Bonjour Rav,
Quelle signification ont les beignets à 'Hanouka ? Est-ce une coutume ou est-ce religieux ?
Merci.
Chabbath Chalom.
Chalom,
C'est un Minhag très répandu dans toutes les communautés de manger des beignets frits dans de l’huile pendant 'Hanouka. Cela n'est en aucune façon une loi. Aucun des décisionnaires n’évoquent cette coutume qui a des racines très anciennes.
Où trouvons-nous l'idée du beignet dans la Torah ?
Le livre Chmouel (18-8,9) raconte que Tamar, la fille de David, prépara pour son frère des gâteaux frits : "…elle prit de la pâte, la pétrit, en confectionna des gâteaux…Et les fit cuire…Puis elle prit la poêle et en répandit le contenu devant lui…". Se référant à la traduction araméenne de ce texte, les commentateurs ont expliqué que Tamar a du verser de l’eau bouillante sur la pâte avant de la faire frire dans de l’huile (voir Sannédrin 21a), et ces gâteaux sont semblables aux beignets que nous confectionnons aujourd’hui.
Il est possible de trouver d’autres allusions de ce type dans la Michna Khala (ch.1, 4), ou dans le traité du Talmud Pessa'him (37a), où les commentateurs précisent que ces beignets sont des sortes de gauffres que l’on fait frire dans de l'huile bouillante.
Mais revenons à votre question. Le premier qui rappela l’usage de manger des beignets à l’occasion de la fête de 'Hanouka fut Rabbi Kalonimus, fils de Kalonimus, fils de Meïr Hanassi, qui vécut il y a environ 700 ans dans le sud de la France, et rédigea des poêmes.
Dans le livre "Even Bohen", il écrit : "Le neuvième mois, à Kislev… des femmes importantes instruites à faire des gâteaux ronds,… de la boullie,… des flancs,…des beignets,.. des gauffres".
La raison de cette tradition de déguster diverses pâtisseries frites dans l’huile justement à 'Hanouka n’est pas précisée.
Nous trouvons une raison dans le livre "Sarid Ete Palit", écrit par le Rav Yaacov Moché Tolédano, dans lequel il mentionne certains faits ramenés au nom de Rbabi Yéhouda Toledano, dont les origines viennent du livre de Rabbi Hassavaouni de la ville de Sali, et consacré à Rabbi Maïmon, le père du Rambam, à propos de l’importance de conserver nos traditions en général, et donc également l’usage de manger des beignets frits à 'Hanouka, qui, selon lui, remonte à des temps très anciens.
Rabbi Maïmon soutient la thèse que l’huile de la friture est un souvenir de "sa Brakha", c'est-à-dire, peut-être, la Brakha qui était dans la quantité infime de l’huile de la fiole et qui permit d’allumer les lumieres du Beth Hamikdach durant 8 jours…
Le Rav Chlomo Zalman Auerbach zatsal émet une autre possibilité qui permettrait de comprendre les raisons de ce Minhag.
Après leur victoire, lorsque les Cohanim purifièrent tout le Beth Hamikdach, ils ne surent pas purifier les pierres de l’autel, et ne purent l’utiliser afin d'apporter des sacrifices, et ils décidèrent de consommer des produits farineux, dont la bénédiction finale, dans son contenu, les contraint à évoquer l’autel des sacrifices (Mizbéa'h), et non du pain dont la bénédiction finale (Birkat Hamazone) n'évoque pas le Mizbéa'h.
'Hag 'Hanouka Saméa'h et Kol Touv.