Chalom,
Comment expliquer le principe de "Mitokh Chélo Lichma Ba Lichma" ?
Je ne comprends pas comment de cette manière on arrivera à agir de façon désintéressée...
Chalom,
Le principe fonctionne de la manière suivante :
1/ Je désire accomplir une Mitsva.
2/ J'ai un Yetser Hara' (force spirituelle négative) et un Yetser Hatov (force spirituelle positive).
3/ La force qui me pousse à faire la Mitsva est le Yetser Hatov. Cependant, c'est d'abord l'intérêt que j'ai développé pour cette Mitsva qui m'a poussé à m'y intéresser. Je vis en quelque sorte une rencontre avec une idée et une pratique qui "me parlent".
4/ Cette "rencontre" n'est possible que parce que cette Mitsva correspond à une représentation que j'ai en moi.
Exemple : le Chabbath.
J'aime manger. Le Chabbath, on a l'obligation de consommer trois repas. Donc je suis d'accord pour faire cette Mitsva parce que ce qui m'est demandé correspond à MON mode de représentation du Chabbath.
J'ai donc fonctionné selon le principe de "Mitokh Chélo Lichma Ba Lichma". J'accomplis la Mitsva par "intérêt personnel", en ceci que j'accomplis une action en fonction du bien corporel-psychique-mental qu'elle me procure, des joies gustatives qu'elle promet etc. etc.
Plus tard, parce que je suis profondément interpellé par le Chabbath, parce que ma perception et mon vécu du Chabbath vont grandir au fur et à mesure que je vais étudier les lois du Chabbath, les Midrachim du Chabbath, les textes kabbalistiques relatifs au Chabbath, je vais manger afin de m'insérer dans le Chabbath, afin d'accomplir un certain nombre de "Tikounim" (réparations mystiques) propres au Chabbath.
J'arrêterai de manger comme un trou et je me concentrerai plutôt (par exemple) sur le fait que l'on doit manger du poisson Chabbath, car les âmes des justes reviennent dans les poissons, parce que la valeur numérique du poisson, en hébreu, est 7, parce que les poissons n'ont pas été détruits lors du déluge. Bref, toutes sortes de considérations mystiques qui fondent certains usages du Chabbath.
Mieux encore, nos Sages expriment clairement le fait que l'homme est tenu de passer par une phase "Chélo Lichma" pour arriver au "Lichma".
On peut par exemple étudier la Torah pour devenir un Rav respecté. On peut même pousser un enfant à étudier en lui faisant miroiter qu'un jour, il sera lui aussi, un Rav entendu et respecté. Si ce qui se cache derrière cette attitude est une profonde envie de grandir, d'apprendre et de toujours fréquenter des érudits dont j'aurai toujours quelque chose à apprendre, on classera cette démarche dans la catégorie du "Chélo Lichma" qui conduit au "Lichma".
Le rêve de l'échelle de notre ancêtre Ya'akov est là pour nous rappeler ce principe intangible : toute ascension se fait par étape, et l'une d'entre elles est nécessairement le "Chélo Lichma", lorsqu'il ne constitue qu'une partie de l'assise de la démarche...