Bonjour Rav,
Si un juif est associé dans un magasin avec un non-juif, doit-il poser des Mézouzot ?
S'il n'en est pas obligé, a-t-il le droit d'en mettre s'il en ressent l'envie ?
Bonjour,
Avant de répondre à votre question, il y a une grande discussion dans les décisionnaires s'il y a l'obligation de fixer une Mézouza dans un magasin de nos jours.
En effet, le Choul'han 'Aroukh (Yoré Déa chapitre 286.11) indique que les magasins sont exemptés de l'obligation d'y fixer une Mézouza, mais le Sifté Cohen (21) sur place explique : "Car il s'agit d'une maison provisoire", le Pit'hé Techouva (10 ibid) va d'ailleurs dans ce sens, en s'étonnant sur le Choul'han 'Aroukh, car une boutique dans laquelle un stock est constamment présent, même si cela n'est vrai que pour la journée, et que le propriétaire vide le magasin de son stock pour la nuit, ce lieu aura le statut de Beth Ha'otsar (réserve) où, comme le Beth Midrach (maison d'étude), on devra fixer une Mézouza, et, ce, bien que ce lieu soit vide d'étudiants la nuit !
Par conséquent, il explique que le Choul'han 'Aroukh parle sans doute de boutiques que l'on installe pour une foire ou un marché, qui sont forcément provisoires, car, à la fin du marché, on les démonte, et c'est dans ce cas que le Choul'han 'Aroukh exempt de Mézouza, mais les magasins de nos jours, qui sont des locaux fixes, ne sont pas exemptés de l'obligation d'y fixer une Mézouza (Rav Péalim volume 2, chapitre 36, Avné Nézér chapitre 384, Pit'hé Techouva 286,10, Ben Ich 'Haï Ki Tavo 22, Halikhot 'Olam volume 8, page 302, Pit'hé Ché'arim page 163, Hamézouza Véhilkhotéha chapitre 4,1).
C'est la raison pour laquelle, dans les magasins, on fixera une Mézouza en récitant la bénédiction (Yalkout Yossef Sova' Séma'hot volume 1, page 558, Yabi'a Omer volume 10, page 350). Cependant, celui qui ne souhaite pas réciter de bénédiction a sur qui se baser (voir Ibid, Pit'hé Ché'arim page 163, Ben Ich 'Haï Ki Tavo 22, Chout 'Hélèk Halévi chapitre 116).
Dans votre question, vous dites être associé à un non-juif pour le magasin.
Le Choul'han 'Aroukh (Yoré Dé'a 286,1) écrit : si une maison est louée par des associés, on y placera une Mézouza. Le Rama sur place ajoute : à condition que les deux locataires soient juifs, mais si l'un des associés locataires ne l'est pas, on ne placera pas de Mézouza. [Le Choul'han 'Aroukh s'appuie sur l'avis du Rachba sur 'Houlin 136a, tandis que le Rama s'appuie sur celui du Méiri, à la fin du premier chapitre du traité 'Avoda Zara.]
C'est la raison pour laquelle on y placera une Mézouza sans réciter de bénédiction (Birké Yossef 286,2, 'Hovat Hadar 21,2, Pit'hé Ché'arim chapitre 286, page 127,39, Yalkout Yossef 'Houppa Vékidouchin page 578, Chout Rabbi Akiva Eiger chapitre 66, Hamézouza Véhilkhotéha 8,6) s'il est certain que le non-juif n'aura pas un comportement de mépris envers la Mézouza (Hamézouza Véhilkhotéha 2,5).
Conclusion :
Etant donné qu'il s'agit d'un magasin et que vous louez avec un associé non-juif, vous placerez la Mézouza sans réciter de bénédiction, et cela que vous soyez Ashkénaze ou Séfarade. Assurez-vous au préalable que la Mézouza aura tout le respect qu'on lui doit.
Kol Touv.