Messieurs les Rabbanim,
Le Talmud enseigne (Guitin 90b, Sanhédrin 22a) : "Rabbi Eléazar a dit : "Quiconque divorce de sa première épouse, même l'autel (Mizbéa'h) verse des larmes sur lui"."
Je me pose les questions suivantes sur cet enseignement :
1) Quelle relation y a-t-il entre le divorce et le Mizbéa'h ?
2) Pourquoi l'autel verse-t-il des larmes ?
3) Pourquoi parle-t-on de la première épouse ?
4) L'enseignement de nos Sages étant éternel, quelle en est l'application de nos jours, alors que le Beth Hamikdach est détruit ?
Merci pour votre investissement.
Chalom Ouvrakha,
Vous avez posé des excellentes questions et les réponses sont innombrables, mais nous allons tenter de donner un éventail de réponses (non exhaustives).
1) Adam et ‘Hava ont été conçu à partir du Mizbéa’h (voir Rachi Béréchit 2-7), et en divorçant il y a une partie du Mizbéa’h qui ne s'est pas réalisé, et c'est comme si celui-ci avait été endommagé (Rav Avraham ‘Haïm Hirsch Chor dans son livre Torat ‘Haïm et le Olélot Ephraïm).
Aussi, les femmes divorcées, dans leur détresse, allaient pleurer à côté du Mizbéa’h (Dérèkh Si’ha tome 2, Parachat Ki Tétsé, selon les propos de Rachi dans Malakhi 2-12).
Je souligne au passage que toutes les lettres de Alef Beth se trouvent dans la Parachat du Korban Tamid (sacrifice quotidien), et les seules lettres qui ne figurent pas sont les lettres Guimel et Teth (formant le mot "Guèt"), car le Mizbéa’h ne tolère pas le divorce.
2) Le Mizbéa’h est certainement l'endroit où les juifs venaient et pleuraient, et malgré cette accoutumance aux pleurs, le Mizbéa’h "pleure" (au sens figuré du terme), car les pleurs des femmes divorcées est trop fort pour lui (Tsits Eliezer 14-98).
Le Rav Eliezer Ashkénazi (petit-fils du Maharik), dans son livre Ma’assé Hachem (Parachat Béréchit chapitre 8), nous explique que le Mizbéa’h était témoin de beaucoup de "cruauté", puisqu'il voyait tous les jours des centaines de sacrifices abattus dont le sang était versé sur le Mizbéa’h etc., et pourtant, même ce Mizbéa’h versait des larmes lorsqu’il s'agissait d'un divorce.
Le Méiri complète en écrivant que le Mizbéa’h est l'objet qui plaide la cause des Bné Israël en les justifiant, mais, lorsqu'il s’agit d'un divorce, même le Mizbéa’h n'a plus d'arguments.
Aussi, le Maharcha dans Guitin nous explique que la résidence Divine (Chekhina) qui résidait dans ce couple sera dorénavant coupée (le Youd et le Hé), comme si on avait effacé le nom de D.ieu. Aussi, une fois divorcée, la femme n'amènera plus de sacrifice après un accouchement, et c'est dans ce sens que le Mizbéa’h verse des larmes.
Rajoutons que la Chekhina qui disparait au sein d'un couple devrait avoir très peu d'impact sur le Mizbéa’h qui se trouvait dans le Bet Hamikdach, et, malgré tout, le Mizbéa’h pouvait pleurer car il y a une répercussion sur le Mizbéa’h (Tiférèt Ya’acov du Rav Ya’acov Gzountheit).
3) Selon les propos du Ari zal, le premier Zivoug est celui qui convient réellement à la personne (alors que le deuxième lui est donné selon les bonnes et mauvaises actions).
Mais ce premier Zivoug est celui qui convient à condition toutefois que le mari ne faute pas, et, s’il faute, son Zivoug est repris et offert à une autre personne plus méritante que lui.
Ainsi, le ‘Hatam Sofer (tome 7-34) nous explique que s’il y a un divorce d'une première femme, cela est certainement dû au fait que le mari a fauté et qu'on lui retire son épouse, c'est pour cela que le Mizbéa’h, qui était censé expier les fautes de ce mari, pleure, car il n'a pas réussi à accomplir sa mission, et il y a eu un divorce (d'un premier mariage).
4) Les commentaires expliquent que nous constatons la gravité et la catastrophe spirituelle qu'un divorce peut entrainer, et qu’il faudra donc éviter au maximum de divorcer (si la femme ne veut pas divorcer).
Kol Touv.