Bonjour Rav,
Pourquoi l'histoire de la sortie d'Egypte s'appelle "Haggada", qui a une connotation très stricte, et non pas "Amira" ou même "Dibour" ?
On voit dans les versets que "Véhigadta Lébinekha" s'adresse au fils Racha' (cf. Rachi Chémot 13,8). Est ce que la priorité de cette soirée est de s'adresser au fils Racha' ?
Bonjour,
Très belle question !
Première réponse
En hébreu, il y a de nombreux termes / mots ayant un double sens [un sens et son contraire]. Il suffira, parfois, de leur ajouter une lettre ou de les décliner d'une certaine manière pour obtenir la modification. Exemples : Lehachrich = enraciner / Lecharech = déraciner. 'Arits = méchant / Léha'arits = tenir en en grand honneur, respecter, etc. 'Hèt = faute, manquement, etc. / Lehaté = nettoyer. La'azov = abandonner / 'Azov = aider.
Rabbi David Aboudarham explique : le verbe Léhagid a deux significations : "parler durement" mais aussi, faire des éloges. Voir Dévarim 26, verset 3 : Higadti Hayom...
Le verbe Léhagid signifie également : prononcer des paroles douces et attirantes; d'où, le mot Aggada. Talmud Chabbath 87a.
Seconde réponse
L'un des sens du verbe Léhagid est : dire les choses d'une manière précise. Donc, Haggada signifie "raconter dans les détails" et "montrer du doigt" ce qui permettra de bien comprendre et de ressentir le récit. Le Targoum sur Véhigadata explique bien : Oute'havi = tu montreras.
Troisième réponse
Dans son commentaire sur Chémot 13, verset 8, Rabbi 'Haïm Benattar, l'auteur du Or Ha'haïm, explique : la Haggada commence obligatoirement avec la partie indigne [Mat'hil Biguenout : 'Avadim Hayinou] de notre histoire et finit avec la glorieuse [Messayèm Bichva'h : Baroukh Hamakom]. Talmud Pessa'him 116a.
On trouve une allusion à cette règle lorsque la Torah emploie deux termes à propos du récit, l'un après l'autre dans le même verset : Véhigadta et Lémor. Chémot 13, verset 8.
Quatrième réponse
Lorsque la Torah a été donnée, Hachem a, tout d'abord, élevé le mont Sinaï au dessus de la tête du peuple afin de leur montrer [d'après certains de nos maîtres] que Sa crainte doit précéder l'amour que nous devons Lui vouer.
Le récit de l'exil et de la sortie d'Egypte porte donc le nom Haggada [parler durement] afin de mettre "en avant" cet enseignement d'une importance majeure.
Cinquième réponse
Le Malbim explique : le verbe Léhagid signifie "dire des choses que l'interlocuteur ignore, qui le concerne et qu'il désire connaître". Le verbe Lémor [dire] fait allusion à des paroles qui "intéresse" essentiellement celui qui les dit, "sans prendre" obligatoirement, en considération l'intérêt de son interlocuteur.
Le récit de l'exil en Egypte et la libération porte, donc, le nom "Haggada" car le but pour lequel nous avons l'obligation de le raconter est d'en informer nos enfants et qu'ils en soient investis au plus profond de leur âme. Notre récit doit les intéresser et nous devons tout faire afin qu'il soit le plus attirant possible.
Sixième réponse
Le terme Véhigadta fait allusion à des paroles dures, certes, mais cela nous laisse entendre un message important, mentionné dans le Midrash : la Torah est comparée à l'olive, au début elle est amère pour devenir ensuite douce et agréable. La Haggada nous enseigne : même si au début, le service divin peut sembler difficile, il faut poursuivre les efforts et l'on verra des merveilles. C'est, donc, le terme Haggada qui a été choisi afin que les âmes sensibles soient averties et ne se découragent pas.
Tout n'a pas été dit à ce sujet.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.