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La guerre dans la Torah : le sens des versets

Rédigé le Jeudi 26 Juin 2014
La question de Massyle L.

Chalom cher Rav,

Il est écrit dans Dévarim (chap. 20 v. 10-15) :

"Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui offriras la paix. Si elle accepte la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi. Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle veuille te faire la guerre, alors tu l'assiégeras. Et après que l'Éternel, ton D.ieu, l'aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l'Éternel, ton D.ieu, t'aura livrés. C'est ainsi que tu agiras à l'égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi, et qui ne font point partie des villes de ces nations-ci. Mais dans les villes de ces peuples dont l'Éternel, ton D.ieu, te donne le pays pour héritage, tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire".

Des musulmans m'ont cité ces quelques versets pour justifier leur non-croyance en la Torah.

Cependant, il me semble que les valeurs du Judaïsme n'ont jamais défendu ce genre de comportement envers les autres peuples.

Comment expliquer cela ?

Toda Rabba.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40078 réponses

Chalom,

1. A ce sujet, il faut tout d'abord lire et comprendre la première explication de Rachi sur Béréchit 1/1.

2. Tous les versets de la Torah et plus particulièrement les versets que vous mentionnez dans votre question ne peuvent être compris qu'à la lumière des explications de nos Sages figurant dans le Talmud et les Midrashim.

A ce sujet, je vous conseille vivement de lire :

"Le Midrash raconte" sur Dévarim pages 313-319.

"La voix de la Torah" sur Béréchit 1/1.

"La voix de la Torah" sur Dévarim versets 10-15.

"Le Houmach" l'édition Edmond J. Safra pages 1101-1105.

3. Toutes les guerres mentionnées dans notre Torah ne sont pas des décisions humaines ou le fruit d'une pensée ou d'un fantasme d'un quelconque être humain.

On ne pouvait déclarer une guerre que sur un ordre divin !!!

Le seul moyen dont on disposait pour connaitre la volonté du Créateur était le Ourim Vétoumim.

En voici une brève description :

Les Ourim Vétoumim faisaient partie du 'Hochen - l'un des Habits du Cohen Gadol.

Le 'Hochen était tissé d'un fil à vingt-huit éléments. Il était de forme rectangulaire et replié sur soi pour former une sorte de poche en deux carrés égaux. Le Cohen Gadol le portait superposé contre son cœur.

Le 'Hochen était tissé de manière à porter quatre rangées de trois pierres précieuses sur lesquelles figurait le nom des douze tribus, celui d'Avraham, Its'hak et Yaacov, ainsi que deux autres mots.

Entre les deux carrés étaient insérés les Ourim Vétoumim qui étaient, en fait, deux rouleaux en parchemin sur lesquels était inscrit l'un des noms d'Hachem composé de 70 lettres. A ce sujet, voir la description rapportée dans Chémot 28, 15-30.

Ces deux parchemins constituaient l'âme du 'Hochen; c'est grâce à eux que le 'Hochen s'éclairait et que le système de réponse fonctionnait.

D'ailleurs, le Midrash explique : Ourim - vient du mot Or au pluriel lumières. Toumim - vient du mot Tam - parfait : toutes les réponses étaient parfaites !

Seuls des sujets concernant le roi d'Israël, le Grand Tribunal Rabbinique de Jérusalem ou le peuple juif dans son ensemble (guerres....) pouvaient être tranchés au moyen des Ourim Vétoumim !

L'homme qui devait poser la question se rendait auprès du Cohen Gadol portant le 'Hochen. Ce dernier tournait son visage vers le Saint des Saints où se trouvait le Aron Hakodech et l'interrogateur se tenant derrière lui devait formuler sa question d'une voix douce comme s'il exprimait une prière. Il va sans dire que la personne qui se présentait devant le Cohen devait avoir un certain niveau de Crainte du Ciel et il devait être représentant officiel du peuple juif : roi, président du tribunal rabbinique, ou tout homme dont le peuple avait besoin.

Le Cohen Gadol recevait alors une inspiration divine qui lui permettait de déchiffrer la réponse qui apparaissait sous forme de lettres éclairées. Bien entendu, il devait être en mesure de placer les lettres dans le bon ordre. La réponse n'était pas obligatoirement longue, elle était constituée assez souvent de quelques mots uniquement.

Cette manière d'obtenir des réponses était utilisée durant des centaines d'années et c'est avec la destruction du premier Beth-Hamikdach que les Ourim Vétoumim cessèrent de fonctionner.

Il y a encore de très nombreux détails à propos de cette question très intéressante. A ce sujet, je vous conseille de lire le Midrash raconte sur Chémot pages 357-372,  La voix de la Torah (Rav Munk) sur Chémot 28, 15-30 et enfin Le 'Houmach aux éditions Artscroll pages 501-503.

Je vous conseille vivement d'acheter ces livres, ils sont d'une importance majeure et indispensables pour tout un chacun.

Kol Touv.

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