournis sont considérés au même titre qu'une Mitsva accomplie.
Dans le Talmud et les Midrashim, il y a des dizaines d'histoires illustrant cette idée.
L'une d'entre elles : El'azar ben Dordaya qui, durant, toute sa vie ne cessa de commettre les plus graves fautes. Nos Sages disent : "Il ne laissa aucune faute de côté".
Lorsqu'il apprit que sa part dans le monde futur était perdue, il pleura avec tellement de chagrin qu'une voix du ciel retentit et annonça : "Rabbi El'azar ben Dordaya est invité à rejoindre le 'Olam Haba !" Voir Talmud 'Avoda Zara 17a.
Nos Sages disent : "Tu n'as pas l'obligation de terminer ton travail, mais tu n'es pas exempté d'y investir des efforts". Voir Pirké Avot, chapitre 2, Michna 16.
Vous écrivez :
"Peut-on juger cette personne pour cet Amour Saint (ou pas) qui ne vient pas d'elle mais est un cadeau du Ciel ?"
Réponse :
Comme nous l'avons mentionné précédemment, il est évident qu'une telle personne sera jugée uniquement en fonction des efforts qu'elle a fourni pour avancer encore plus haut et plus loin que la place qui lui a été "offerte" à sa naissance.
Attention :
Il n'est pas possible de juger qui que ce soit.
Le Rav Its'hak Hutner écrit à propos du 'Hafets 'Haïm : "Pensez-vous que le 'Hafets 'Haïm n'avait pas l'envie de dire du Lachone Hara' ?
Croyez-vous que le 'Hafets 'Haïm est venu au monde sans Yétser Hara' et sans l'envie de parler ?
Le 'Hafets 'Haïm a durement lutté contre son Yétser Hara'."
Le verset dit : "Le Tsaddik tombe sept fois et se relève". Michlé, chapitre 24, verset 16.
C'est uniquement après de longues années qu'il atteint son haut niveau qui lui fit valoir sa réputation sur terre et dans le ciel !
L'être humain n'est qualifié de Tsaddik que lorsqu'il tombe et, quand bien même, il fait les efforts de se relever, sans se décourager.
Le Tsaddik peut tomber !
Mais, ce qui compte, ce sont les efforts qu'il fournira pour reprendre son chemin !
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.