Chalom Rav,
Dire "Si tu me répètes cela, je te promets que je ne ferai pas cela", est-ce considéré comme un serment, même si l’on a employé le terme de "promettre" et non celui de "jurer" ?
Merci pour votre réponse.
Chalom,
Dans l'optique de la Torah, le principe du "serment" est de prendre un engagement en prenant Hachem à témoin (1). Le Choul'han 'Aroukh stipule que le fait de dire : "Je jure de faire telle chose, ou de ne pas faire telle chose", est considéré comme un serment, bien que le Nom d'Hachem ne soit pas prononcé (2). Le Rama précise qu'il en va de même si cette phrase est prononcée en langue étrangère (3). En français, le mot "jurer" signifie que l'on prend un engagement devant témoins (4). Aussi lorsqu'un juif "jure", il va de soi qu'il prend Hachem en témoin pour cela.
En revanche, le mot "promettre" signifie simplement : "s'engager à faire quelque chose" (5). Il n'y a pas ici l'idée d'associer une tierce partie à cet engagement.
Par conséquent, dire "je jure" implique un engagement double : vis-à-vis de la personne envers qui l'on s'engage et vis-à-vis d'Hachem. Il s'agit bien du "serment" mentionné par la Torah. A l'inverse, dire "je promets" implique uniquement un engagement vis-à-vis de notre interlocuteur. Il ne s'agit donc pas d'un "serment". Ainsi, pour répondre précisément à votre question, les deux expressions ne sont pas identiques : "promettre" n'est pas considéré comme "jurer".
Par ailleurs, il faut savoir que nos Sages s'expriment en termes très sévères envers ceux qui ne tiennent pas leurs serments, ou simplement qui jurent sans raison (6). De manière générale, il est fortement déconseillé de jurer, même si on a l'intention de respecter son serment (7). Ceci dit, même une "promesse" ne doit pas être faite à la légère, car toute parole a un caractère sacré (bien qu'Hachem ne soit pas pris en témoin). En effet, le verset annonce : "Si un homme prononce un vœu pour Hachem, ou fait un serment de s'interdire quelque chose à lui-même, il ne profanera pas sa parole; selon tout ce qui sort de sa bouche, il fera" (8). Et Rachi de préciser : "Il ne rendra pas sa parole profane". On remarque ici qu'il n'est pas question uniquement du "vœu" ou du "serment", mais de la "parole" de manière générale. C'est-à-dire que tout ce qui sort de notre bouche doit être sanctifié (9). Ce qui inclut évidemment les promesses à autrui.
Kol Touv.
Références
(1) Cf. Chémot 22, 10 et Mekhilta sur Ibid. ; Devarim 6, 13 ; Séfer Hamitsvot Mitsvat 'Assé 7 (2) Yoré Déa 237, 1 (3) Ibid. (4) Larousse (5) Ibid. (6) Cf. par exemple : Chevou'ot 21a et 39a ; Shabbat 33a (7) Cf. Chevou'ot 39a avec l'explication du Torah Temima sur Dévarim 6, 13, note 70 (8) Bamidbar 30, 3 (9) 'Houmach Rachi Hamévouar, éd. Oz Véhadar, commentaire sur Ibid., note 33.