Midrashim sur l'encens

Chalom,

Le secret de la Kétoret, l’encens, a été dévoilé à Moché lorsqu’il monta au ciel pour recevoir la Torah. En effet, le Talmud relate le dialogue qui eu lieu entre les anges et Moché :

"Lorsque Moché monta au ciel, les anges officiants s’adressèrent au Créateur :

- Maître du monde, qu’est-ce qu’une créature née d’une femme a à faire parmi nous ?

- Il est venu pour recevoir la Torah, répondit D.ieu.

Ils s’écrièrent :

- Ce précieux trésor que Tu as gardé pendant neuf cent soixante-quatorze générations avant la création du monde, Tu veux le confier à un être de chair et de sang ! Qu’est-ce que l’homme pour que Tu Te souviennes de lui ? Et le fils de l’homme, pour que Tu prennes garde à lui ? (Téhilim 8,5). Que Ton nom est magnifique sur toute la Terre ! Ta majesté s’élève au-dessus des cieux.

Hachem demanda alors à Moché de répondre aux anges. Moché s’adressa à D.ieu et Lui dit :

- Maître du monde, je crains trop qu’ils ne me brûlent avec l’haleine de leur bouche !

Hachem lui demanda alors de saisir le Trône Divin avant de répliquer aux anges. Il est dit en effet : "Il tient la face de son trône, il répand sur lui sa nuée" (Iyov 26,9). De ce même passage, Rabbi Nahoum précise : "Il nous apprend que le Tout-Puissant répandit sur Moché la splendeur de la Chékhina et l’enveloppa de nuages".

Moché Lui demanda alors :

- Maître du monde, dans la Torah que Tu veux me donner, qu’est-il écrit ? « Je suis l’Eternel, ton D.ieu, Qui t’a fait sortir d’Égypte » (Chémot 20,2).

Puis, s’adressant aux anges :

- Vous êtes-vous rendus en Égypte ? Avez-vous été esclaves de Pharaon ? Quel besoin avez-vous de la Torah ? Quant à ce qui y est écrit ensuite : "Tu n’auras pas d’autres dieux devant Ma face", résidez-vous au milieu de nations idolâtres ? Il est écrit également : "Souviens-toi du Chabbath pour le sanctifier", pourquoi auriez-vous besoin d’un jour de repos ? Fournissez-vous un travail ? Il est écrit encore : "Honore ton père et ta mère", avez-vous seulement des parents ? Il est écrit : "Tu ne tueras point, tu ne commettras point d’adultère, tu ne voleras point", ressentez-vous de la jalousie ? Existe-t-il en vous de mauvais penchants ?

Aussitôt, les anges se mirent à louer le Créateur : "Éternel, notre Seigneur ! Que Ton nom est magnifique sur toute la Terre !"

Chacun se montra amical envers Moché et lui transmit un secret, comme il est dit : "Tu es monté sur la hauteur, tu as emmené des captifs, tu as pris des dons en tant qu’homme" (Téhilim 68,19) ; ce qui signifie : parce que tu as été méprisé en tant qu’homme, tu as pris des dons en compensation. Même l’ange de la mort lui fit une confidence. En effet, "Aharon offrit la Kétorèt et procéda à l’expiation du peuple. Il se plaça entre les morts et les vivants" (Bamidbar 16,47). Si l’ange de la mort n’avait pas enseigné à Moché comment préparer la Kétorèt, par quel moyen Aharon l’aurait-il su ? (Chabbath 89a).

Le Temple, symbole de la vie, réunit en lui les symboles de tous les sens de l’Homme. L’autel des encens (Mizbéa'h Hakétorèt) représente l’odorat ; la Table (Choul’han), le goût ; la Ménora (candélabre) symbolise la vue ; enfin, la parole et l’écoute sont représentées par le Kodech Hakodachim, le Saint des saints. Qu’est-ce qui unira tous ces sens ? Le souffle de vie.

Notre vie est en réalité l’expression de la vie d'Hachem. D.ieu a mis de Sa vie en nous. À cet effet, Il insuffla en nous l’âme, qui est en quelque sorte une partie de Lui-même. Nos Sages donnent l’exemple d’un souffleur de verre qui transmet de son souffle pour fabriquer l’objet, ainsi Hachem insuffla de Sa vie en nous dotant d’une âme provenant de Lui-même. Et ce n’est pas un hasard si D.ieu choisit de nous insuffler notre âme par le nez, car cet organe est la représentation même de la vie. La Kétorèt vient justement souligner la préséance de cet organe et de ce service.

Le Talmud (Sanhédrin 93b) enseigne que le Messie ne jugera que par l’odorat : "Il sentira ainsi avec la crainte de D.ieu, il ne jugera point selon ce que ses yeux croiront voir, il ne décidera pas selon ce que ses oreilles auront entendu" (Yéchaya 11,3). Le Machia’h ben David sentira quelqu’un et sera capable de cerner sa nature et ses actions ; en sentant une personne, il dira si elle est innocente ou coupable (Rachi). Les justes dégageront une bonne odeur qu’il décèlera, et les autres le contraire.

Extrait de "Lumières sur la Paracha" Tsav.

Qu'Hachem nous aide à dégager une bonne odeur et à faire en sorte que le monde en soit rempli...