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L'argent "sale" est-il prévu à Roch Hachana ?!

Rédigé le Vendredi 12 Août 2016
La question de Mi B.

Bonjour,

J'ai toujours appris que la Parnassa était prévu de Roch Hachana à Roch Hachana, et que ce qui doit nous revenir dans cette année sur le plan financier nous revient.

Comment explique-t-on alors les rentrées d'argent issues "d'arnaque en tout genre" et la richesse de ces mêmes personnes durant la période de ces arnaques ?

Est-ce aussi prévu que l'homme arnaque ?

Merci de votre réponse.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
40333 réponses

Bonjour,

Vous écrivez :

« J'ai toujours appris que la Parnassa était prévu de Roch Hachana à Roch Hachana, et que ce qui doit nous revenir dans cette année sur le plan financier nous revient. »

Réponse :

Vous avez parfaitement raison. Ceci est mentionné dans le Talmud Bétsa 16a.

Cependant, toutes les dépenses engagées pour l’accomplissement des Mitsvot ne sont pas incluses dans la décision de Roch Hachana. Plus l’on désirera y investir, plus on nous enverra les moyens pour « réaliser nos rêves ». Voir Ritva sur Bétsa 16a.

On désire acheter de belles Mézouzot pour remplacer celles que nous possédons, Hachem donnera un ordre de virement, soit avant l’achat, soit après.

Vous écrivez ensuite :

« Comment explique-t-on alors les rentrées d'argent issues "d'arnaque en tout genre" et la richesse de ces mêmes personnes durant la période de ces arnaques ?

Est-ce aussi prévu que l'homme arnaque ? »

Réponse :

Non, ce n’est pas prévu.

L’homme, dans la course contre la montre, oublie ses devoirs et pense qu’Hachem l’oublie.

Il ressent, donc, l’obligation de penser à lui-même, pour subvenir à ses besoins.

Pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, il ne verra pas de mal à transgresser les pires fautes, pensant que ce sont les seuls moyens pour y parvenir.

Le Rav Bénizri écrit :

"L’homme est aveuglé par sa lutte pour son gagne-pain. Face aux incertitudes du lendemain, il cherche désespérément les moyens de protection qui l’exposent à de nombreux risques tant sur le plan matériel que moral. Ses convictions profondes sont sacrifiées, sa dignité éclaboussée.

Loin de se limiter à ses propres besoins, son angoisse ne connaît plus de limites. Surtout quand elle est étendue aux besoins matériels de ses enfants et petits-enfants.

Inconsciemment, l’homme prend à son compte la malédiction « à la sueur de ton front tu mangeras ton pain » et se retrouve dans une situation d’exil par rapport à son espace, à son temps et à ses propres valeurs. Toute aspiration spirituelle finit par s’évanouir et la liberté de l’homme est dangereusement compromise.

Dans l’ouvrage Pessah 2, il est écrit :

Après la construction du Michkan, Hachem ordonna à Moshé de dire à Aharon : "Mets un Omer de Manne dans un flacon d'argile et dépose-le devant le Aron Hakodech [se trouvant dans le Michkan et le Beth-Hamikdach]. Il servira de témoignage éternel de la façon miraculeuse dont J'ai nourri les Bneï Israël dans le désert."

La Manne de ce flacon ne fondit pas et ne se détériora jamais. Elle resta toujours fraîche.

Elle fut conservée dans le Michkan et plus tard, dans le Beth-Hamikdach, jusqu'au temps du roi Yochiyahou, qui la cacha avant la destruction du Temple.

Dans le futur, le prophète Eliyahou rendra ce flacon aux Bneï Israël.

Au temps du prophète Yermiyahou, les Bneï Israël négligèrent l'étude de la Torah, et il leur reprocha leur défaillance.

"Nous ne pouvons pas étudier la Torah, répondirent-ils. Nous devons gagner notre vie !"

Yermiyahou sortit alors le flacon de Manne qui était posé dans le Beth-Hamikdach et le montra au peuple.

"Regardez cela ! S'exclama-t-il en désignant la Manne. Vos ancêtres se sont immergés dans l'étude de la Torah, et Hachem a pris soin d'eux.

Votre devoir est d'étudier la Torah. Sachez que Hachem a de nombreux agents pour envoyer leur subsistance à ceux qui Le craignent !".

La Manne sert de leçon concrète pour montrer que c'est le Créateur seul Qui donne la nourriture à toutes les créatures.

Les gens se bercent d'illusions lorsqu'ils croient "gagner" de l'argent.

En réalité, ils ne font que collecter la part qui a été décrétée pour eux à Roch Hachana [lorsque les revenus de chacun sont déterminés pour l'année entière].

Nous devons considérer notre position dans ce monde comme semblable à celle de nos ancêtres dans le désert.

Le Rav R. Eisenberg écrit : "Les juifs devaient apprendre la modération et se contenter de ce qui leur était accordé.

Quel que soit l'effort fourni par chacun pour collecter la Manne, en fin de journée, la quantité amassée était précisément égale à une même mesure d'un Omer dans tous les paniers.

Assurément, c'est Hachem Qui fixe la subsistance et l'homme ne fait qu'habiller le miracle.

Celui qui délaisse son accomplissement spirituel, prétendant ainsi accroître son bien-être matériel, n'obtiendra finalement pas plus que son quote-part, telle qu'elle a été fixée préliminairement par Hachem.

La fonction pédagogique de la Manne était également d'enseigner la confiance en Hachem, pourvoyeur du pain quotidien.

C'est pourquoi le processus se répétait chaque jour et il était insensé de garder les restes" (Survivre, p. 134).

De même qu'en ramassant la Manne, ils étaient parfaitement conscients du fait que leur part venait du Ciel, de même nous devons réaliser que notre revenu nous a été réservé par Hachem.

Et, de même que nos ancêtres ne ramassaient leur portion que pour le jour même, de même chaque Juif doit tendre à se contenter de satisfaire ses besoins du jour, et passer le reste de son temps à étudier la Torah et à accomplir les Mitsvot.

Nos Sages nous conseillent : "Diminue le volume de tes affaires et occupe-toi de Torah !"

Hachem a d'énormes réserves de nourriture, ainsi qu'Il l'a montré en produisant un excédent de Manne qui formait un tas haut de soixante Amot [≈ 30 mètres].

Le fait que les gens soient malgré tout à court de subsistance résulte de leurs propres défaillances. Les fautes forment une barrière qui nous empêche de recevoir la bonté d'Hachem.

Il est inconcevable pour l'homme, qui est le seul but de la Création, de passer le plus clair de son temps à travailler pour subvenir à ses besoins.

Voici un autre passage figurant dans le livre mentionné ci-dessus

"Durant les six jours de la semaine, l'homme est plongé dans ses occupations : il transforme son entourage, s'investit corps et âme dans l'amélioration de son bien-être, et doit également travailler "à la sueur de son front" pour obtenir les moyens lui permettant de survivre [la "lutte pour l'existence"]. Ces/ses occupations sont fréquemment causes de tourments, d'inquiétudes, voire même d'angoisses. Bien plus que cela, elles sont dans bien des cas, à l'origine de la distance séparant l'homme de son Créateur.

Le Rav Munk écrit : "La menace de la faim, réelle ou prétendue, fait oublier tous les principes et réduit à néant les meilleurs engagements.

Aussi longtemps que l'homme n'est pas libéré de l'angoisse que provoque en lui le souci de la subsistance, il n'y a point de place pour la réalisation intégrale de la loi divine.

Cependant, la délivrance de cette obsession n'est possible que grâce à la prise de conscience que le souci de subsistance, premier de tous nos soucis, ne repose pas seul, et pas en premier lieu, sur nos épaules. Il incombe à l'homme, dans ce domaine, comme en bien d'autres, de faire son devoir, tout en confiant la réussite à la constante sollicitude du Créateur.

Sans cette prise de conscience, l'homme rivé à la poursuite du gain matériel, ne connait pas de limite dans sa lutte pour l'existence. Elle le poussera sans cesse à la recherche de nouveaux profits, sans égards pour autrui, et elle ne tolèrera auprès d'elle aucun autre objectif et aucun autre idéal." (Commentaire sur Chémot 16/2) L'homme pourrait même se dire dans son cœur : "C'est ma force et la vigueur de ma main qui m'ont conquis cette puissance" (Dévarim 8/17). 

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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