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Pourquoi fait-on Chabbath ?

Rédigé le Mercredi 5 Avril 2017
La question de Noemie L.

Rav,

Aujourd'hui, un arabe à la fac m'a demandé pourquoi je fais Chabbath, et je me suis rendue compte que je n'avais jamais vraiment réfléchi à cela.

C'est quelque chose que je fais depuis toujours et c'est tellement bénéfique, ça me permet parfois de réfléchir, de me poser, et de trouver des solutions à des problèmes, parce qu'avec ma vie d'étudiante j'ai rarement le temps de vraiment m'asseoir et réfléchir sans être perturbée par mon téléphone ou par la télé.

J'ai vraiment eu de la peine quand je me suis rendue compte que je ne m'étais pas intéressée au vrai sens de Chabbath.

Quand j'étais petite, on m'a dit que c'est parce que D.ieu a créé le monde en 6 jours et que le septième Il s'est repose, mais D.ieu a-t-Il vraiment besoin de se reposer ? Peut-Il être fatigué? Je ne crois pas.

Alors Rav, j'aimerais une explication de pourquoi on fait Chabbath exactement, pourquoi ce jour particulièrement ?

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Bonjour,

Le respect du Chabbath fait partie des Mitsvot les plus importantes de notre Torah.

Rabbénou Ya'acov, l’auteur du Tour, ainsi que le Beth Yossef et le Bayit ‘Hadach - Ora’h ‘Haïm, chapitre 242 - ont rassemblé de très nombreux Midrashim à propos de la splendeur et de la récompense réservée à ceux qui respectent le Chabbath et à propos de la gravité de la transgression de cette grande Mitsva.

Nos Sages disent :

« Le respect du Chabbath est la meilleure garantie et le meilleur moyen permettant de bénéficier de toutes les bontés d’Hachem - Le Créateur ».

Ceci est mentionné explicitement dans les écrits des commentateurs sur le Choul'han ‘Aroukh - Ora’h ‘Haïm, chapitre 306, Halakha 5 et dans le Michna Broura, chapitre 306, passage 23.

A propos du sens profond du Chabbath, lisez ce qui suit :

Durant les six jours de la semaine, l'homme est plongé dans ses occupations : il transforme son entourage, s'investit corps et âme dans l'amélioration de son bien-être et doit également travailler "à la sueur de son front" pour obtenir sa subsistance [la "lutte pour l'existence"].

Ces/ses occupations sont fréquemment causes de tourments, d'inquiétudes, voire d'angoisses. Bien plus que cela, elles sont, dans bien des cas, à l'origine de la distance séparant l'homme de son Créateur.

Le Rav Munk écrit :

"La menace de la faim, réelle ou prétendue, fait oublier tous les principes et réduit à néant les meilleurs engagements.

Aussi longtemps que l'homme n'est pas libéré de l'angoisse que provoque en lui le souci de la subsistance, il n'y a point de place pour la réalisation intégrale de la loi divine.

Cependant, la délivrance de cette obsession n'est possible que grâce à la prise de conscience que le souci de subsistance, premier de tous nos soucis, ne repose pas seul, et pas en premier lieu, sur nos épaules.

Il incombe à l'homme, dans ce domaine, comme en bien d'autres, de faire son devoir, tout en confiant la réussite à la constante sollicitude du Créateur.

Sans cette prise de conscience, l'homme rivé à la poursuite du gain matériel ne connaît pas de limite dans sa lutte pour l'existence. Elle le poussera sans cesse à la recherche de nouveaux profits, sans égard pour autrui, et elle ne tolèrera auprès d'elle aucun autre objectif et aucun autre idéal." (Commentaire sur Chémot 16/2) L'homme pourrait même se dire dans son cœur : "C'est ma force et la vigueur de ma main qui m'ont procuré cette puissance" [Dévarim, chapitre 8, verset 17].

Le Rav Munk explique par ailleurs :

"Durant Chabbath, la Torah exige que l'homme s'efface et cesse d'intervenir dans son entourage. Il est appelé à se dégager de ses préoccupations matérielles.

Toute action par laquelle il manifestera sa maîtrise, sera interdite. Il ne devra plus agir sur le monde afin de ne pas manifester sa domination et son influence. Ainsi, il laissera apparaître la grandeur du Créateur dans toute sa splendeur.

Nos maîtres expliquent que l'homme doit laisser la nature intacte sans la changer d'aucune manière, sans quoi il est considéré comme empiétant sur l'empire du Créateur.

Durant Chabbath, l'homme est en paix avec le monde, il n'use plus de son pouvoir pour le transformer.

Délaisser ses affaires, sa profession, ses occupations, c'est sanctifier le nom du Créateur; c'est témoigner qu'Il a créé le monde en six jours et qu'Il le dirige. C'est aussi et surtout, proclamer que tous les êtres Lui obéissent et se soumettent à Sa volonté.

Durant Chabbath, ces croyances se transforment donc en réalités beaucoup plus claires et tangibles et l'on se retrouve en toute pureté auprès du Créateur en profitant d'une approche "véritable" et "transparente".

"L'arrêt du travail durant Chabbath fait prendre conscience à l'homme que, s'il est libre durant la semaine d'exploiter les ressources de la nature à son profit, de manier à son gré les moyens de production, il n'en est pas pour autant le dominateur ni le véritable propriétaire. Lorsqu'arrive Chabbath, il se sépare de tous ses pouvoirs et les dépose humblement aux pieds du Créateur". [Rav Munk sur Chémot 20/10].

Dans le même ordre d'idée, le Rav R. Eisenberg écrit :

"S'abstenir de tout travail créatif, particulièrement dans le monde moderne où règne une insécurité croissante, témoigne d'une confiance en Hachem et d'une soumission à Celui de qui dépend la réussite matérielle. La seule manière de reconnaître explicitement la supériorité incontestable de l'Eternel sur toute la Création est de cesser nos activités quotidiennes, de prendre du recul et de percevoir la main de Hachem cachée derrière le système de cette Création". [Survivre, pp. 134-135].

Le Chabbath vu sous un autre angle

Tout au long de la semaine, l'homme est privé d'une certaine autonomie, il est attaché au monde matériel et dépend presque totalement de son entourage, il est en quelque sorte l'esclave du milieu dans lequel il se trouve.

En effet, il est commandé par la nécessité de "régner" sur le monde pour gagner son pain. Le Chabbath, il est libéré de cet asservissement, il peut vivre en harmonie avec tout ce qui l'entoure.

Durant cette journée, c'est l'inaction et le repos qui sont exigés.

Dès lors que l'on ne fait aucun des travaux interdits, on est certain d'accomplir la Mitsva du Chabbath. L'homme est un roi. Chabbath est la reine.

Sanctifier Chabbath c'est donc mettre en évidence ce côté passif de l'être, qui se sépare de tout le reste du monde et se tourne vers le Créateur Qui lui assure toutes les bénédictions.

Permettre aux dispositions surnaturelles de trouver leur épanouissement

A propos de la Chemita - Chabbath de la terre - Le Rav Munk écrit :

"Pendant la Chemita, l'arrêt imposé aux conditions habituelles du travail et à la poursuite du gagne-pain ainsi que le renoncement à ce sacrilège que constitue le souci excessif de la propriété individuelle ont pour but de purifier l'âme et de permettre aux dispositions surnaturelles de trouver leur épanouissement.

En laissant nos champs en friche durant toute une année et en rendant leur accès libre à tout un chacun, nous montrons que ce monde n'est qu'un passage conduisant au monde de vérité et que l'existence ne prend un caractère authentique que lorsqu'on cesse de concentrer nos efforts sur la quête des biens matériels et qu'on s'efforce de s'élever dans le domaine de l'esprit.

Une année de repos complet est une nécessité pour le peuple comme pour la terre, année de tranquillité et de paix profondes, sans oppresseur ni tyran. Plus de droit de propriété faisant valoir ses exigences; une paix repose sur tout ce qui vit.

Le verset dit : "Ce que produira la terre pendant son Chabbat vous servira de nourriture, à toi, à ton serviteur et à ta servante, à ton mercenaire et à l'étranger qui demeurent avec toi, à ton bétail et aux bêtes sauvages de ton pays : tout son produit servira de nourriture".

Nos sages expliquent : "Pour la nourriture", et non pour le commerce.

L'intransigeance habituelle de l'instinct de propriété ne vient plus profaner la loi sainte concernant les produits du sol de cette année et la convoitise aiguisée par le commerce tombe dans l'oubli.

L'homme revient à son état naturel, la santé, au point de n'avoir plus besoin de remèdes conçus pour des maladies, qui, pour la plupart, résultent d'une rupture d'équilibre due à la méconnaissance de sa véritable nature spirituelle et matérielle : "pour la nourriture" et non pour les médicaments"

C'est dans cet état d'esprit que nous devons aborder le Chabbath et c'est dans cet état d'esprit que nous devons vivre chaque instant de la Chemita !

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

Rabbi Its'hak Abi'hssira, "Baba 'Haki"

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