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Lire des commentateurs sur la Paracha pendant Kriat Hatorah

Rédigé le Mardi 6 Juillet 2021
La question de Ruben L.

Bonjour Rav,

Durant la lecture de la Torah, il est permis de lire Chnayim Mikra Véé'had Targoum pendant que le Ba'al Koré est en train de lire, même si ce n'est pas "Mila Bémila" (mot à mot), car on est dans le même sujet.

Mais quelqu'un qui a déjà fait Chnayim Mikra Véé'had Targoum ainsi que Rachi sur la Paracha, peut-il étudier des commentateurs sur la même Paracha, comme le Ramban, par exemple ?

Si ce n'est pas permis, pourquoi autoriser le Chnayim Mikra Véé'had Targoum ?

Merci d'avance du temps que vous allez consacrer pour me répondre, ainsi que pour tout ce que vous réalisez !

La réponse de Rav Nethanel GAMRASNI
Rav Nethanel GAMRASNI
600 réponses
Bonjour,
 
Concernant la lecture de Chnaïm Mikra pendant que le Ba'al Koré est en train de lire, tout d’abord, cela doit se faire à voix basse (Michna Broura 146,11). Il faut aussi savoir que, bien que le Choul'han 'Aroukh (Ora'h 'Haïm 146,2) écrit que cela est permis pour la raison que vous avez mentionné, cela ne devrait se faire que sous certaines conditions : il faudrait qu’il y ait 10 hommes à part lui qui suivent la lecture de la Torah, comme expliqué dans le Biour Halakha, de plus, il est aussi préférable que la personne lise verset, verset en même temps et avec le Ba'al Koré, et qu’uniquement après la lecture, la personne relira une fois complète toute la Paracha puis son Targoum (voir à ce sujet Yé'havé Da'at volume 2, chapitre 37). Malgré cela, l’idéal est de ne rien lire au moment de la lecture de la Torah, comme le conclut Maran dans le chapitre 146,2 à la fin.
 
Concernant votre question, il y a à cela plusieurs avis (certains sont rapportés dans le Choul'han 'Aroukh au nom des Richonim). En effet, dans le traité Sota (39a), il est écrit qu'étant donné que le Séfer Torah est ouvert, il est interdit de parler, même de Divré Torah, et il faut garder le silence,
 
Dans le traité Brakhot (8b), il est rapporté à propos de Rav Chéchèt qu’il détournait son visage au moment de la lecture de la Torah et étudiait.
 
Tossefot ont expliqué cette anecdote en justifiant l’attitude de Rav Chéchèt par le fait qu’il étudiait à voix basse, mais à voix haute cela serait interdit.
 
Le Rif sur le traité Méguila (14b) a expliqué que Rav Chéchèt pouvait étudier car 
"Torato Oumanouto" (il étudie à tout heure et ne s’en y extrait à aucun moment), tandis que ce qui est cité dans le traité Sota (ibid), il s’agit des autres personnes qui n’ont pas ce statut. C’est également l’avis du Rambam Téfila (12,9).
 
Rabbénou Yona sur le traité Brakhot (4b) écrit que la raison pour laquelle dans le traité Sota (ibid) la Guémara interdit d’étudier la Torah durant la lecture de la Torah, est qu’il s’agit d’une étude entamée après que l’on ait déjà commencé la lecture de la Torah, et donc, en agissant de la sorte, cela serait un mépris envers la lecture entamée, et par conséquent, il aurait fallut démarrer son étude avant le début de la lecture de la Torah, ce que faisait Rav Chéchèt.
 
Les élèves de Rabbénou Yona ont voulut expliquer que Rav Chéchèt pouvait agir ainsi car il était aveugle et qu’un aveugle est exempté de la lecture de la Torah, car la Torah écrite doit se lire et non être récitée par cœur, et, dans son cas, ne pouvant la lire, il pouvait agir ainsi. Par conséquent, son agissement n’est pas le comportement à adopter pour les voyants, et cela, même pour celui que "Torato Oumanouto" (littéralement : "La Torah est son métier"). Et en nous basant sur la définition du Eliyah Rabba rapporté dans le Michna Broura (146,9), il n’y a pas à ce jour un homme qui entre dans cette définition (je ne m’étalerai pas sur cette notion, car la définition de ces termes comporte plusieurs avis).
 
De plus Rabbénou Yona, sur le premier chapitre de Brakhot, ajoute qu’il est interdit de parler depuis le moment où l’on ouvre le Séfer Torah dès la première ouverture, jusqu’à la fin de la lecture de la Paracha, et cela bien qu’il soit permis de sortir entre les montées (la Halakha est plus complexe à ce sujet, mais là encore, je préfère me focaliser sur votre question).
 
Le Kol Bo écrit au nom de commentateurs que l’interdiction de parler est surtout à leur époque et selon leur coutume qui consistait à ce qu’uniquement la première et dernière personne qui montaient à la Torah, récitaient la bénédiction, le premier la première bénédiction ("Achèr Ba'har"), et le dernier, la dernière bénédiction ("Achèr Natane"), alors que les cinq autres ne récitaient pas de bénédiction, puisqu'en s’acquittant de la bénédiction récitée par la première et dernière personne, il n’était pas nécessaire de la réciter à leur tour, et il ne fallait donc surtout pas parler du début à la fin, au cas où l’on serait nommé à monter à la Torah.
 
Cependant, il conclut qu’il ne faut tout de même pas parler durant toute la lecture, et cela, même selon notre coutume qui consiste à ce que chacun bénisse.
 
Conclusion : selon le Yalkout Yossef (146,2), il sera permis d’étudier à voix basse durant la lecture de la Torah, à plus forte raison s'il y a 10 personnes à part lui qui suivent la lecture de la Torah, et à plus forte raison pour celui que "Torato Oumanouto". Il en sera de même également si, avant l’ouverture du Séfer Torah, la personne souhaitant étudier s’est détournée, de telle sorte à faire comprendre qu’elle ne souhaite pas véritablement suivre la lecture de la Torah.
 
Cependant, une personne pointilleuse s’abstiendra de cela et s’efforcera de suivre la lecture de la Torah intégralement.
 
Le Michna Broura ainsi que le 'Aroukh Hachoul'han (146,6), quant à eux, ne permettent pas d’étudier la Torah durant la lecture de la Torah, et cela même à un Grand en Torah. Mais si quelqu’un n’agit pas de la sorte, il a sur qui s'appuyer.
 
Kol Touv.
Rabbi 'Haïm Kanievsky

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