Bonjour Rav,
Peut-on mentir pour récupérer un prêt d'argent ?
Cela fait 4 ans que j'ai fait un prêt assez important et la personne me dit qu'elle va me le rendre, sans suite.
Pour l'instant, je ne manque de rien Baroukh Hachem, mais j'aimerais en finir, donc
puis-je mentir en lui disant que j'ai besoin de cet argent ?
Merci pour votre réponse.
Bonjour,
Il vous est permis de dire à l’emprunteur que vous avez besoin de l’argent afin de récupérer votre prêt - Vous avez, vraiment, besoin de l’argent afin de pouvoir « dormir tranquille » :)
Une question semblable a été traitée par l’un de nos maîtres à propos de deux amis ayant acheté un appareil ménager, mais l’un d’entre eux, ayant égaré la facture.
Quelques mois après l’achat, l’appareil, encore sous garantie, ne fonctionne plus.
La question qui se pose :
Est-il permis à l’acheteur d’utiliser la facture de son ami afin de bénéficier de la garantie ?
Réponse : cela est permis !
Voir l’excellent développement du Rav Hillel Its’hak Halévi dans Michepeté Halévi, volume 2, réponse 2, pages 41-77.
Dans le Talmud et les écrits de nos maîtres, il y a plusieurs références desquelles il est possible de déduire une permission pour votre question.
Voir, par exemple, Talmud Nédarim 27b et le Choul'han ‘Aroukh - Yoré Déa, chapitre 232, Halakha 14 où l’on apprend qu’il est permis de dire à un voleur que les fruits que l’on possède, appartiennent au roi, afin qu’il ne les prenne pas.
Dans le Talmud Baba Métsia 75b-76b et le Choul'han ‘Aroukh - ‘Hochen Michpat, chapitre 333, Halakha 5, nous apprenons que si des employés désirent cesser leur activité avant d’avoir achevé leur tâche et que cela entraîne une perte considérable à l’employeur ; il est permis à ce dernier de dire un « mensonge » afin de les encourager à changer d’avis et qu’ils poursuivent leur travail.
Dans le Talmud Nédarim 62b, nous apprenons qu’il est permis de dire une chose inexacte afin de repousser une réclamation indue : Charé Leh Letsourba Midérabanane Lemémar ‘Avda Denoura Ana…
Voir, également, Talmud ‘Houlin 127a : Poumepeditaa Lavyakh, Achné Ouchpizakh...
Nos maîtres déduisent du Talmud Sanhédrin 29b qu’il est permis de ne pas dire la vérité afin d’éviter du ‘Ayin Hara’ : 5 enfants au lieu de 7, par exemple. Voir Achré Ha-ich [Rav Yossef Chalom Elyachiv], page 192 et Yedé Cohen-Kountrass Emet Laamita [Rav Yossef David Cohen], chapitre 8, Halakha 6.
Il est permis d’écrire sur la clôture de son jardin « Attention chien méchant ! » - même si l’on ne possède pas de chien - pour faire fuir ceux qui ignorent l’interdiction de voler. Voir Yedé Cohen-Kountrass Emet Laamita [Rav Yossef David Cohen], chapitre 8, Halakha 2, note 158.
Voir Talmud Yoma 83b où deux grands Sages se sont adressés à la femme d’un voleur pour récupérer leurs biens. Ils lui dirent une chose inexacte.
Voir Cha’aré Techouva, passage 8 sur Choul'han ‘Aroukh, chapitre 448 : Véniré Dehou Hadin Chemoutar Lomar Lehamécharet Chéyichal Hamaftéa’h Méhaéno Yéoudi…
Voir, également, Talmud Méguila 13b à propos de Ya’acov Avinou affirmant que lorsqu’il s’agit de Lavan, le malhonnête, il est permis d’utiliser certaines sortes de ruses : Amar Yaacov Lera’hel…
Dans l’ouvrage Titène Emeth Léyaacov [Rav Yaacov ‘Hizkiya Fich], édition 5775, page 204, il y a d’autres preuves à l’appui.
Attention !
Il reste un détail à éclaircir : l’interdiction de réclamer une dette à un emprunteur n’ayant pas les moyens : Lo Tihyé Lo Kénoché [Chémot 22, verset 24].
D’une manière générale, si l’on est certain que l’emprunteur n’a vraiment pas les moyens de rembourser, il n’est pas permis de lui réclamer la dette.
Si l’on a un doute ou si l’on pense qu’il a des biens qu’il peut vendre, cela est permis.
Voir Min’hat ‘Hinoukh, Mitsva 67 « au nom » du Rambam et du Choul'han ‘Aroukh, ‘Hochen Michpat, chapitre 97, Halakha 2, Pit’hé ‘Hochen, Hilkhot Halvaa, chapitre 2, Halakha 8 et note 18, Choul'han ‘Aroukh Harav, Hilkhot Halvaa, Halakha 3 et 13.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.