Bonjour Rav,
Est-ce que la Torah définit la notion de "beauté" ?
S'il n’existe pas de définition précise, comment cette notion est-elle appréhendée par la Torah ?
Chalom Ouvrakha,
Nos Sages [Brakhot 57b] nous affirment qu'il y a trois choses qui "élargissent" l'esprit de l'être : une belle maison, une belle femme, des beaux ustensiles.
Certains expliquent ce passage dans le sens péjoratif, comme pour dire qu'il y a un danger dans cette largesse d'esprit, et cela peut dévier l'homme de son but [voir Maharcha sur place].
D'autres aussi expliquent ce passage de manière symbolique ['Harédim, Chla Hakadoch, Déguèl Ma'hané Ephraïm Parachat Dévarim, Likouté Moharan Torah 53 et autres].
D'autres enfin comprennent ce passage de manière tout à fait positive [voir Ta'anit 31a, Yébamot 43b, Chabbath 25b, Méguila 14a et 15a, Kétouvot 17a, 'Avoda Zara 20a], car elle permettra à l'être d'élargir sa vision des choses.
Il me semble que l'on peut faire un compromis entre ces deux explications, et dire que cela dépend de l'attitude de la personne, et si elle est capable de cadrer et de gérer l'art, l'esthétique, etc. pour les bonnes causes, cela est positif, mais s'il n'y a pas de but spirituel, cela devient même dangereux !
Au nom de la liberté d'expressions, l'hellénisme, l'art et l'esthétique, on pourra trébucher dans l'audace, le toupet, l'effronterie, etc., on sera même capable d'exhiber la nudité, en oubliant les règles de décente et de pudeur, pourtant élémentaires... Dès lors, la beauté rendra l'homme sans limites et sans règles, jusqu'à parfois la débauche.
Et c'est là où la Torah prend position et nous demande de "cadrer" la beauté ! En effet, nous devons réaliser les Mitsvot avec un Hidour, une certaine beauté, un beau Talith, un beau Chofar, etc. [voir Chabbath 133], c'est-à-dire de prendre cette beauté et de la canaliser vers les choses spirituelles.
Yéfèt, le fils de Noa'h, qui symbolise la Grèce, est béni par son père [Parachat Noa'h chapitre 9] que D.ieu donne la beauté à Yéfèt et qu'il réside dans les tentes de Chèm [Chèm représente le juif, le Sémite]. Et nos Sages nous expliquent [Méguila 9b] que cette beauté ne peut être conservée que lorsqu'elle est cadrée dans le Beth Hamidrach de Chèm.
Au passage, le Pélé Yo'èts conseillait à ses enfants de choisir des femmes belles pour fonder leur futur foyer !
La beauté est prise en considération par la Torah et occupe même une très grande place, mais elle ne pourra être positive que si elle est soumise au spirituel.
Kol Touv.