Bonjour Rav,
Pourquoi dans la troisième Brakha du Birkat Hamazone, on parle de la reconstruction du Beth Hamikdach.
Pourtant, on devrait remercier Hachem comme les deux Brakhot précédentes.
Très cher Akivo bonjour,
Je vois que tu poses de très bonnes questions. Cela prouve que ton esprit est pur et qu’il est loin de tout le mal qui nous entoure. Il faut savoir que c’est grâce à la grandeur de ton papa et de ta maman qui ne doivent ménager aucun effort afin que tu puisses grandir dans la Kedoucha et dans la vraie joie. Qu’Hachem leur accorde une bonne santé et tout ce dont ils ont besoin pour poursuivre leurs actions méritoires.
En ce qui concerne ta question :
Le Birkat Hamazone est récité après avoir consommé un repas ayant satisfait les besoins de notre corps. Mais il ne faut, surtout, pas oublier que nos besoins spirituels, tels que le Beth Hamikdach, la venue du Machia’h et le dévoilement de la Chekhina, sont bien plus importants et constituent l’essentiel de notre ‘Avodat Hachem [service divin] et le but de notre existence sur terre.
C’est pourquoi, après la reconnaissance et les remerciements mentionnés dans les deux premières Brakhot du Birkat Hamazone, nous prions et nous prouvons que nos besoins ne sont pas, encore, totalement satisfaits.
Ci-dessous, l’explication du Rav Elie Munk.
Chaque mot vaut son pesant d’or.
L'élargissement de cette prière du repas à un hommage de gratitude pour la Terre promise et Yérouchalayim, transforme le Birkat Hamazone en lui donnant un caractère beaucoup plus général qu'un simple "remerciement de convenance pour le don d'un repas".
Pour le Juif, la satisfaction des besoins physiques ne pourra jamais devenir une fin en soi ou l'intérêt primordial de son existence, sans quoi il risquerait de sombrer dans la faute et dans le vulgaire matérialisme.
Dans le Chemoné 'Essré, nos premières requêtes ne concernent jamais la prospérité matérielle et le succès économique, mais le perfectionnement spirituel et la préservation du péché.
Aussi, quand le juif se prépare à remercier son D.ieu pour son repas, la simple expression de gratitude pour la satisfaction de ses besoins physiques ne lui suffit pas. Il veut aussi remercier pour "la bonne et large terre des ancêtres", pour "la Torah que Tu nous as enseignée", et pour "Tsion, lieu de Ta gloire". La bénédiction du repas transforme donc un besoin matériel de nourriture en un hommage de reconnaissance générale pour l'ensemble des bienfaits du Créateur.
Cette prière, pour un avenir béni de D.ieu, fut adaptée au cours des événements historiques, aux conditions spécifiques dominant les différentes périodes.
A l'époque de David, la prière appelait la bénédiction divine sur Israël et Yérouchalayim en vue de leur protection.
Au temps de Chlomo, la "grande et sainte Maison" y fut inclue et on ajouta une prière pour la durée du règne de la maison de David.
Ceci explique l'ordre des prières en faveur d'Israël, de Yérouchalayim, de Tsion, de la maison de David et de la Maison de D.ieu.
Quand, plus tard, Israël fut exilé et le Temple détruit, ces demandes de protection furent transformées en requêtes pour leur restauration. La Brakha acquit ainsi la forme d'une prière pour notre consolation et on la nomme brièvement Né’hama.
Une des parties essentielles de ce passage est la mention du règne de la maison de David : car "il n'est pas de vraie consolation sans la restitution du règne de la maison de David".
Voir Rambam, Hilkhot Brakhot, chapitre 2, Halakha 4.
Nous prions spécialement pour la maison de David, car au temps de Re'havam, le désastre frappa Israël, parce qu'on avait méprisé trois entités : le Royaume de D.ieu, le règne de la maison de David et le Sanctuaire. Et le peuple ne sera délivré que lorsqu'il priera ardemment pour le rétablissement de ces trois éléments.
Voir Rachi sur Hochéa’, chapitre 3, verset 5.
De ce fait, nous demandons, dans cette Brakha, la restauration du Beth Hamikdach et du règne de la maison de David.
La prière pour l'avènement du Royaume de D.ieu est reportée à la Brakha suivante car il ne convient pas de placer côte à côte la demande de rétablissement d'un règne humain et celle de la restauration du règne divin.
Cependant, dans toutes les versions différentes que cette Brakha a connues au cours de l’histoire, elle a toujours contenu la demande de l’aide divine en faveur de l’individu (voir traduction ci-dessus) :
Rien n’est plus apte à élever et ennoblir notre demande visant à satisfaire les exigences de notre vie physique que de l’associer aux aspirations les plus élevées et les plus saintes concernant l’ensemble de la collectivité juive.
C’est par l’excès d’importance accordé aux jouissances et aux plaisirs matériels, que nous avons perdu notre indépendance nationale, notre pays et notre Beth Hamikdach.
Nous expions cette faute, à travers les millénaires, ne nous permettant aucune jouissance, ne quittant jamais la table sans mentionner ces idéaux avec émotion et prier pour leur rétablissement. Et alors que, généralement, la personne dont les besoins sont exaucés oublie facilement ceux des autres et plus facilement encore ceux de la communauté, notre prière nous invite, dès que nos besoins physiques sont satisfaits, à appeler la divine miséricorde sur Israël et sur ses trésors les plus précieux.
Les requêtes personnelles commençant par Avinou, Élokénou, occupent le centre de la Brakha et elles s’achèvent ensuite sur la prière pour Yérouchalayim : Ouvené Yérouchalayim. Elles contiennent entre autres le vœu que D.ieu nous assiste par "Sa main toujours pleine, ouverte, sainte et généreuse." Ces adjectifs font ressortir la différence entre les dons du Ciel et les dons humains. Ces derniers sont souvent insuffisants et peuvent être accordés par favoritisme ou à contrecœur. Enfin, les biens donnés par des hommes peuvent avoir été acquis d’une façon malhonnête.
La Brakha finale met l’accent sur la miséricorde avec laquelle D.ieu reconstruira Yérouchalayim. En fait, ce passage commence également par un appel à Sa miséricorde [Ra’hem], car la reconstruction de Yérouchalayim à l’avenir exigera un acte spécial de miséricorde divine.
Voir Zekharia, chapitre 1, verset 16.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.