Bonjour,
J'ai passé une commande sur un site Internet où j'ai commandé 10 unités du même article.
Or, on m'en a livré 12.
Le propriétaire étant certainement non-juif, dois-je le contacter pour lui faire part de son erreur ou ai-je le droit d'en profiter ?
Merci d'avance.
Chalom Ouvrakha,
Il ne s'agit pas là d'un vol - ce qui est strictement interdit, même envers un non-juif (Rambam chapitre 1 de Hilkhot Guézéla) -, mais il s'agit ici d'une erreur commise par le non-juif (Ta'out 'Akoum). La question est donc de savoir si, d'un point de vue hilkhatique, nous avons l'obligation de rendre la perte d'un non-juif (Hachavat Avéda).
La réponse est que les erreurs commises par un non-juif ne nous obligent pas à le corriger (Baba Kama 113b, Rambam Guézéla 11, 4, et Rambam Hilkhot Guenéva, chapitre 7, rapporté dans le Béèr Hagola 'Hochen Michpat 348, 4).
Certains ont voulu dire que, de nos jours, on doit rendre les pertes d'un non-juif (Dina Démalkhouta Dina), mais leurs avis ont été réfutés (Michné Halakhot tome 7, 270).
Il faut tout de même savoir que, d'un point de vue moral, il est bien de sanctifier le nom d'Hachem (s'ils savent que vous êtes juive) et de faire l'effort de rendre cette perte. En effet, le Midrach (Dévarim Rabba 3, 3) nous rapporte une histoire semblable à la vôtre.
Lorsque Rabbi Chimon ben Chéta'h a acheté un âne d'un non-juif, ses élèves trouvèrent dans ses poils une pierre précieuse, et Rabbi Chimon ben Chéta'h leur a dit : "J'ai acheté un âne, mais pas une pierre !", et il a rendu la pierre à son propriétaire non-juif, qui proclama : "Bénit soit le D.ieu de Chimon ben Chéta'h".
Une autre histoire est rapportée dans le Yérouchalmi (Baba Métsia 2, 2) où les sages avaient acheté du blé dans lequel se trouvaient des pierres précieuses. Les sages les ont restitué aux propriétaires, et les non-juifs ont alors proclamé : "Bénit soit le D.ieu des juif' (voir Or'hot Tsadikim Cha'ar Haémèt).
C'est encore l'occasion pour moi de préciser que, parfois, la Halakha permet, mais la Hachkafa (vision et perception des choses) l'interdit.
Conclusion : selon la Halakha, vous pouvez garder ce qui vous a été envoyé, mais si vous allez sanctifier le nom de D.ieu en rendant la perte, il serait bien de la restituer.
Kol Touv.