Bonjour Rav,
Je suis une jeune fille issue d'un foyer froum, et suis au séminaire en Angleterre.
La question du choix de mon Chiddoukh se pose à présent, et il est vrai que pour la plupart des filles de mon entourage, il parait cohérent et adapté de choisir quelqu'un qui serait en Koulo Torah, qui étudierait et qui serait Avrekh.
Je comprends très bien cette optique, et je suis admirative face à toutes mes copines qui sont prêtes à tant de sacrifices pour permettre à leur mari d'étudier.
Mais en réfléchissant, je ne partage au fond pas la même volonté. Je ne me vois pas avoir à me suffire d'un minimum financier pour vivre. Je n'envisage pas une vie de grand luxe, mais j'aurais néanmoins du mal à me priver de certaines choses du fait que mon mari est Avrekh.
De plus, je pense que le souci de l'homme est après tout bien celui de la Parnassa, et la place de la femme est à la maison, avec ses enfants et pas le contraire (comme nous pouvons beaucoup le voir aujourd'hui dans les communautés froum).
Je suis un peu déroutée... Je veux à la fois un Ba'hour Yéchiva qui a le sens de l'étude et qui en fait une vraie priorité dans sa vie, mais je juge également nécessaire qu'il soit responsable de la Parnassa.
Est-ce trop exiger ? Est-ce une optique correcte ?
'Hazak et merci beaucoup pour votre aide.
Bonjour,
1. Puisque je m'adresse à une fille de Séminaire et issue de famille "froum", je me permets de dire toute la vérité et que la vérité.
A vrai dire, il est possible d'écrire un ouvrage au sujet de la question soulevée dans votre message, mais je vais me suffire de quelques points, les plus essentiels.
Nos Sages disent : Un homme doit vendre tout ce qu'il possède pour épouser la fille d'un Talmid 'Hakham ou pour marier sa fille à un Talmid 'Hakham. S'il agit de la sorte, c'est une belle chose et souhaitable. Sinon, c'est un mélange très mauvais, qu'il faut éviter. Quiconque marie sa fille à un homme qui n'étudie pas, c'est comme s'il la ligotait et la plaçait face à un lion affamé... - Pessa'him 49a - 49b.
Si vous cherchez un mari qui étudie vous aurez un mari et une Parnassa.
Par contre, si vous cherchez une Parnassa, vous aurez éventuellement une Parnassa mais il n'est pas assuré que vous aurez un mari [convenable...].
Ci-dessous un passage figurant dans l'un de mes livres :
Après la construction du Michkan, Hachem ordonna à Moshé de dire à Aharon : "Mets un Omer de Manne dans un flacon d'argile et dépose-le devant le Aron Hakodech [se trouvant dans le Michkan et le Beth-Hamikdach]. Il servira de témoignage éternel de la façon miraculeuse dont J'ai nourri les Bneï Israël dans le désert."
La Manne de ce flacon ne fondit pas et ne se détériora jamais. Elle resta toujours fraîche.
Elle fut conservée dans le Michkan et plus tard, dans le Beth-Hamikdach, jusqu'au temps du roi Yochiyahou, qui la cacha avant la destruction du Temple.
Dans le futur, le prophète Eliyahou rendra ce flacon aux Bneï Israël.
Au temps du prophète Yermiyahou, les Bneï Israël négligèrent l'étude de la Torah, et il leur reprocha leur défaillance.
"Nous ne pouvons pas étudier la Torah, répondirent-ils. Nous devons gagner notre vie !"
Yermiyahou sortit alors le flacon de Manne qui était posé dans le Beth-Hamikdach et le montra au peuple. "Regardez cela ! s'exclama-t-il en désignant la Manne.
Vos ancêtres se sont immergés dans l'étude de la Torah, et Hachem a pris soin d'eux. Votre devoir est d'étudier la Torah. Sachez que Hachem a de nombreux agents pour envoyer leur subsistance à ceux qui Le craignent !". La Manne sert de leçon concrète pour montrer que c'est le Créateur seul Qui donne la nourriture à toutes les créatures. Ce n'est pas la profession de qui que ce soit.
Les gens se bercent d'illusions lorsqu'ils croient qu'ils "gagnent" de l'argent. En réalité, ils ne font que collecter la part qui a été décrétée pour eux à Roch Hachana [lorsque les revenus de chacun sont déterminés pour l'année entière].
Nous devons considérer notre position dans ce monde comme semblable à celle de nos ancêtres dans le désert.
Le Rav R. Eisenberg écrit : "Les juifs devaient apprendre la modération et se contenter de ce qui leur était accordé. Quel que soit l'effort fourni par chacun pour collecter la Manne, en fin de journée, la quantité amassée était précisément égale à une même mesure d'un Omer dans tous les paniers. Assurément, c'est Hachem Qui fixe la subsistance et l'homme ne fait qu'habiller le miracle. Celui qui délaisse son accomplissement spirituel, prétendant ainsi accroître son bien-être matériel, n'obtiendra finalement pas plus que son quote-part, telle qu'elle a été fixée préliminairement par Hachem.
La fonction pédagogique de la Manne était également d'enseigner la confiance en Hachem, pourvoyeur du pain quotidien. C'est pourquoi le processus se répétait chaque jour et il était insensé de garder les restes".
De même qu'en ramassant la Manne, ils étaient parfaitement conscients du fait que leur part venait du Ciel, de même nous devons réaliser que notre revenu nous a été réservé par Hachem.
Et, de même que nos ancêtres ne ramassaient leur portion que pour le jour même, de même chaque Juif doit tendre à se contenter de satisfaire ses besoins du jour, et passer le reste de son temps à étudier la Torah.
Nos Sages nous conseillent : "Diminue le volume de tes affaires et occupe-toi de Torah !"
Hachem a d'énormes réserves de nourriture, ainsi qu'Il l'a montré en produisant un excédent de Manne qui formait un tas haut de soixante Amot [≈ 30 mètres].
Le fait que les gens soient malgré tout à court de subsistance résulte de leurs propres défaillances. Les fautes forment une barrière qui nous empêche de recevoir la bonté d'Hachem.
Il est inconcevable pour l'homme, qui est le seul but de la Création, de passer le plus clair de son temps à travailler pour subvenir à ses besoins.
Nos Sages disent : "Avez-vous déjà vu un lion obligé de se faire porteur pour gagner sa vie, un cerf devenir fermier ou un renard commerçant ? Et pourtant, bien qu'ils ne connaissent aucun métier, Hachem subvient à leurs besoins."
Pourquoi donc l'homme, qui est supérieur à toutes les créatures, doit-il passer sa vie à la poursuite d'une Parnassa ?
Ce n'est qu'à cause de ses fautes qu'il a perdu sa position particulière dans la création et est obligé de s'efforcer de gagner lui-même sa vie en fournissant tellement d'efforts.
2. Chlomo Hamélèkh
Vous n'ignorez sûrement pas que lorsqu'Hachem s'adressa à Chlomo Haméle=èkh en lui proposant la richesse ou la sagesse, il Le supplia pour avoir la sagesse. Voir Mélakhim 1 [Les rois], chapitre 3, verset 9. Pour le récompenser, Hachem lui accorda non seulement la sagesse mais également la richesse. Voir Mélakhim 1 [Les rois], chapitre 3, verset 11.
Je vous assure que si vous agissez ainsi, vous serez ainsi récompensé.
Parole d'honneur !
3. Vous écrivez : "Je suis admirative face à toutes mes copines qui sont prêtes à tant de sacrifices pour permettre à leur mari d'étudier".
Sachez que vos amies n'investissent pas des efforts pour leur mari. Elles investissent des efforts pour leur propre intérêt. C'est elles qui vont tirer le plus grand profit de leurs efforts. Car si elles ont un mari qui étudie, elles auront un mari qui saura avoir une conduite exemplaire, ou du moins qui saura se remettre en question lorsque le besoin se fera sentir.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.