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Prier pour mourir

Rédigé le Mercredi 28 Décembre 2016
La question de Éric H.

Bonjour,

Est-il possible de hâter sa mort par la prière ?

Est-il possible que D.ieu accepte d'abréger la vie d'un homme si ce dernier le Lui en supplie ?

Merci.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40106 réponses

Bonjour,

Celui qui est en mesure d'exaucer la prière d'une personne désirant la mort est [également] en mesure d’accepter sa prière si elle désire voir ses souffrances [morales ou physiques] disparaître.

Ma réponse aurait pu s’arrêter là.

Mais puisque nos maîtres traitent de votre question, apportons quelques détails afin de prouver la splendeur de notre Torah.

1. Nos Sages racontent l’histoire suivante :

Une femme très âgée s’est rendue chez Rabbi Yossi ben ‘Halafta pour lui dire qu’elle désire quitter ce monde étant donné qu’elle « souffre énormément » de sa vieillesse.

Rabbi Yossi ne lui a pas dit de prier pour quitter ce monde.

Il lui a demandé de décrire les Mitsvot qu’elle accomplit.

Lorsqu’elle lui dit qu’elle se rendait au Beth Haknesset [synagogue] tous les matins, sans exception, il lui conseilla de ne plus agir de la sorte.

Trois jours plus tard, elle quitta ce monde.

Yalkout Chim’oni, passage 871 sur Parachat Ekev et passage 943, sur Michlé.

La Halakha : voir paragraphes 3-4.

2. Rabbi ‘Haïm Chmoulevitz à propos de Rabbi Yo’hanan

Dans le Talmud Baba Métsia 84a [fin de la page], nos Sages racontent :

L’ami de Rabbi Yo’hanan, avec lequel il étudiait, a quitté ce monde.

Rabbi Yo’hanan perdit la raison, pleurait sans cesse, et « déchirait ses habits ».

Les grands Sages de l’époque prièrent en sa faveur et il quitta ce monde.

Il n’est pas marqué clairement qu’ils prièrent pour qu’il quitte ce monde.

Mais Rav ‘Haïm Chmoulevitz explique : Les Sages de l’époque prièrent pour qu’il quitte ce monde, car, même s’il retrouvait la raison et que ses « désordres mentaux » disparaissaient, il sombrerait à nouveau dans la dépression et chuterait à nouveau. Si’hot Moussar 5731, cours 19.

3. L’avis de Rabbi Moché Feinstein

En se basant sur l’histoire rapportée par nos Sages dans le Talmud Kétoubot 104a, le Rav Moché Feinstein tranche :

S’il s’agit d’une personne qui, selon les médecins, n’a aucune chance de survivre [c.q.f.d. car « parfois », les médecins ne sont pas honnêtes - Iguerot Moché, ‘Hochen Michpat, volume 2, question 72] et est condamnée à souffrir, il est permis de ne pas lui donner des médicaments permettant d’allonger ses jours et de prier pour qu’elle quitte ce monde ou pour qu’elle cesse de souffrir. Iguerot Moché, ‘Hochen Michpat, volume 2, questions 73, 74 [passages 2 et 4], 75.

4. L’avis de Rabbi Moché Sternboukh

S’il s’agit d’une personne qui, selon les médecins, n’a aucune chance de survivre [c.q.f.d. car « parfois », les médecins ne sont pas honnêtes - Iguerot Moché, ‘Hochen Michpat, volume 2, question 72] et n’est absolument pas [et n’a aucune chance d’être] en mesure d’accomplir la moindre Mitsva ou d’avoir des pensées de Téchouva : il est permis de prier pour « que ses souffrances disparaissent, et que, si elle doit mourir, qu’elle quitte ce monde le plus rapidement possible ». Techouvot Véhanhagot, volume 2, questions 82 et 738.

5. L’avis du Tsits Eliezer - Rav Eliezer Yéhouda Valdenberg

Selon Rav Eliezer Yéhouda Valdenberg, il n’est pas permis de prier pour rapprocher sa fin. Il faut prier pour faire disparaître les souffrances. C’est uniquement dans des cas vraiment extrêmes que cela est permis, mais il faut soumettre le cas à un Rav. Tsits Eliezer, volume 5, Ramat Ra’hel, question 5, Tsits Eliezer, volume 9, question 47, Tsits Eliezer, volume 18, question 48, Tsits Eliezer, volume 19, question 10.

A ce sujet, voir encore Tsohar, volume 3, année 5758, pages 213-233, Michné Halakhot, volume 9, question 398, Torah Chébé’al Pé, volume 25, pages 58-63.

6. L’avis de Rav ‘Haïm David Halévi

Pour les membres de la famille proche, il est interdit de prier pour rapprocher la mort d’une personne souffrante. Il est permis de rester silencieux ou de dire : « Hachem fait ce qui est bon à Tes yeux ».

Pour ceux qui ne sont pas proches, il n’est pas interdit de prier pour que le malade quitte ce monde afin qu’il ne souffre pas davantage. 'Assé Lékha Rav, volume 9, question 22.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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