Cher Rav,
Vendredi soir, mon père, mon oncle et moi marchons jusqu’à la synagogue. Sur le chemin, nous passons devant la mosquée où les gens préparent la fête de l’Aïd al-Adha. En nous voyant - 3 hommes portant la kippa et un livre de prières - ils nous gratifient d’un « Shabbat Shalom » sonore et souriant. Nous leur répondons avec bienveillance « Merci et bonne fête ». Puis nous continuons notre route jusqu’à la synagogue et trouvons les portes closes.
Après avoir frappé à plusieurs reprises, un jeune homme sort la tête et nous informe qu’il ne nous connait pas – la réciproque est vraie. Il sort donc en prenant soin de refermer la porte derrière lui. Il commence à nous questionner après nous avoir demandé de reculer pour lui donner de l’air. De l’air il n’en manque pas : « Votre nom ? » « Elkaïm » « Votre lien de parenté ? » « Frère, père et fils » « Nom du rabbin ? » « Serfaty » « Nom du président ? » « Racimor » « Nom de son prédécesseur ? » « ? » « Noms de personnes que vous connaissez dans la synagogue ? » « #!@? » Nous décidons de mettre fin à l’interrogatoire en rentrant chez nous car nous estimons que, quelques soient les consignes de sécurité, ce n’est pas une façon d’être accueilli à la synagogue.
Cela fait 30 ans que nous venons à cette synagogue. Personnellement, j’y ai fait mon Talmud Torah et ma Bar Mitzvah. J’y suis venu en courant pour rejoindre des amis, en trainant des pieds parce que c’était tôt le dimanche matin, en souriant, en pleurant, malade et en bonne santé car cela fait partie de la vie… de ma vie. Mais à ce jour jamais on ne m’avait barré l’accès à la synagogue… à ma synagogue!
Alors que faut-il en penser ? A la surface, il ne semble s’agir que d’un simple malentendu entre un responsable de la sécurité (?) zélé et une famille blessée de voir son appartenance à la communauté remise en question par un inconnu.
Malheureusement je pense que le mal est bien plus profond. Nous sommes la religion d’un peuple, une communauté fermée par construction. Il n’y a qu’une façon d’être juif c’est de le naître et il y a autant de façons de le pratiquer que d’êtres. C’est notre force et notre richesse. Mais lorsque nous dressons des murs, aujourd’hui, c’est nous que nous enfermons.
L’ironie du sort a voulu que ce soit un Moshé plus sadique que tsadik, totalement dépassé par les commandements de sécurité, qui nous refusa l’accès à la synagogue - 3 hommes portant la kippa et un livre de prières. Alors comme nos ancêtres, il y a plusieurs millénaires, je vais suivre le chemin indiqué par Moshé pour quitter cette maison de servitude.
un juif qui n’a plus sa place dans cette communauté
Très cher Mr
Vous écrivez : "Alors que faut-il en penser ? A la surface, il ne semble s’agir que d’un simple malentendu entre un responsable de la sécurité (?) zélé et une famille blessée de voir son appartenance à la communauté remise en question par un inconnu."
Vous avez parfaitement raison !
D'ailleurs, assez souvent je ressens exactement ce que vous venez de décrire. Que ce soit en passant à la douane Française : les surveillants n'ont pas l'air de
Vous écrivez ensuite : "Malheureusement je pense que le mal est bien plus profond. Nous sommes la religion d’un peuple, une communauté fermée par construction. Il n’y a qu’une façon d’être juif c’est de le naître.
Si je peux me permettre : c'est une erreur.
La Torah nous ORDONNE de respecter et d'aimer son prochain, quelle que soit son identité et sa provenance.
La Torah nous ORDONNE également de montrer le droit chemin à son prochain. Elle nous interdit formellement d'éloigner qui que ce soit. Apparemment, les personnes que vous avez rencontrées ont oublié les enseignements dispensés dans n'importe quelle synagogue et au Talmud Torah. J'en suis désolé et je prie D. pour que vous puissiez oublier rapidement cette mésaventure.
Vous poursuivez : "Alors comme nos ancêtres, il y a plusieurs millénaires, je vais suivre le chemin indiqué par Moshé pour quitter cette maison de servitude."
J'ai le devoir de vous rappeler les paroles de David le roi d'Israël : "La Torah de D. est parfaite, elle réconforte l'âme. Les préceptes de D. sont droits, ils réjouissent le cœur Les commandements de l'Eternel sont lumineux, ils éclairent les yeux. Les jugements de l'Eternel sont vérité, ils sont parfaits. Plus désirables que l'or, que beaucoup d'or fin, plus doux que le miel" (Psaume 19, 8-11)
Il serait bien dommage de manquer tout ce bonheur.
Vous concluez : "Un juif qui n’a plus sa place dans cette communauté"
Qu'à D. ne plaise !
Veuillez lire, s'il vous plait, la lettre suivante. Elle a été éditée par Torah-Box.
Elle a été écrite par le Yetser Hara, le mauvais penchant, plus connu sous le nom de SATAN.
A mon très cher élève,
Je t’écris cette lettre afin que tu saches ce que je pense de toi. Ici, dans le Ciel, les choses ne se passent pas comme sur la terre. Ici-bas, les gens ne comprennent seulement que ce qu’ils voient. S’ils voient une personne « réussir », ils pensent que c’est quelqu’un de bien. S’ils en voient une autre « faire des efforts », ils se disent qu’elle doit certainement faire partie des « faibles ».
Laisse-moi te dire une chose : Hachem donne à chacun des capacités dont on n’a aucune conscience dans ce monde où tu vis. Certaines personnes ont la mission de réaliser de « grandes » choses, tandis que d’autres ont des objectifs beaucoup plus modestes. Seul, Hachem, dans son infinie sagesse est en mesure de donner à chacun ce dont il a besoin pour réaliser son potentiel.
Je suis très mal perçu. La plupart des gens me détestent et je ne peux pas vraiment les blâmer. Ils pensent que mon rôle consiste à les faire échouer dans leur volonté de s’élever et que je me réjouis chaque fois qu’ils tombent. Mais, rien n’est plus éloigné de la vérité.
As-tu déjà vu un entraîneur de boxe faire travailler son élève ?
C’est vraiment drôle à voir. L’entraîneur met des gants et commence à se battre contre son élève. Au début, il ne le frappe pas trop fort et s’abstient d’avoir recours à ses meilleurs coups. Mais au fur et à mesure que son élève s’améliore, l’entraîneur le frappe de plus en plus durement. Pourquoi ? Pour que son élève aiguise ses compétences et devienne le meilleur boxeur possible. Et le comble, c’est que chaque fois que l’entraîneur fait tomber son élève, celui-ci se fait gronder ! Mais au bout du compte, une fois que l’entraîneur a testé sur son élève tous ses meilleurs coups et que celui-ci, non seulement lui a résisté, mais a réussi à le vaincre en le mettant à terre, il n’y a pas d’homme plus heureux au monde que lui.
C’est exactement ce que je ressens ! Si tu t’écroules tout de suite, sans même essayer de te battre, je comprends alors qu’il n y a pas grand-chose à espérer et je te laisse tomber. Mais si tu te relèves, prêt à te battre, alors je vois que j’ai peut-être affaire à un vrai champion et je commence à intensifier les coups. A chaque fin de round, j’augmente l’intensité du combat. Et si enfin, tu parviens à me mettre K.O., je me relèverai pour t’embrasser et me réjouir de ta victoire.
Parfois, mon métier est décevant. Je vois quelqu’un muni d’un grand potentiel et je commence à travailler avec lui. Il commence à se battre légèrement, puis quand la lutte devient trop difficile, il renonce et reste au même niveau (ce qui, en général, le fait dégringoler).
J’ai envie d’hurler : « Lève-toi, espèce d’idiot ! Tu n’as aucune idée de ce que tu peux accomplir ! ». Mais je n’en ai pas le droit. Je l’abandonne alors pour m’attaquer à un autre candidat plus prometteur.
Si je t’ai choisi pour être mon adversaire dans mes combats les plus durs, ce n’est pas sans raison ! Tu as des capacités incroyables ! Tu es né dans une famille spéciale, tu as des maîtres qui se soucient de toi, des parents qui t’ont été donnés pour favoriser ton élévation à travers la Torah et les Mitsvot. Tu es une personne respectable et bonne.
Je t’écris maintenant parce que j’ai une faveur très particulière à te demander. Je t’en supplie !
Ne cesse pas le combat ! Ne renonce pas ! J’ai battu trop de gens ces derniers temps et je perds patience. Il faut croire en toi-même, car, si je n’étais pas persuadé que tu pouvais être vainqueur, je n’aurais jamais investi tant d’efforts sur toi.
Prends conscience des forces qui sont en toi !
Un grand Sage a dit une fois : « Malheur à celui qui ne connait pas sa force parce qu’il n’a rien pour combattre ! »
Souviens-toi toujours d’une chose : Tu as une arme secrète à ta disposition.
Même si je devrais me taire, je vais te faire une confidence : Hachem surveille notre « entraînement » de très près et il te soutient constamment. Il est ton plus fervent supporter ! Si jamais les choses deviennent trop difficiles, presque insupportables, appelle-Le simplement à l’aide d’une prière. Il viendra à ton aide immédiatement.
Je te souhaite bonne chance et j’espère qu’après 120 ans, lorsque tes jours dans ce monde de mensonge arriveront à leur fin, tu me rejoindras ici, dans ce monde de vérité, où je t’accueillerai à bras ouverts, pour te féliciter de ta victoire et où je t’escorterai personnellement jusqu’à ta place devant le Kissé HaKavod, le Trône de gloire d’Hakadoch Baroukh Hou.
Avec toute mon affection et mon admiration,
Ton Yetser Hara
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.