Chalom Rav,
J'ai dernièrement acheté un jus multifruit de la marque Carrefour.
Sur le moment, j'ai vérifié l'absence d'éléments interdits, puis je l'ai bu et finalement, j'ai remarqué que ce jus contenait du raisin.
Je vis très mal cette faute commise.
Néanmoins, je me suis posé quelques questions, car il est certain que le produit est a priori interdit, mais qu'en est-il de son statut Bédi'avad (a posteriori), c'est-à-dire une fois avalé ?
N'y a-t-il pas une notion de "Batèl Bérov" (annulation dans la majorité) ou "Batel Béchichim" (annulation dans 60 fois la quantité du produit) ?
En effet, le raisin est en petite quantité dans le jus multifruit, et de plus, j'ai mélangé ce jus multifruit avec d'autres jus encore.
Les 'Hakhamim (Sages) ont interdits le "vin", mais qu'en est-il du "jus de raisin (Bédi'avad, bien entendu) ?
Je ne connais pas vraiment la source de cette interdiction, mais à mon souvenir, il s'agit d'un décret de 'Hazal, de peur d'en venir à consommer du "Yayin Nessekh" (vin idolâtre, interdit par la Torah). Or, ici, le produit est fabriqué dans une usine où il n'y a apparemment aucun risque de servir la 'Avoda Zara (idolâtrie) avec ce raisin, un peu comme la permission du Rav Feinstein concernant le lait non-surveillé).
Est-ce que cela change quelque chose dans mon cas (a posteriori) ?
Merci d'avance et bonne continuation.
Bonjour,
Malheureusement, la consommation d'un jus de fruit qui contient du jus de raisin, quelle que soit la quantité, est interdite, même a posteriori.
En effet, s'il est précisé que le jus de fruit contient du jus de raisin, cela signifie que le raisin a été pressé sciemment, pour donner du goût. Or, selon un principe halakhique, un aliment qui donne du goût n'est jamais annulé.
Par ailleurs, le jus de raisin est interdit exactement au même titre que le vin. Il n'y a pas de différence halakhique.
Votre raisonnement consistant à comparer l'autorisation du lait non-surveillé par Rav Moché Feinstein au vin non-Cachère n'est pas recevable non plus.
Expliquons les choses simplement : selon Rav Moché Feinstein, le lait non-surveillé ('Halav Nokhri) est frappé par un interdit rabbinique de l'époque talmudique. On ne peut consommer qu'un lait trait en présence d'un Juif ('Halav Israël). Cependant, comme dans certains pays (les Etats-Unis, en l'occurrence), la puissance de coercition de l'Etat est telle qu'une infraction entraînerait une amande phénoménale, voire la fermeture pure et simple de l'usine, on considère qu'un lait quelconque ('Halav Stam) a un statut de 'Halav Israël (trait en présence d'un Juif). Le regard de l'Etat est considéré comme la surveillance d'un Juif.
Je précise pour les internautes que cet avis ne fait pas l'unanimité, mais je le cite pour répondre à votre question.
Concernant le vin, c'est très différent. Le vin des libations des idoles est interdit par la Torah. Par mesure de précaution, les Sages ont interdit tout vin (ou jus de raisin), à moins qu'il ne soit manipulé que par des Juifs qui observent le Chabbath. Donc, même si on est certain à 100% qu'un vin n'a pas été consacré aux idoles parce que tout le processus de fabrication a été réalisé en présence d'un surveillant rabbinique, et qu'il n'y a pas d'idoles à 500 km à la ronde, ou bien que le vigneron est athée, agnostique ou musulman (donc à l'évidence non idolâtre), le vin reste interdit à la consommation au même titre qu'un vin qui a vraiment servi aux libations, car on est en plein dans la transgression de l'interdit rabbinique.
En fait, pour le lait, Rav Moché Feinstein considère qu'il est autorisé parce que la surveillance du Juif est opérée à travers l'appareil étatique. Alors que, pour le vin, même si l'état opérait un contrôle, étant donné que le décret rabbinique n'autorise que la manipulation du vin par un Juif observant le Chabbath, la surveillance de l'Etat n'est d'aucune utilité.
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