Bonjour Rav,
Voilà, je me suis trempé au Mikvé pour le mariage, mais j'ai un gros problème, je n'aime pas l'eau.
Je n'ai jamais mise ma tête dans l'eau en 20 ans environ. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours été stressée par l'eau depuis petite.
Maintenant, j'appréhende beaucoup de me tremper au Mikvé après le mariage.
Comment faire pour pourvoir faire la mitsva correctement et ne pas stresser ou même me décourager de le faire ?
Merci de votre réponse.
Les propos qui suivent ont été recueillis dans l'extraordinaire ouvrage "Le secret de la féminité juive" de Téhila Abramov.
Je vous conseille vivement de l'acheter et de le lire plusieurs fois.
Je suis à votre entière disposition pour tout conseil ou renseignement supplémentaire.
L'observance des lois de pureté familiale fortifie le mariage.
De plus, le soin avec lequel elles ont été observées est l’un des facteurs principaux de la survie de notre peuple.
La fidélité à ces lois au cours de toutes les générations a ajouté un maillon après l’autre à la chaîne d’or du judaïsme.
Nous avons hérité de nos ancêtres l’engagement d’observer ces lois, même dans les circonstances les plus rigoureuses, alors qu’ils étaient en Egypte.
Réduits en esclavage et obligés de se livrer à des travaux forcés, les hommes eurent bientôt perdu leur vitalité. Ils ne désiraient plus les relations conjugales. Ils ne pouvaient supporter de voir les enfants qu’ils engendraient jetés dans les eaux du Nil. Au désespoir, ils évitaient leurs femmes, pour ne pas provoquer de nouveaux deuils dans la famille.
C’étaient les femmes qui étaient pleines d’espoir et de foi.
Leur force intérieure les poussait à rechercher leurs maris et à les encourager à engendrer une nouvelle génération, quelles que puissent être les difficultés de l’heure.
Elles observaient les lois de la pureté familiale au plus profond de l’esclavage, bien décidées à ce que le peuple juif continue à vivre.
Lorsque les femmes s’apprêtaient à retrouver leur mari, elles s’efforçaient par tous les moyens de se rendre belles et attirantes.
Comme elles n’en avaient même pas les moyens les plus élémentaires, elles utilisaient des plaques de cuivre comme miroirs. La prière au cœur, elles frottaient le cuivre jusqu’à ce qu’il brille afin d’y voir leur reflet.
Nos Sages ont déclaré que le peuple juif n’a été racheté d’Egypte que par le mérite de ces femmes vertueuses. C’est parce que les femmes ont reconnu la sainteté inhérente aux relations conjugales et à la vie familiale en général que nos ancêtres ont pu persévérer et élever une nouvelle génération d’où émergerait un nouveau peuple, le peuple juif.
Leur engagement n’a pas été oublié.
Au moment du don de la Tora au mont Sinaï, Dieu a commandé au peuple juif de construire un sanctuaire. Chaque individu était avide de contribuer à sa construction. En plus des dons d’or et d’argent, les femmes firent don de leurs possessions personnelles les plus chères : ces miroirs de cuivre.
Moché Rabbénou hésitait à accepter cette contribution. Il mettait en cause l’apparent manque de sainteté des miroirs.
Leur but était si clairement matériel !
Devant son hésitation, Dieu Se révéla à Moché : «Prends-les. Ils me sont plus chers que tout le reste.» Il lui donna l’ordre de fondre les plaques de cuivre et d’en construire la bassine utilisée dans le sanctuaire.
Avant que les prêtres commencent leur service, ils s'y lavaient, commémorant ainsi le dévouement des femmes juives, car c’étaient elles qui avaient compris que la sainteté de la vie religieuse ne peut être séparée de la sainteté de la vie familiale (Rachi, Exode 38,8).
Toute pratique pour laquelle Israël s’est sacrifié a subsisté. [Mékhilta, Ki Tissa].
Les Mitsvot qui entourent l’observance de la pureté familiale ont constitué pour les femmes une gageure unique en son genre.
La détermination de nos ancêtres en Egypte n’en est qu’un exemple.
Dans toutes les générations, les femmes juives ont investi leur force et leur courage pour observer ces lois, et elles nous ont légué cet héritage.
Les récentes découvertes archéologiques de Massada, par exemple, indiquent que les défenseurs juifs de la forteresse, sise au sommet d’un piton, possédaient un système élaboré de Mikvaot.
Même au plus fort d'une lutte à mort, ils n'ont jamais perdu de vue la cause profonde de leur combat.
Certes, l’observance des lois de la pureté familiale est logique à la fois médicalement et sexuellement, mais le nom même de Taharat Hamichpa’ha, pureté familiale, implique que ses mérites s’étendent bien au-delà.
On ne dit pas Taharat Ha-icha, «pureté de la femme», malgré le rapport évident avec le cycle féminin; ce n’est pas seulement la femme elle-même, mais sa famille immédiate et plus éloignée, ainsi que la nation juive tout entière et ses générations à venir, qui sont directement influencées par la pureté et la salubrité qui découlent du plan divin.
Rav ’Halafta dit : «Quelle chance a la femme ! Quelle chance a la mère ! Quelle chance a la famille d’une femme qui observe les lois correctement !»
Le Mikvé influe sur la spiritualité et le bien-être de nos enfants. Nous voulons tous ce qu’il y a de mieux pour notre descendance. L’observance de la "Taharat Hamichpa’ha" est ce que nous pouvons faire pour eux avant même la conception.
Une histoire
La chambre 312 du troisième étage de l’hôpital Rambam à Haïfa était occupée par deux Israéliens d’âge mûr, M. Ben-Chalom, secrétaire de l’un des kibboutzim les plus prospères d’Israël, et M. Ganon, le propriétaire d’un grand ensemble d’import-export.
Ils avaient beaucoup de choses en commun, ayant tous deux vécu en Israël depuis avant 1948 et vu la naissance du pays et son développement phénoménal.
Ils passaient de nombreuses heures à bavarder. M. Ganon était impressionné par la popularité de son compagnon de chambre. Tout le kibboutz avait l’air de venir lui rendre visite.
Deux jeunes gens, en particulier, attirèrent l’attention de M. Ganon. Ils venaient souvent, et M. Ben-Chalom semblait très heureux de les voir.
Ils paraissaient si différents des autres.
Le kibboutz de M. Ben-Chalom appartenait au Kibboutz Ha-Artsi, mouvement Kibboutsique laïque de gauche. Ces jeunes gens portaient des Kippot, des papillotes et des Tsitsit. Où avaient-ils connu M. Ben-Chalom ? Comment s’était développée l’intimité entre eux ?
Un jour, M. Ganon fut incapable de contenir plus longtemps sa curiosité. «Excusez-moi de me mêler de ce qui ne me regarde pas, dit-il à M. Ben-Chalom, mais qui sont ces deux jeunes gens orthodoxes qui viennent vous voir si souvent ? »
M. Ben-Chalom sourit et arrangea ses oreillers. «Ce sont deux des plus beaux produits du Kibboutz, mais c’est une longue histoire.»
M. Ganon se tourna attentivement vers son ami, qui poursuivit :
«Pendant l’Holocauste, une mère et sa fille, seules survivantes d’une famille entière, furent déportées dans un camp de la mort. Elles s’accrochèrent l’une à l’autre quand on déchargea leur train. Certains passagers étaient envoyés directement à la chambre à gaz, d’autres vers les baraquements.
Au moment où on arrachait la mère à sa fille, elle la supplia : «Promets-moi que si tu survis et que tu te maries un jour et construises un foyer, tu observeras la Taharat Hamichpa’ha-les lois de la pureté familiale.»
Des larmes dans les yeux, la petite fille promit d’accomplir les dernières volontés de sa mère. Elle n’avait aucune idée de ce que cela pouvait vouloir dire, mais répéta plusieurs fois les mots "Taharat Hamichpa’ha",pour les graver dans son esprit, de peur de les oublier. Elle avait le sentiment que leur message était son seul lien avec un monde qui avait disparu.
Ce qu’elle endura, comment elle l’endura, serait trop long à raconter. Bref, elle s’en tira. Après la fin de la guerre, elle fut envoyée en Israël par le Comité des Réfugiés de l’Agence Juive. Là, on la plaça dans notre Kibboutz et elle s’acclimata bientôt à sa nouvelle vie.
Les années passèrent.
Lorsqu’elle finit ses études, son compagnon du kibboutz lui proposa de l’épouser. C’est alors qu’elle se souvint du dernier souhait de sa mère. Les mots "Taharat Hamichpa’ha" sonnaient à ses oreilles, et elle était bien décidée à tenir la promesse qu’elle avait faite.
«J’espère que tu accepteras ma condition, lui dit-elle en racontant son vœu.
Je ne sais même pas ce que c’est que "Taharat Hamichpa’ha", mais j’ai décidé de l’observer !»
Impressionné par sa sincérité, il acquiesça, et la jeune fille se mit à se renseigner. Elle reçut un enseignement individuel et apprit le détail des lois.
Plus elle apprenait, plus elle se sentait heureuse de sa décision. Percevant un nouveau lien avec sa famille depuis longtemps disparue, son passé et l’histoire de son peuple, elle abordait le mariage avec confiance et joie.
Le couple resta au kibboutz. Rien ne les différenciait des autres membres, si ce n’est un engagement profond et durable à la pratique de la "Taharat Hamichpa’ha".
M. Ben-Chalom fit une pause. Son compagnon le regarda curieusement, sentant que ce n’était pas encore la fin.
«Vous voyez, mon cher, poursuivit-il, cette survivante de l’Holocauste est ma femme, et ces deux jeunes gens sont nos fils. Ils font l’envie de tous mes amis. Tout le monde est impressionné par leur finesse, leur caractère et leur désir de donner un sens à leur vie.
Tous les membres du kibboutz respectent leur mode de vie. Je crois que cela a quelque chose à voir avec l’engagement que ma femme et moi avons pris.
Une autre histoire
Mme Kleïn et sa fille Rosa étaient les seuls membres de la famille qui, après beaucoup de difficultés, avaient finalement réussi à franchir le rideau de fer.
Le mari de Mme Klein, Samuel, était mort en Russie, et leur fils Joseph, physicien, n'avait pas obtenu de visa.
Au bout d'une journée de courses particulièrement fatigantes, Mme Kleïn et sa fille passèrent la soirée à se reposer au salon.
Mme Kleïn était d'humeur bavarde et se mit à parler de la vie en Russie.
«Tu sais, Rosa, dit-elle, tu ne peux absolument pas te rendre compte du bonheur que cela aurait causé à ton père de savoir que sa fille va se marier en Erets Israël et se prépare à vivre une vie de Tora et de Mitsvot.
Tu étais petite quand nous vivions en Russie, et il y a beaucoup de choses que nous étions obligés de te cacher. L’une d’elle est que, dans notre cave, nous avions un Mikvé qui permettait à quarante familles juives de notre village d’observer les lois de la "Taharat Hamichpa’ha".
Tu ne peux pas savoir l’énorme effort et le danger constant que comportait ce que nous faisions.
Dès le moment où nous avons commencé à construire, il a fallu dissimuler nos activités au KGB.
Ton père a construit seul la plus grande partie du Mikvé. Mais comment cacher des centaines de kilos de ciment à des voisins curieux ? Et bien sûr, il fallait que le Mikvé soit totalement caché. Ton père n’aurait rien pu envisager d’autre. Il a contacté un rabbin à Moscou, dont nous étions loin, et lui a proposé de payer tout le voyage s’il acceptait de venir le guider dans la construction. Au début, le rabbin était réticent. Si on les avait découverts, ils encouraient une mort certaine. Mais ton père l’a supplié et finalement le rabbin a accepté.»
«Et les voisins ne s’en sont jamais aperçus ? demanda Rosa avec stupéfaction.
«Nous avons eu chaud plus d’une fois, répondit sa mère. Un jour, un voisin curieux était décidé à découvrir où menait la trappe du bas de l’escalier. Il est tombé sur ton père juste au moment où il changeait l’eau.
«Bonjour, M. Klein ! Qu’est-ce que vous faites ?»
Ton père l’a regardé tranquillement, sans trahir sa peur intérieure. «Oh, c’est vous, Grégory ! Comme vous le savez, nous avons souvent des coupures d’eau dans cette maison. J’en ai eu assez et j’ai décidé de me construire un puits privé. Je ne tiens pas à ce que cela se sache, sinon tout le monde viendra chez nous à chaque fois qu’il y aura des coupures !»
Grégory a continué à le regarder d’un air manifestement soupçonneux.
Alors ton père a puisé une tasse de l’eau que quarante familles utilisaient comme Mikvé depuis près d’un an. «Elle est délicieuse», a-t-il continué en buvant toute la tasse. «Est-ce que je peux vous en offrir une ?» Grégory refusa et se retira, sa curiosité apaisée.
Ton père le suivit : «Si vous promettez de n’en parler à personne, je vous permettrai d’utiliser ce puits quand il y aura des coupures.»
Rosa sourit de l’ingéniosité de son père, mais son visage redevint rapidement sérieux : «Maman, comment avez-vous pu vivre ainsi constamment dans la peur ?»
Mme Klein répondit avec simplicité : «Comment aurions-nous pu vivre autrement ?»
Les concepts de pureté et impureté rituelle, donnés dans la Tora sont au-delà de notre compréhension.
Comme l’explique le Rambam : Il est clair que les lois de pureté et d’impureté rituelles sont des décrets de la Tora qui ne peuvent être saisis par la sagesse humaine...». Parce que ces concepts sont divins par nature, la transition de l’état d'impureté [le fait d’être Nidda] à celui de Pureté doit par définition être un processus divin.
La culmination de ce processus comporte la préparation et l’immersion dans le Mikvé.
Sur la base de leur foi, au cours de tous les âges des familles juives ont accepté de mettre leur vie en danger pour que les femmes puissent s’immerger et vivre une vie de pureté et de dévouement à D.ieu.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.
N.B.
Le respect des lois de la pureté familiale sont la meilleure garantie pour avoir une Parnassa satisfaisante.
L'effort que vous ferez pour vous mettre quelques secondes sous l'eau vous en épargnera des milliers d'autres.
Comme cela est indiqué dans les passages précédents, la bonne santé des enfants et les accouchements heureux dépendent en grande partie de son investissement dans les lois de la pureté familiale.