Chalom Rav,
Dans Brakhot 1, page 18b, on mentionne "la Yéchiva céleste".
Pourriez-vous m’en apprendre plus à ce sujet ?
Bonjour,
Le sujet concernant la Yéchiva Céleste, Métivta Déraki'a, est un des concepts fondamentaux du judaïsme. Cette notion se trouve partout dans le Talmud, le Zohar et le Midrash, elle est énoncée comme une sphère suprême réservée au juif, suite à sa préparation pour y accéder durant son passage dans ce monde-ci (hommes comme femmes, puisque nous ne parlons plus que d'âme dans cette dimension...).
Pour illustrer cette réalité ésotérique, le Talmud image ainsi : "Rav avait coutume de dire : le monde à venir ne ressemble pas à ce monde-ci. Dans le monde à venir, il n'y a ni à manger, ni à boire, ni reproduction, ni commerce, il n'y a pas non plus de jalousie, ni de haine, ni de compétition, mais seulement les Justes assis, leurs couronnes sur leurs têtes se délectant de la splendeur céleste, c’est ce à quoi le verset fait allusion lorsqu'il dit : "Après avoir joui de la vision Divine" (Exode 24 :11)."
Quelle est cette splendeur Divine dont parle la Torah ?
Il s’agit d’une lumière spirituelle, la lumière originelle contenue dans la Torah, comme le dit le Méssilat Yécharim dans le chapitre sur l’engagement de l’homme : "Nos Maîtres expliquent à propos de la lumière originelle réservée aux justes : "Dès qu’Il contempla la lumière qu’Il conserva à l’intention des justes, Il se réjouit, comme il est écrit : "La lumière des Justes le réjouit" ('Haguiga 12 sur Proverbes 13,9)"."
Cette lumière d’essence Divine - qu’on apparente à l’éclat de la splendeur Divine - est cachée dans la Torah habillée de la réalité matérielle que sont les 613 Mitsvot et leur étude. C’est elle dont nous jouiront dans la Yéchiva Céleste.
Cependant, si certaines sources nous donnent l’impression que cette délectation est passive, telle une contemplation, d’autres nous indiquent plus précisément que ce ravissement ne se fera pas sans effort spirituel. Comme le dit le Talmud dans Brakhot (page 64) : "Rabbi 'Hiya fils de Achi a dit au nom de Rav : Les érudits n’ont de repos ni dans ce monde-ci, ni dans le monde à venir, comme il est dit : « Ils s’avancent avec une force toujours croissante, pour paraître devant D.ieu à Sion. » (Psaumes 84 :8)"
Nous parlons de cet effort spirituel qu’on fournit dans la Yéchiva Céleste dans Makot (page 11), lorsque Moché pria pour que Yéhouda, fils de Ya'acov, puisse rentrer dans la Métivta Déraki'a, la Yéchiva céleste de laquelle il s’était lui-même excommunié (voir sur place). En tout cas, après que D.ieu eut concédé à la requête de Moché et que l’entrée de la Yéchiva Céleste n’était alors plus défendue à Yéhouda, la Guémara nous dit qu’il ne s’avait pas débattre de la façon adéquate concernant les sujets traités dans cette Yéchiva. Moché pria encore et cette aptitude lui fut conférée. Puis, la Guémara nous dit qu’il ne parvenait pas à résoudre les problématiques, et, là encore, Moché pria et il y parvint.
Nous voyons de là que, dans cette Yéchiva Céleste, il n’est pas question de repos, mais de débat et d’approfondissement des sujets, comme dans les Yéchivot terrestres.
Quel est le sujet traité dans cette Yéchiva et comment s’y prépare-t-on ?
Le Zohar (Michpatim page 124, rapporté aussi par le Néfech Ha'haïm 4ème portique, chapitre 19) dit : « Tout celui qui garderait les voies de la Torah et s’y adonnerait est considéré comme s'il s’adonnait à l’étude des Nom Divins, car, comme nous le savons, la Torah toute entière est l’expression des Nom Divins. »
Pareil pour le Ramban (Na'hmanide) (Drachat Torat Hachem) qui dit : « La Torah est remplie de notions extrêmement profondes, car elle représente les Noms de D.ieu… »
Le Radbaz, dans un de ses responsas, explique que la raison pour laquelle la Torah n’est pas ponctuée tient du fait qu’elle contient en elle d’innombrable sens cachés, qui sont de quintessence Divine, dont les secrets ne sont pas révélés totalement dans ce monde-ci. Par cela, il explique du même coup la Guémara dans Chabbath (page 88) où les anges ne voulurent pas donner la Torah à Moché. Il dit : « Ils (les anges) lisent la Torah selon une lecture spirituelle, sans interruptions entre les mots, comme se présentent les Noms Divins, et D.ieu leur fit savoir qu’il y a une autre lecture à Sa Torah - matérielle -, énonçant des lois de pureté et d’impureté, etc. »
Nombreuses sont les sources qui parlent de cet aspect suprême de la Torah, celui qui, vraisemblablement, s’étudie dans la Yéchiva Céleste.
Comment se prépare-t-on à cette étude toute particulière ?
Tout simplement, en étudiant la Torah, c’est par son étude dite "matérielle" que l’homme acquière les outils nécessaires à l’approfondissement de la Torah étudiée dans la Yéchiva Céleste. La Torah, telle que nous l’étudions ici, est la représentativité de la lumière Divine contenue dans les sphères célestes des dimensions élevées. Dans la Yéchiva du monde à venir, nous approfondirons tous les sujets de la Torah et nous nous délecterons de cette étude au côté de l’Eternel, qui nous dévoilera les secrets cachés de Son trésor.
Comme le Talmud le dit (Baba Batra page 11) : « Heureux l’homme qui vient ici (dans le monde à venir) avec son étude en main », c’est-à-dire qu’il n’y a pas de meilleure préparation que l’étude de la Torah elle-même pour être en mesure d’approfondir et se délecter de la lumière de la Torah dans le monde à venir.
Kol Touv.