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Puni pour les actes et non les pensées ?!

Rédigé le Mercredi 14 Juin 2017
La question de Ouriel P.

Chalom Kvod Harabbanim,

J'ai appris que la Torah ne condamne que les actes et non les pensées.

Est-ce vrai ?

Merci beaucoup.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40358 réponses

Bonjour,

La Torah ne condamne pas uniquement les actes.

Il est vrai que la plupart des transgressions ne sont possibles que par le biais d’une action, mais il y en a de nombreuses où la pensée est le lieu même du péché.

La Torah est un ensemble de commandements [Mitsvot] que l’on doit accomplir, soit par le biais d’une action [parole, geste, comportement, etc.], soit par le biais d’une pensée. Si l’on manque à son devoir, c’est une faute.

Parfois, le simple fait de ressentir une peur peut être considéré comme une faute, car, naturellement, nous devrions être à la hauteur de pouvoir ressentir la présence d’Hachem dans le moindre espace de ce monde - si ce n’est pas le cas, c’est que nous nous sommes éloignés de Lui...

Voir : Dévarim, chapitre 8, verset 11.

C’est un très haut niveau, certes, mais nous voyons bien qu’il est possible de « fauter » en pensée.

Vous écrivez : « J'ai appris que la Torah ne condamne que les actes et non les pensées. Est-ce vrai ? ».

Apparemment, l’intention de votre interlocuteur était la suivante : une personne ayant voulu fauter [dire du mal de l’autre, par exemple], mais, pour une raison ou une autre, son souhait ne s’est pas réalisé, ne sera pas puni par le Maître du monde.

Ceci est vrai, mais pas dans tous les cas. Voir plus bas - Troisième exemple.

Ci-dessous, quelques exemples à propos de votre question.

Premier exemple :

Une personne croyant consommer de la viande de porc alors qu’en réalité, il s’agit d’une viande Cachère. Même si la faute présumée n’a pas été commise, le « pécheur » doit réparer sa mauvaise intention, prier et agir pour obtenir un pardon.

Voir Rachi sur Bamidbar, chapitre 30, verset 6, Talmud Kiddouchine 81b et Rambam, Hilkhot Nédarim, chapitre 12, Halakha 18.

Second exemple

L’orgueil est un péché qui se transgresse, uniquement, en pensée.

Les actions accessoires ne sont qu’une manière d’extérioriser les pensées en questions.

Voir : Dévarim, chapitre 8, verset 14 et Encyclopédia Talmudit, volume 5, pages 37-42.

Troisième exemple

Dans le Talmud Kiddouchine 39b et 40a, Talmud ‘Houlin 142a ainsi que dans de très nombreuses autres sources, il est dit qu’Hachem - le Maître du monde ne considère pas la pensée comme étant une faute si elle n’a pas été traduite en action [et dans certains cas, il faudra obtenir un pardon pour faire disparaître une telle tache], sauf s’il s’agit de pensées remettant en question Son pouvoir ou Son existence.

Quatrième exemple

L'une des 613 Mitsvot est la suivante :

« Vous ne vous laisserez pas entraîner après votre cœur et vos yeux, qui vous entraînent à l'infidélité et à la faute » - Bamidbar, chapitre 15, verset 39.

Cette Mitsva s'applique en tout temps, aux hommes comme aux femmes et aux enfants.

Elle a une importance fondamentale. Elle nous interdit de nous laisser aller à des pensées immorales, et nous recommande de toujours garder notre esprit pur de notions interdites.

Oui, cela est l'une des 613 Mitsvot de la Torah !

Le Rambam, en rapportant ce qui est écrit dans Vayikra chapitre 19, verset 4, explique :

« Ne vous tournez pas vers ce qui vient de votre pensée, n'écartez pas D.ieu de votre pensée ».

A ce sujet, voir Rav Munk sur Vayikra chapitre 19, verset 4.

Il est interdit de laisser s'infiltrer dans notre esprit, par quelque média que ce soit, des pensées susceptibles de conduire à la faute et à l'immoralité [cinéma, internet, livres, journaux, magazines, télévision, etc.].

L'idée même du péché est citée dans la Torah comme une faute véritable. Voir Brakhot 12b.

Le verset dit : « Mon fils, donne-Moi ton cœur et que tes yeux gardent Mes voies ». [Michlé 23, 26].

Le roi Chlomo s'adresse à l'ensemble du peuple juif. Il lui recommande de consacrer ses pensées et ses yeux à Hachem, car les uns comme les autres peuvent nous inciter à fauter.

Aussi longtemps que l'on permet à son intellect de se nourrir d'images et de désirs qui sont en contradictions avec la Torah, on transgresse de graves interdits et on ne peut parvenir à des pensées pures et vraies.

Le cœur ne peut être réceptif aux paroles d'Hachem tant qu'il reste le siège d'une imagination perverse.

D'où l'interdiction d'aller au cinéma, de regarder la télévision, ou de surfer sur internet d'une manière incontrôlée.

La nature humaine est faible et nombreux sont ceux qui, à travers l'histoire, ont cru pouvoir rester maîtres de leur pensées et de leurs désirs, mais ont fini par fauter et s'éloigner du vrai bonheur.

Rabbi Israël Meir Hacohen, le 'Hafets 'Haïm, écrit :

« La Torah ne peut pénétrer dans le cœur de celui qui nourrit des pensées pécheresses. Néanmoins, il ne doit pas perdre courage s'il ne parvient pas à purifier complètement ses pensées. Celui qui veut se purifier reçoit une aide divine. Tant qu'il désire et essaie de déraciner de son cœur les mauvaises pensées, il reçoit l'assistance d'Hachem pour atteindre son but ».

Tout n’a pas été dit à ce sujet.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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