Kvod Harav,
Pourquoi certaines synagogues ne font-elles pas la Téfila pour la paix de la France ?
Le texte est explicite, il n'est nulle question de louer la vacuité des régimes politiques ou leur faire obtenir une fructuosité dans leurs desseins, mais simplement (et cela est existentiel) d'y vivre en paix, tant sur le plan sécuritaire (qui peut se targuer aujourd'hui de se soustraire à pareille demande ?) que sur le plan financier, car, avoir cette prospérité y est également fondamental pour le service Divin.
Rabbi Hanina Hacohen (Pirké Avot chapitre 3, Michna 2) nous y enjoint, et, de surcroît, en nous le formulant à l'impératif ("Prie pour la paix de l'état").
Pourquoi certains l'omettent avec un dédain qui ne sied pas à un juif authentique ?
Ont-ils de meilleures raisons que Rabbi Hanina ? Lui, qui vivait en période de grand trouble, et qui, ipso facto, connaît l'importance d'un régime fort et prospère ?
Négliger une Brakha inscrite dans nos Sidourim n'est-il pas chose incongrue ?
Qu'Hakadoch Baroukh Hou vous bénisse.
Bonjour,
Vous avez parfaitement raison. Chaque mot de votre message vaut son pesant d’or. D’ailleurs, votre question est posée par certains de nos maîtres.
Voir Kol Hatorah, volume 64, pages 176-181.
Première raison
Il est à noter, cependant, que la prière pour la paix de l’état n’est mentionnée ni dans le Rambam ni dans le Choul’han ‘Aroukh mais uniquement dans les Pirké Avot.
Les décisionnaires en déduisent donc qu’il s’agit d’une permission, d’une coutume, ou d’une formule et d’un devoir de politesse, mais non d’une obligation. Voir ‘Aroukh Hachoul’han, chapitre 284.
Nous aurions pu penser qu’il est interdit de prier pour des non-juifs, auteurs de fautes [cf. Maguène Avraham, passage 1 sur Choul’han ‘Aroukh, chapitre 189], mais puisqu’il s’agit de notre bien être, Rabbi ‘Hanina Segan Hacohanim [Pirké Avot chapitre 3, Michna 2] nous le permet.
Seconde raison
L’institution de cette prière était en vigueur uniquement dans les grandes synagogues fréquentées par un grand nombre de fidèles, mais pas dans tous les lieux de prière, et, ce, pour bien montrer aux instances que nous pensons à eux et que nous sommes reconnaissants.
C’est d’ailleurs pourquoi on la récitait durant Chabbath, au milieu de la prière, lorsque l’officiant tenait le Séfer Torah en main.
Au fil des époques, cette prière disparait totalement et n’est récitée dans les synagogues que le jour de Yom Kippour.
Troisième raison
Dans la douzième bénédiction de la 'Amida, nous prions pour qu’Hachem fasse disparaître rapidement les impies et les « mauvaises herbes » parmi les politiciens.
Certains de nos maîtres affirment que c’est une manière de suivre le conseil de Rabbi ‘Hanina Segan Hacohanim mentionné dans Pirké Avot.
Quatrième raison
Au fil du temps, cette prière induisait en erreur certaines personnes.
Au lieu de limiter la compréhension du texte au bien physique du peuple juif [recherché par la paix de l’état] en vue de pouvoir s’adonner à l’étude de la Torah et à l’accomplissement des Mitsvot, on oubliait de prier pour la venue du Machia’h et la reconstruction du Beth Hamikdach en pensant que l’essentiel est l’absence de guerre et la paix de l’état et, de surcroît, on commençait à diviniser le culte des non-juifs et leur manière de vivre [en écoutant la prière en question].
Pour éviter cela, nos maîtres ont préféré se suffire de cette prière, une fois par an, le jour de Yom Kippour.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.