Chalom Rav,
Je me permet de vous poser une question au sujet du respect des parents et sur la conduite à adopter.
Mes parents m’insultent sur chaque chose en me dénigrant ma sœur et moi, car nous sommes les plus grandes.
J’ai énormément de mal à surmonter ma colère et à m’empêcher de répondre parfois (et même souvent).
De plus, je sais qu’il ne faut pas attendre leurs remerciements pour l’aide apportée, cependant, s’il n’y a aucune prise de conscience sur l’aide apportée (pourtant colossale), c'est dur pour moi de la réaliser.
Comment réagir ?
Je ne veux pas me disputer avec mes parents, mais je me rends compte que les mots qu’ils utilisent me blessent profondément et je sais que si je leur en parle, ils ne changeront pas, car ce que je dis ne sera pas pris en compte.
Merci énormément pour vos conseils et votre écoute.
Chalom Ouvrakha,
Quel dilemme !
D’une part, vous désirez aider à la maison, faire plaisir à vos parents, et accomplir la Mitsva de Kiboud Av Vaèm, et d’autre part, vous avez l’impression que vous ne recevez que critiques et remontrances.
Je vous répondrai sur deux axes : le premier, c’est d’essayer de changer la dynamique entre vos parents et vous. Le second, c’est de vous permettre d’atténuer votre frustration.
Jusqu’à maintenant, vous avez eu l’habitude de leur répondre "à chaud", en exprimant parfois trop violemment votre frustration, pourtant légitime !
La façon la plus respectueuse, et celle qui a le plus de chance d’être entendue, serait de leur parler après une crise, quelques heures après, ou même le lendemain. Pendant la crise, retenez-vous de répondre d’aucune façon. Pensez que vous allez vous exprimer le lendemain.
Préparez-vous à cette conversation : soyez calme et restez calme ! Choisissez un moment où vos parents ne sont pas pressés ou stressés par quoi que ce soit.
Là, n’entrez pas dans les accusations, dites-leur à quel point la situation vous est difficile.
"Tu sais maman, c’est difficile pour moi d’aider et de ne recevoir que des critiques" plutôt que "Tu es toujours là à critiquer !".
"Je fais des sacrifices pour pouvoir vous garder les enfants, lorsque vous me dites un mot gentil, ça devient beaucoup plus facile pour moi", plutôt que "jamais un merci !".
"J’ai été très blessée par ce que tu m’as dit" au lieu de "tu me traites comme…".
N’attendez pas de réponse ou de réaction. Assurez-vous que vous avez été entendue. C’est un message juste et respectueux. Vous pourrez répéter votre remarque quelques fois, lorsque vous trouverez cela approprié.
Une autre façon de vous aider, c’est d’appréhender différemment les réactions de vos parents : vos parents font une erreur de communication, malheureusement trop fréquente, dans les relations parents enfants, mais aussi les relations entre conjoints ou entre un patron et employé. Lorsqu’ils font des remarques à outrance, ils pensent que c’est ainsi qu’ils vont vous permettre d’améliorer ce que vous faites (les 10% qui manquent…), leur intention n’est pas de nier les 90% que vous faites. Malheureusement, leur intervention a juste l’effet de vous éloigner…
La façon de parler de vos parents vient de quelque chose de profond (frustrations, crainte, etc.) plutôt que de leur volonté propre. Cela ne justifie rien, mais en ayant cela en tête, vous pourrez éventuellement diminuer les ressentiments que vous avez envers vos parents et éviter de les juger.
Tout ce que nous disons là n’est juste que s’il n’y a pas d’abus envers vous. Si, 'Hass Véchalom, il y avait abus, il faudrait considérer avoir une aide extérieure.
En vous souhaitant Brakha Véhatsla'ha et, avec l’aide d’Hachem, du Na'hat dans votre accomplissement de la Mitsva de Kiboud Av Vaèm.
Rav Yonathan Sebban - Enseignant et psychothérapeute