Bonjour Rav,
Il y a aujourd'hui en Israël une nouvelle Hachga'ha, la Té'ouda Pratit.
Peut-on manger dans ces restaurants ?
Si je connais le propriétaire et qu'il me garantie que tout est Cachère, puis-je y manger ? N'y a-t-il pas un problème de Marit 'Ayin ?
Merci.
Bonjour,
Il n'est absolument pas recommandé de manger dans de tels établissements, bien qu'il n'y a pas de problème halakhique stricto sensu.
Je m'explique. Il n'y a rien dans la Halakha qui régisse la manière dont se crée un organisme de Cacheroute. Donc, théoriquement, si un organisme privé dirigé par des Rabbanim sérieux décidait de créer son propre label de Cacheroute, la Halakha nous permettrait de consommer dans un tel restaurant.
Le problème, c'est que, de cette manière, un nombre invraisemblable de structures plus ou moins douteuses pourraient faire leur apparition, et il faudrait être un véritable expert en Cacheroute pour pouvoir distinguer les surveillances rabbiniques honnêtes, et les surveillances de charlatans.
Pour pallier ce problème, le Grand-Rabbinat d'Israël, qui est un organe du gouvernement Israélien, exige que tous les organismes de Cacheroute en Israël soient sous sa tutelle. Par conséquent, il est interdit d'après la loi israélienne d'afficher sur un certificat d'un restaurant, d'une pâtisserie ou de tout autre établissement d’hôtellerie/restauration l'un des 2 mots suivants : Cachère ou Badatz, à moins, bien sûr, d'avoir une autorisation du Grand-Rabbinat.
Les organismes de type "Hachga'ha Pratit" contournent cette loi en affirmant sur leurs certificats que les établissements sont sous leur stricte surveillance. Ils ne disent pas que ces établissements sont Cachères, ni qu'ils sont sous la surveillance d'un Badatz.
Plusieurs problèmes se posent alors.
1. Le Rav qui certifie ces Cacheroutes parallèles décide volontairement de contourner la loi, généralement sous prétexte qu'il veut être plus strict que le Grand-Rabbinat. C'est un faux prétexte, car il pourrait être plus stricte tout en étant sous la supervision du Grand-Rabbinat.
2. En fin de compte, s'il y a un problème de Cacheroute, on ne pourra rien lui reprocher puisqu'il ne certifie pas que c'est Cachère !
3. En agissant ainsi, le Rav se conduit de manière semblable aux personnes qui élèvent des porcs en Israël. (La loi interdisant l'élevage de porcs sur la terre d'Israël est basée sur la Torah. Certaines personnes la contournent en faisant ces élevages sur des enclos surélevés.)
4. En agissant ainsi, ces Rabbanim montrent qu'ils ne tiennent compte ni de l'autorité de l'état, ni de l’autorité du Grand-Rabbinat, des Grands-Rabbins d'Israël...
5. Certains rabbinats Israéliens se contentent d'un minimum dans les normes de Cacheroute qu'elles adoptent. En se fiant à un organisme de certification parallèle, comment être sûr que ce minimum est respecté, alors qu'ils ne se soumettent pas à l'autorité du rabbinat ?
6. Libérés du joug du rabbinat, certains de ces organismes se permettent certaines libertés. L'organisme Hachga'ha Pratit, par exemple, a décidé d'engager des surveillantes rabbiniques. Dans une longue réponse consacrée à ce sujet, le Rav Its'hak Yossef, actuel Grand-Rabbin Séfarade d'Israël, s'étend sur plusieurs pages pour démontrer halakhiquement que les femmes sont aussi fiables que les hommes pour tout ce qui concerne la Cacheroute, et qu'aucune loi ne s'oppose à ce qu'elles assurent le contrôle d'une cuisine. Cependant, il conclue qu'en aucun cas une femme ne doit être surveillante rituelle pour les raisons suivantes :
A. La promiscuité d'une cuisine professionnelle et le fait qu'elle soit constituée essentiellement d'éléments masculins, de manière générale, ce métier ne permet pas de respecter les lois du Yi'houd (isolement).
B. Selon lui, la recherche d'une équité parfaite entre les hommes et les femmes sur le domaine rituel est souvent le fait d'une pression exercée par les réformistes. Or, il ne convient pas de leur laisser du terrain, parce qu'ils profitent de chaque brèche pour accentuer leurs revendications.
Je rajouterai à cela que le profil d'un surveillant rituel correspond à une personne imposante qui sait se faire respecter du personnel de cuisine. Or, le personnel de cuisine est généralement constitué de personnes imposantes physiquement. En d'autres termes, la sensibilité féminine ne convient pas tellement à ce métier, et rares sont les femmes capables d'assumer ce rôle. (Il n'est pas rare que des surveillants rituels exigeants se fassent menacer et subissent des scènes d'intimidation de la part des gérants des restaurants.)
7. En mangeant dans de tels restaurants, on réduit l'autorité des structures religieuses comme le rabbinat ou comme les Badatz, et on donne du crédit à des organismes parallèles.
Bref, outre le risque qu'il y ait une véritable faille au niveau de la Cacheroute, il y a de nombreux problèmes qui pourraient encore être détaillés davantage.
Voilà pourquoi je ne recommande absolument pas de manger dans de tels établissements.
Kol Touv.