Bonjour Rav,
Le roi Salomon possédait 300 concubines ; ceci est contraire aux lois de la Torah.
Dans ce cas, pourquoi, lorsque nous discutons de son règne, nous parlons souvent de ses femmes et non pas de ses relations interdites ?
Bonjour à vous,
Il est vrai que le roi Salomon a eu plusieurs femmes, principalement pour des raisons socio-politiques, dont le but était d’étendre son règne au quatre coins du monde. Cependant, cela ne fut pas à proprement dit contraire aux lois de la Torah, car, comme la Guémara l’explique dans Sanhédrin (p. 21), la décision du roi Salomon se basait sur sa compréhension des versets de la Torah – ainsi que la démontre Rabbi Yéhouda dans la Guémara citée.
En voici l’explication : le verset concernant les lois des rois dit : « Qu’il ne multiplie pas les femmes et que son cœur ne se dérobe pas » (Deutéronome 17,17). Rabbi Yéhouda explique que ce verset serait à interpréter selon la raison mentionnée, puisque, contrairement aux autres commandements où les raisons ne figurent pas dans les versets, ici, cela déroge à la règle (voir également Ibid. 17,16). C’est ainsi que le roi Salomon interpréta ce verset : ne pas multiplier les femmes afin qu’elles ne dérobent pas son cœur. Il se dit alors : « Je multiplierai les femmes et elles ne déroberont pas mon cœur » (Ibid. Rabbi Its'hak p. 21b). Cette compréhension était donc légitime d’après cette vision de l’exégète.
Il faut souligner que la Torah ne reproche pas au roi Salomon d’avoir fauté, comme le sens littéral du texte pourrait le laisser penser, en réalité, la Guémara dans Chabbath (p. 56) explique que le roi Salomon ne réprimanda pas ses femmes pour les pratiques idolâtres, et c’est ce qui lui fut reproché, ainsi que le démontre le Ralbag dans Rois I 11,4.
La Torah cherche à nous sensibiliser par cet enseignement à nous faire prendre conscience que la faute n’est jamais loin de l’homme et qu’il doit toujours être sur ses gardes sans penser que son niveau spirituel lui est acquis. Comme le dit la Michna dans la Maxime des Pères : « Ne crois pas en toi (en ton assise spirituelle) jusqu’à ta mort » (chap. 2 :4).
Il est à noter que la Torah ne se cache aucune des erreurs de ses dirigeants spirituels, et consacre même plusieurs versets (Rois I 11 :1-14) à critiquer leurs comportements, et, bien que leurs erreurs soient parfois imperceptibles, elle les souligne toutes dans son souci d’honnêteté…
Cordialement.