A D.ieu de plaise !
Il serait irresponsable d'affirmer que le thon autorisé par le Consistoire est interdit ! Ce serait une aberration et une insulte aux Rabbanim qui s'efforcent d'offrir chaque année un service de qualité a la communauté.
Le Consistoire est un organisme extrêmement sérieux, et la liste qu'il élabore suit un protocole très précis, encadré par une équipe de rabbins, de juges rabbiniques et d'ingénieurs chimistes à la pointe de ce qui se pratique dans l'agroalimentaire.
Tous les produits consignés dans la liste sont donc Cachères ou, plus précisément, autorisés sur présomption de Cacheroute.
Seulement, attention !
Il y a des niveaux de Cacheroute. Certains produits sont plus recommandables que d'autres.
On peut par exemple classifier les produits de la liste du Consistoire en deux catégories :
1. Les produits Cachères Laméhadrine. Cela signifie qu'ils conviennent même au public le plus exigeant en matière de Cacheroute, car ils ne font l'objet d'aucune controverse. On peut ranger dans cette catégorie les pâtes, le couscous, les boissons, les huiles... Bref tous les produits qui ne contiennent pas de lait et qui n'ont pas subi de cuisson.
2. Les produits Cachères d'après certains avis et pas par d'autres. On peut inclure dans cette catégorie les produits lactés, les produits ayant subi une cuisson, et les poissons commercialisés sans leur peau. Le thon, par exemple, est concerné par ces deux derniers problèmes.
Expliquons-nous.
La Halakha, la loi juive, est immuable. Cependant, l'évolution des civilisations et des sociétés a confronté les rabbins, dépositaires de la loi juive, à des cas inédits, ce qui a créé des divergences d'opinions sur comment appliquer la loi dans les situations nouvelles.
Prenons l'exemple du thon, puisque c'est l'objet de votre question.
Selon une décision des Sages de l'époque talmudique, puisqu'un poisson ne peut être Cachère que s'il a des écailles, on ne peut consommer un poisson que si on constate la présence d'écailles.
Or, lorsqu'on consomme du thon en boîte sans surveillance rabbinique, personne n'a constaté la présence d'écailles.
D'un côté, on pourrait interdire ce thon en s'arrêtant à la lettre de la loi. D'un autre côté, on pourrait l'autoriser en gardant l'esprit de la loi : étant donné que les usines qui fabriquent ces thons suivent des protocoles très précis, on ne doute pas qu'il s'agit bien de thons.
Il existe des raisonnements similaires pour les autres problèmes (comme le problème de la cuisson qui, d'après la lettre de la loi, devrait être effectuée par des Juifs).
Pour autoriser ce thon, il est évident que le Consistoire s'appuie sur des autorités rabbiniques de premier ordre. Et bien que leur décision ne fasse pas l'unanimité, leur érudition et leur crainte du Ciel ne souffre d'aucune controverse.
Cependant, pour ne pas rentrer dans ces controverses, il est vivement recommandé à qui peut se le permettre de ne consommer que des produits qui ne font l'objet d'aucune controverse, comme du thon qui bénéficie d'une surveillance rabbinique continue, à l'inverse du thon autorisé par le Consistoire.
De même que pour notre santé physique on recherche les meilleurs médecins, pour notre santé spirituelle, on recherche la qualité, y compris dans la Cacheroute.
D'ailleurs, si vous lisez le chapeau de la liste du Consistoire, vous verrez que, lui-même, recommande l'usage de produits bénéficiant de surveillances rabbiniques constante, plutôt que les produits autorisés dans sa liste.
En résumé, les produits autorisés par le Consistoire sont tous présumés Cachères, mais il est largement préférable de ne consommer que des produits bénéficiant d'une surveillance rabbinique constante ne faisant l'objet d'aucune controverse.
Kol Touv.
