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Mépriser une personne de par sa situation financière

Rédigé le Lundi 25 Mars 2019
La question de Franck C.

Bonjour Rav,

Que dit la Torah sur le mépris envers un proche par rapport à sa situation sociale ou financière ?

Merci.

La réponse de Rav Emmanuel BOUKOBZA
Rav Emmanuel BOUKOBZA
350 réponses

Chalom,

Le mépris dont vous parlez est basé sur une vision matérialiste de la vie, assez couramment répandue dans les sociétés contemporaines et notamment dans les sociétés capitalistes qui mettent en avant la réussite financière et sociale comme critère principal pour déterminer la valeur d'un individu.

La vision de la Torah se situe aux antipodes de cette vision étroite et réductrice. Il existe un verset dans le livre de Kohélèt (12,13) écrit par le roi Chlomo, qui dit la chose suivante : "En fin de compte, tout est entendu ; crains l'Eternel et garde Ses commandements car c'est là tout l'homme".

Rav El'hanan Wasserman, dans son ouvrage Kovets Maamarim (dans l'exposé intitulé "Yirat Chamaïm"), explique ce verset de la façon suivante : pourquoi est-il dit "car c'est là tout l'homme" ? Cela signifie que le critère exclusif qui permet d'évaluer la valeur d'un homme est sa crainte de D.ieu. Si sa crainte de D.ieu est petite, alors il s'agit d'un homme petit ; si sa crainte de D.ieu est moyenne, il s'agit d'un homme moyen ; si sa crainte de D.ieu est grande, il s'agit d'un grand homme ; par contre, s'il n'a pas du tout de crainte de D.ieu, il s'agit d'un animal à visage humain. En effet, s'il ne possède pas de crainte de D.ieu, d'une part il est mû exclusivement par ses instincts et ses besoins physiques au même titre qu'un animal, et d'autre part, rien ne l'empêchera de voler ou de tuer ; car à l'inverse d'un animal qui est dépourvu d'intelligence et de la faculté de parler, l'homme a été doté d'une grande intelligence et de la faculté de parler et s'il n'est pas animé par la crainte de D.ieu, il utilisera cette intelligence et cette faculté de parler pour satisfaire ses besoins et ses instincts au détriment des autres créatures.

De la même façon, il est dit dans Yirméya (chap. 9, 22-23) : "Ainsi a dit Hachem : que le sage ne s'enorgueillisse pas de sa sagesse, que l'homme fort ne se vante pas de sa force, et que le riche ne se targue point de sa richesse ; que celui qui veut se vanter ne se vante que d'une seule chose : du fait qu'il Me connaisse, car Moi, Hachem, J'exerce la bonté et fais régner la justice et l'équité sur terre ; et ce sont ces choses-là que Je désire, parole d'Hachem."

La seule chose dont l'homme peut se vanter et qui relève véritablement de sa propre initiative est sa capacité à comprendre la volonté de son Créateur et à l'appliquer, exerçant ainsi son libre-arbitre de manière positive. En effet, il est enseigné au nom de Rabbi 'Hanina que tout vient du Ciel sauf la crainte du Ciel (traité Brakhot 33b).

L'homme est le diadème de la création ainsi qu'il ressort du récit de la création tel que rapporté dans Béréchit, non seulement parce qu'il a été créé en dernier afin que la création entière soit à son service, mais aussi parce qu'Hachem lui a donné la domination sur le monde et les espèces animales (Béréchit 1,28), dans la mesure où précisément il remplit ses devoirs vis-à-vis de Son Créateur. Au point que s'il accomplit la volonté de son Créateur, on affirme à son propos que tout a été créé pour lui (Midrach Rabba). A l'inverse, s'il n'accomplit pas la volonté de son Créateur, on lui fait remarquer que même le moustique a été créé avant lui (traité Sanhédrin 38a).

La réussite sociale et financière, si elle est mise au service de l'autre, notamment par le biais de la Tsédaka, à savoir la redistribution de ses profits à ceux qui sont dans le besoin en donnant au moins 10% de ses revenus, est effectivement une chose positive. Quoi qu'il en soit, celui qui bénéficie de la réussite financière et sociale n'est nullement autorisé à en tirer le moindre orgueil. Le verset dans Dévarim (8,18) nous enseigne : "Tu te souviendras de l'Eternel ton D.ieu, car c'est Lui qui te donne la force de réussir". En effet, le Ramban (Na'hmanide) rapporte dans sa fameuse lettre le principe selon lequel l'homme n'est nullement autorisé à retirer la moindre fierté de sa richesse du fait que c'est D.ieu Lui-même qui enrichit et appauvrit, comme le dit verset : "D.ieu appauvrit et enrichit" (Chmouel I,2,7). Davantage encore, le Ramban nous enseigne que tout celui qui s'enorgueillit du fait de ses différentes qualités (richesse, sagesse, beauté, force physique, intelligence, etc.) et se sent supérieur aux autres, rejette, du fait de son orgueil, le joug de la royauté divine.

L'homme doit prendre conscience que toutes les qualités dont il peut se vanter et toutes les réussites qui sont à son actif, lui ont été accordées par le Tout-Puissant et sont le fruit de la miséricorde divine à son égard.

Le mépris dont vous parlez est la conséquence directe de ce sentiment d'orgueil qui est extrêmement grave puisqu'il s'agit d'un rejet de la royauté divine. Le Ramban, notre maître, nous enseigne de manière encore plus explicite les vertus immenses de l'humilité. Il affirme en effet qu'il faut considérer chaque être humain comme supérieur à soi. Il n'y a donc pas place à l'orgueil dans le judaïsme et rien ne saurait justifier le mépris de l'autre pour des raisons sociales, financières ou autres.

Je vous conseille d'étudier régulièrement les livres de Moussar (éthique juive). Ils vous permettront d'acquérir une vision juste de la vie et du monde et de la diffuser à votre entourage.

Pour plus de clarté, vous pouvez consulter le lien suivant : http://www.torah-box.com/vie-juive/mitsvot/tsedaka/la-tsedaka-un-concept-revolutionnaire_10964.html

Kol Touv.

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