Kvod Harav,
L'interdiction du 'Hamets à Pessa'h occasionne un très grand travail : nettoyage, changement de vaisselle, Cacheroute spéciale, etc.
Or, c'est en souvenir des Matsot que nos ancêtres mangeaient en Egypte et à la sortie d'Egypte.
A priori, ce n'est qu'un détail et l'importance que ça prend à Pessa'h semble disproportionnée ?
Mes parents et leurs amis étaient des rescapés de la Shoah. Ils racontaient leur expérience (ce qui correspond à la Haggada de Pessa'h). Mais la nourriture y tenait peu de place. D'ailleurs, c'était plutôt l'absence de nourriture.
Pouvez-vous m'éclairer sur le sens à donner à l'importance de la nourriture que l'on avait en Egypte et à la sortie d'Egypte ?
Merci d'avance.
Bonjour,
Ah non ! Ce n'est pas un simple détail et ce n'est pas disproportionné.
Rabbi Moché 'Haïm Luzzato (1707-1746) explique :
Durant la fête de Pessa'h, nous sommes tenus de consommer uniquement de la Matsa, ne contenant pas la moindre quantité de levain. Le levain est présent dans le pain afin de le rendre moelleux, lui donner une certaine légèreté et un aspect plus esthétique. Ainsi, sa digestion est beaucoup plus douce et sa consommation devient une agréable partie de plaisir.
Le levain fait donc allusion aux forces du mal, poursuivant infatigablement l'être humain afin de l'attirer vers ce qui est bon et agréable, et non pas vers ce qui est utile et nécessaire. Dérekh Hachem, partie 4, chapitre 8.
Le levain est la substance qui entraîne la fermentation, en agissant sur la pâte et en décomposant ses parties. Il transforme ainsi un état naturel, formé uniquement de farine et d'eau, et lui fait subir l'action de l'homme en vue de la faire correspondre à son goût.
Contrairement à la Matsa, le pain au levain est une expression de la domination et de l'emprise des hommes sur la nature. C'est la raison pour laquelle, la Matsa constitue notre nourriture principale et exclusive durant la fête de notre libération, qui elle également, est exclusivement divine.
Le levain est, comme nous l'avons souligné, comparé à la passion du mal dans l'âme. Lorsque cette fermentation de l'âme est présente, sa pureté est alors soumise aux forces du mal qui la soulèvent contre les forces du bien en la poussant à agir contre la volonté de son Créateur.
Bien plus que cela, le Zohar affirme que la nourriture absorbée par l'homme, est l'un des facteurs dont dépend son aptitude à connaître et percer la sagesse Divine de la Torah.
"La nourriture impure et grasse rend le cœur insensible et imperméable à toute sagesse" [Talmud Yoma 39a], mais plus elle est pure et "fine", plus elle rend l'esprit apte à percevoir cette sagesse Divine.
D'ailleurs, l'une des premières mesures prises pour le futur peuple de la Torah, dès sa libération, fut le changement de nourriture. C'est un pain très fin et non levé qui fut choisi pour être l'aliment de base : la Matsa.
Par la suite, lorsque les dernières Matsot furent consommées, ce fut une nourriture encore plus raffinée qui fut offerte au peuple d'Israël : la manne.
Elle était si pure et parfaite qu'elle ne comprenait aucune matière devant être évacuée du corps par les voies naturelles [Talmud Yoma 75b].
La consommation de la Matsa nous éduque donc dans ce sens :
"Il suffit d'un mélange de farine et d'eau afin de survivre, il n'est même pas nécessaire d'attendre pour que la pâte puisse lever et nous offrir un pain moelleux et agréable au palais."
Finalement, quelle est la différence entre une belle tranche de pain et une Matsa toute "chétive", n'est-ce pas ces quelques instants, séparant le pétrissage de l'enfournement ?
Ce sont ces quelques instants tellement importants qu'il faut utiliser à bon escient et ne pas en user pour des fins superficielles et trompeuses [l'aspect extérieur ou le goût].
La Torah nous enseigne : "Pendant sept jours (ou huit jours), prends conscience de cette leçon tellement importante et applique-la durant le restant de l'année".
Pour des détails supplémentaires, cliquez sur ces liens :
https://www.torah-box.com/question/les-raisons-profondes-de-l-interdiction-du-hamets_74283.html
https://www.torah-box.com/question/hamets-mal_18410.html
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.