Bonjour Rav,
Pourquoi les Hilkhot Ribit (lois sur les intérêts) sons dans la partie Yoré Déa et pas dans la partie 'Hochèn Michpat ?
Bonjour,
Vous posez une excellente question.
En effet, les lois concernant l'interdiction de prêter de l'argent avec intérêt devraient figurer dans la partie 'Hochen Michpat [où il s'agit essentiellement de lois en rapport avec l'argent] du Choul'han 'Aroukh, car une grande majorité des lois figurant dans la partie Yoré Déa sont en rapport avec les aliments.
D'autre part, il est possible d'affirmer que la grande majorité des lois traitées dans la partie Yoré Déa sont des Mitsvot Chébène Adam Lamakome [Mitsvot accomplies envers Hachem], alors que dans la partie 'Hochen Michpat, on traite essentiellement des Mitsvot Chébène Adam Lé'havéro [Mitsvot accomplies envers son prochain].
Apparemment, l'interdiction de prêter de l'argent avec intérêt est une Mitsva Chébène Adam La'havéro, donc les lois la concernant devraient figurer dans la partie 'Hochen Michpat.
Il y a plusieurs réponses à ce sujet.
Voici trois d'entre elles :
1. Les lois traitant de l'interdiction de prêter de l'argent avec intérêt figurent dans les chapitres 159 à 177 de la partie Yoré Déa du Choul'han 'Aroukh.
Dans le chapitre 158 précédant ces lois, il est question des lois concernant certains de nos rapports avec les non-juifs et ceux de notre peuple qui ne sont pas fidèles aux commandements de la Torah.
Après avoir achevé l'explication de ces lois, Rabbi Yossef Karo a donc ENCHAINÉ avec les lois de Ribit où il est également question des non-juifs et de ceux qui ne respectent pas les Mitsvot.
C'est d'ailleurs pourquoi les premières lois du Ribit [chapitre 159] sont celles qui traitent de la permission d'emprunter l'argent d'un non-juif avec intérêt et de l'interdiction de prêter à certains de nos frères avec intérêt, bien qu'ils soient éloignés de la Torah.
Un juif peut payer des intérêts à un non-juif s'il lui emprunte de l'argent, ou prendre des intérêts s'il lui en prête.
Cette réponse reprend succinctement des idées figurant dans 'Helkat Binyamin sur Hilkhot Ribit, chapitre 159, introduction au passage 1.
2. Bien que l'interdiction de prêter de l'argent avec intérêt soit une Mitsva négative dont l'accomplissement est envers son prochain, on peut la considérer comme une Mitsva Chébène Adam Lamakome. Donc, elle doit être traitée dans la partie Yoré Déa et non pas 'Hochen Michpat.
La preuve est que même si l'emprunteur est d'accord de payer des intérêts au créancier, l'interdiction reste en vigueur.
D'autre part, cette faute est tellement grave que celui qui la commet :
- Renie la sortie d'Egypte. Lui et l'idolâtre agissent pareillement. En prenant des intérêts malgré l'interdiction de la Torah, le prêteur croit que ses bénéfices ou ses pertes dépendent du cours naturel des évènements. Il n'accepte pas le fait que la providence du Tout-Puissant envers chacun décide de ses gains ou des ses pertes d'argent. Lors de la sortie d'Egypte, le Maître du monde inversa les lois naturelles, révélant ainsi qu'Il dirige le cours de toute chose. Voir également Le 'Houmach édition Edmond Safra, page 1119-1120 au nom du Alchikh.
- Est voué à une triste fin,
- Ne sera pas béni,
- Perd le privilège d'être ressuscité lors de la résurrection des morts. Choul'han 'Aroukh, chapitre 160, Halakha 1-2 et Rav Munk dans La voix de la Torah sur Dévarim 23, 21 et Chémot 22, 24.
3. Le Ramban explique : tout comme la Torah ordonne de donner la charité [Tsédaka] à son prochain, il faut aussi prêter gratuitement [sans Ribit]. Il s'agit, donc, d'un acte de bonté que nous avons l'obligation d'accomplir entre frères.
Les lois de Tsédaka figurent dans Yoré Déa, chapitres 247-259.
De toutes les différentes formes d'aide matérielle à son prochain, celle du prêt d'argent est considérée comme la plus méritoire. Choul'han 'Aroukh - Yoré Déa, chapitre 249, Halakha 6.
Voilà donc la raison expliquant le fait que les lois du Ribit se trouvent dans la partie Yoré Déa du Choul'han 'Aroukh [où sont expliquées les lois de Tsédaka].
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.