Bonjour Rav,
Une personne se trouvant aux toilettes a-t-elle le droit de parler à quelqu'un qui se trouve à l'extérieur, ou bien de répondre à un appel téléphonique ?
Merci d'avance.
Chalom,
Il est rapporté dans le Traité Brakhot (62) : "Une tradition nous est parvenue de nos maîtres, c'est de se conduire avec Tsniout (pudeur) et de garder le silence aux toilettes." Ainsi a tranché le Rama au chapitre 3 du Choul’han Aroukh. Il a également ajouté qu'il fallait fermer la porte derrière soi, même si l'on était seul (cela fait partie de la Tsniout).
Ainsi a tranché le Rambam dans Hilkhot Dé'ot (chap. 5). Selon Maran le 'Hida et d'autres décisionnaires, il y a un problème supplémentaire qui est celui de Sakana (danger). En effet, disent-ils, il y a dans ces endroits des esprits maléfiques qui peuvent nuire à ceux qui y parlent. Selon cette raison, il semblerait que dans tous les cas, même ceux exceptionnels et de grandes nécessités, il y aurait interdiction formelle de parler à cause du danger.
Seulement, notre maître Rav Ovadia Yossef a écrit que bien qu'il faille faire attention de ne parler dans les toilettes, en cas de grande nécessité on pouvait être indulgent et permettre de parler. Les preuves que notre maître rapporte sont basées sur deux grands décisionnaires.
Le premier est ce qu'a écrit le Gaon Yaavets dans son livre "Mor Ouktsia", où il est rapporté que de nos jours le Roua'h Ra’a (esprit maléfique) n'existait plus dans nos toilettes, car la Guemara a parlé des toilettes de l'époque qui se trouvaient dans la campagne en dehors des maisons, tandis que de nos jours, où les sanitaires se trouvent dans les maisons, il n'y a plus de danger (les Mazikim ne nuisent pas en ville, dans un endroit d'habitation).
La deuxième raison, est celle du grand maître, le Maharchal, qui affirme que le fameux Roua'h Ra’a qui se fige sur les mains le matin au réveil, n'existe plus aujourd'hui. La preuve en est qu'à l'époque des 'Hakhamim, quiconque touchait ses yeux avant la Nétila avait de "grandes chances" de devenir aveugle, tandis qu'aujourd'hui chacun peut constater que ce risque n'est plus d'actualité.
Par conséquent, il en est de même pour le Roua'h Ra’a des toilettes, celui-ci aurait été, selon le Maharchal, éradiqué. De ce fait, le problème du danger est écarté pour quiconque parlerait dans ces endroits. Il ne reste que le problème de Tsniout.
C’est pourquoi, à priori, on ne parlera pas aux toilettes, sauf en cas de grande nécessité, comme des parents qui parleraient avec leurs enfants (quand la communication verbale est absolument nécessaire), ou bien pour répondre au téléphone si l'on juge la communication extrêmement indispensable. Néanmoins, dans tous les cas, on s'efforcera de raccourcir et d'écourter au maximum le débit des mots.
Kol Touv.