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Pourquoi nos Sages ont jugé utile de prévoir des instaurations ?

Rédigé le Jeudi 20 Janvier 2022
La question de Arnold S.

Kvod Harav,

Si je ne me trompe pas (merci de me corriger si je me trompe), vendre est permis le Chabbath. L'interdit de vendre Chabbath est Dérabbanane (interdit de nos Sages), de peur que ça occasionne des écritures, ce qui est un interdit de la Torah.

Si c'est bien le cas, je suis surpris, car vendre, c'est intuitivement à l'opposé de l'esprit de Chabbath, c'est un acte 'Hol (profane) qui colle avec les jours de semaine.

Comment comprendre ça ?

Kol Touv.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Bonjour,

Excellente question !

1. Il est à noter que le commerce a été interdit durant Chabbath afin d'éviter le risque d'écrire. Rambam, Hilkhot Chabbath, chapitre 23, Halakha 12.

Rachi, passage Michoum sur Bétsa 37a mentionne une raison supplémentaire, semblable à celle que vous mentionnez dans l'énoncé de votre question.

2. La Torah a été donnée le 7 Sivan 2448, alors que l'être humain se trouvait à un si haut niveau, que certaines choses n'étaient pas censées le remuer, le déstabiliser ou l'éloigner du bon sens ou de l'interdit. Il fallait bien plus qu'une "simple transaction commerciale" pour que l'atmosphère chaleureuse de son Chabbath soit "polluée" et qu'il en vienne à réaliser des actions interdites.

3. Nos Sages, les 'Hakhamim, mandatés par la Torah, ont instauré leurs restrictions, du fait que ce niveau a baissé. Ce qui à l'époque ne constituait pas une atteinte à l'atmosphère Chabbatique, est devenu, au fil des générations, un signe évident et manifeste de profanation. Il fallait donc préserver et protéger notre patrimoine et éloigner l'homme du moindre risque afin de l'aider à ne pas dépasser les limites fixées par le Créateur.

4. Si, par exemple, la consommation de la volaille avec des produits laitiers a été interdite, c'est du fait qu'ils ont ressenti que l'homme allait faire une confusion avec toute viande rouge ; ce qui n'était pas une "possibilité" d'erreur selon la Torah. Choul'han 'Aroukh - Yoré Déa, chapitre 87, Halakha 3, 'Hokhmat Adam, Klal 40, Halakha 3.

Explications :

5. Adam Harichone, le jour de sa création, bien qu'ayant une "sagesse atteignant les plus hauts cieux" [Sanhédrin 38b], Hachem lui interdit de consommer les fruits de l'arbre défendu, mais il dit à sa femme, 'Hava, qu'Hachem lui avait [même] interdit de toucher l'arbre.

Adam Harichone est "allé plus loin" et recherchait plus ! Pourquoi ? Car, vu sa grande sagesse, il avait vraiment conscience de l'importance et de la gravité des ordres divins. Il déployait, donc, tous les efforts pour être certain de ne pas les transgresser.

Au fil des générations, un tel niveau se fait de plus en plus rare. Fin du Tossefot, passage Rabbi Nathan sur Talmud Chabbath 12b et Talmud Chabbath 112b. C'est pourquoi, nous avons besoin de l'aide de nos Sages et des maîtres de chaque génération pour nous indiquer le chemin nous éloignant de l'erreur et nous aidant à rester imprégnés de l'atmosphère désirée à chaque instant.

6. Avant le don de la Torah, Hachem s'adressa à Moché en lui disant : « Rends-toi près des Bné Israël et tu les sanctifieras aujourd'hui et demain et qu'ils lavent leurs vêtements. Qu'ils soient prêts pour le troisième jour ; car, le troisième jour, Je descendrai aux yeux de tout le peuple, sur le mont Sinaï... » Chémot, chapitre 19, versets 10-15.

Moché Rabbénou reçoit l'ordre d'apprendre aux Bné Israël à se préparer au don de la Torah, en prenant certaines dispositions de purification. Ces purifications devaient durer deux jours [voir verset précité], et le troisième jour, Hachem devait donner la Torah.

Mais Moché Rabbénou comprit qu'il convenait d'ajouter un troisième jour - à titre de précaution particulière. Il ordonna donc, au peuple de se préparer sur une période de trois jours.

Hachem approuva cette initiative. Voir Talmud Chabbath 87a et Talmud Yébamot 62a.

Pourquoi Moché Rabbénou a-t-il ressenti ce besoin ?

Il le fit pour dresser un Guéder - une haie protectrice - autour de ce commandement divin. Hachem avait, en effet, exigé la sainteté pour le grand jour du don de la Torah. Mais vu la situation, il prit l'initiative de prolonger la préparation, afin de garantir un certain degré de sainteté. Et il trouva dans les paroles mêmes d'Hachem l'argument qui pouvait lui permettre de justifier cette prolongation. Voir Talmud Chabbath 86-87.

7. Le Rav Munk écrit à ce sujet :

« Moché inaugura ainsi, au moment précis du don de la Torah, le principe fondamental de la Torah orale en tant que protection de la Torah écrite. C'est, en effet, aux hommes qu'il appartient de creuser, d'étudier, et d'analyser la parole divine pour chercher, dans un élan d'amour et de vénération, à connaître son sens le plus intime et sa pensée la plus profonde. Cet exemple donné par Moché à toutes les générations futures fut récompensé par Hachem qui approuva son initiative ».

8. Pour des détails supplémentaires à ce sujet, voir ici :

https://www.torah-box.com/question/houmra-c-est-quoi_66469.html

9. Tout n'a pas été dit à ce sujet.

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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