Bonjour,
I. En soi, le cumin est Cachère Lépessa'h
Le cumin est une épice. Par conséquent, il est en principe autorisé à Pessa'h.
II. La controverse au sujet de la présence d'avoine dans le cumin
Cependant, comme vous le sous-entendez, la consommation de cumin a déjà posé problème pendant la fête de Pessa'h. En effet, la forme des graines de cumin est similaire à celle des graines d'avoines. Or, il y a quelques années, le Rav Chlomo Moché Amar (actuel Grand-Rabbin de Jérusalem) a alerté l'opinion sur le fait qu'après expérimentation, il a retrouvé des traces d'avoine dans du cumin moulu.
Il en a conclu que le cumin moulu acheté dans le commerce pouvait devenir 'Hamets pendant Pessa'h, si on le mélangeait à un plat pendant la fête, par exemple. Il a donc exhorté la population à ne plus consommer de cumin pendant Pessa'h, même si une autorité rabbinique garantit "Cachère Lépessa'h". En effet, il suppose qu'il n'est pas possible d'effectuer le tri adéquat entre les grains de cumin et les grains d'avoine avant la mouture.
Alerté sur cette question récemment par un ami, je me suis renseigné auprès d'un proche du Rav Amar. Celui-ci maintient sa position : il ne faut pas consommer de cumin à Pessa'h, car il n'a pas constaté d'amélioration des pratiques concernant ce problème. Il recommande aux inconditionnels du cumin de moudre eux-mêmes leur cumin après l'avoir trié avant Pessa'h.
Cependant, selon ce proche du Rav Amar, qui a lui-même mené l'enquête, un imminent spécialiste de Cacheroute lui aurait révélé que le Rav Ovadia Yossef avait à l'époque désapprouvé la décision du Rav Amar d'interdire le cumin. Rav Ovadia Yossef n'aurait pas publié ses réserves publiquement pour ne pas porter atteinte au respect du Rav Amar.
Les raisons pour lesquelles Rav Ovadia Yossef aurait pu émettre des réserves à la décision de Rav Amar ?
1. Avant Pessa'h, l'avoine représente à l'évidence moins de 1/60ème du mélange.
2. L'expérimentation du Rav Amar a révélé un problème, mais cela ne signifie pas que toutes les productions de cumin soient problématiques. Il n'y a donc qu'un doute.
III. Ce que font les organismes de Cacheroute en Israël, dans la pratique
Dans la pratique, la plupart des organismes de Cacheroute israéliens autorisent le cumin moulu pendant Pessa'h, en proposant des productions spéciales estampillées "Cachères Lépessa'h" (exemple : le Badatz Beth Yossef). Certains organismes s'y refusent (exemple : le Badatz Ha'éda Ha'harédith de Jérusalem).
Pour le Badatz Ha'éda Ha'harédith de Jérusalem, même lorsque leur logo est présent sur le paquet, il est précisé "Lo Kolel Pessa'h" (la surveillance rabbinique n'inclue pas Pessa'h). Mais, en général, le même paquet bénéficie de la surveillance du Badatz Beth Yossef pour Pessa'h.
IV. Conclusion
Il est très probable que, dans un restaurant sous la surveillance du Badatz Beth Yossef, on vous ait servit du cumin Cachère Lépessa'h sous la surveillance du Badatz Beth Yossef. A priori, il est bon de se montrer strict et d'éviter tout produit sujet à débat pendant Pessa'h, mais puisque nous nous trouvons a posteriori, il n'y a pas lieu de considérer que cette consommation était problématique. Il y a des avis permissifs. Il est évident que les établissements sous la surveillance du Badatz Beth Yossef continueront à commercialiser ce type de produits puisqu'ils le font avec l'aval de leur Rabbinat.
Kol Touv.