Chalom Rav,
Si on se retrouve avec des 'Hallot sucrées, devrons-nous faire la Brakha de Hamotsi ou celle de Mézonote ?
Merci !
Bonjour,
Nos Sages ont fixé une Brakha différente pour chaque type d'aliment.
Pour le pain, la Brakha est "Hamotsi Lé'hèm Mine Haarets".
Pour les gâteaux [et pour certains aliments à base de farine], la Brakha est Mézonot.
Le pain est l'aliment de base dans un repas. Il accompagne tous nos repas.
C'est l'aliment choisi pour être accompagné de tout ce que l'on consomme lors d'un repas. D'ailleurs, il suffit de réciter sa Brakha pour acquitter les autres aliments.
Généralement, les gâteaux ne sont pas consommés en tant que repas. On en consomme pour briser, momentanément, sa faim ou tout simplement par gourmandise.
Un pain ou une Pitta légèrement sucrée, ayant une saveur douce, n'est pas un gâteau. Sa Brakha reste Hamotsi.
La preuve est qu'ils sont utilisés pour en faire des sandwichs garnis de fromage, de thon, de salades fraîches ou de charcuterie.
Les 'Hallot "douces" ou "sucrées" sont servies durant les repas du Chabbath. Donc, ce ne sont pas des gâteaux. Leur Brakha est donc Hamotsi.
Cet argument est mentionné clairement à plusieurs reprises dans les écrits de nos maîtres.
Voir :
- Biour Halakha, chapitre 168, Halakha 17, passage "Passtéda",
- Michna Broura, chapitre 168, passage 23,
- Beth Yossef, chapitre 168, passage "Lo Kav'ou 'Hakhamim Lévarekh Hamotsi Véchaloch Brakhot... Ela Bélé'hèm Chédérèkh Bné Adam Likvo'a 'Alav..."
- Kessef Michné sur Rambam, Hilkhot Brakhot, chapitre 3, Halakha 9.
- Le Rav Moché Chaoul Kleïn a écrit un livret à ce sujet. Toutes ses paroles sont aussi claires que de l'eau limpide. [Un Talmid 'Hakham a commenté ses arguments mais, personnellement, je n'oserai jamais mettre par écrit ce qu'il s'est permis d'écrire. Je n'ai pas analysé l'entité de ses remarques, mais le peu que j'ai lu a suffi pour que j'abandonne ma lecture.].
Tel est l'avis de :
- Rav Meir Mazouz,
- Rav Chlomo Ma'hfoud,
- Voir également Rav Moché Lévy dans Or Torah [Téveth 5753], pages 243-265 et dans Birkat Hachem, volume 2, pages 188-207.
- Je me suis rendu personnellement chez le Rav Chlomo Amar, il a confirmé explicitement ce qui vient d'être dit.
- Voir Halakha Broura, volume 8, pages 436-437 et à la fin du livre : Otsrot Yossef, question 10 : c'est assez intéressant.
- Voir Rav Elazar Niddam dans Dvar Halakha page 50 à propos des "Petits pains Mézonot".
- Voir Rav Chmouel Pin'hassi dans Min'hat Chmouel, volume 1, question 11, page 74.
Je ne pense pas qu'il existe une maîtresse de maison qui servirait une 'Halla "douce" accompagnée de thé ou de café à ses invités, un Chabbath après-midi.
Pour que la Brakha de la 'Halla "douce" ou "sucrée" soit Mézonot, il est indispensable que le goût soit très prononcé et que l'intensité du goût "sucré" dérange la consommation d'un tel pain avec des plats salés. Voir 'Hazon Ich rapporté dans Or'hot Rabbénou, volume 1, pages 79 et 80 : "Chéyiyé Ta'am Ta'im Chel Mézonot, Chébné Adam Mit'angim 'Al Zé Véokhlim Ete Zé Kémézonot".
Ce n'est jamais le cas pour la plupart des 'Hallot sucrées commercialisées.
Ceci est valable pour les Séfaradim et les Ashkénazim.
Selon Rav Ovadia Yossef dans Yabi'a Omer, volume 10, Ora'h 'Haïm, question 18 et dans 'Hazon Ovadia sur Tou Bichevat, la Brakha des 'Hallot sucrées est Mézonot, mais je pense qu'il s'agit de 'Hallot ayant un goût sucré très prononcé. Voir Rav Chalom Messas dans Chémech Oumaguène, volume 2, page 319, passage Vé'hozrani.
Selon Rav Bentsion Aba Chaoul dans Or Létsion, volume 2, chapitre 12, Halakha 4 : la Brakha des 'Hallot "sucrées" est Mézonot à condition que le goût soit bien reconnaissable [Chémargich Mamach Ete Métikout Hassoukar Chéirev Baïssa] et pas uniquement différent d'une 'Halla classique.
Certaines autorités rabbiniques permettent aux commerçants d'afficher la Brakha Mézonot pour certains des aliments précités [la plupart d'entre eux sont d'accord pour affirmer qu'il est vraiment préférable de les consommer dans un repas de pain].
Chacun est donc libre de faire ce que bon lui semble.
Important !
Même si l'on admet que la Brakha d'une Pita ou d'une 'Halla "douce" ou "sucrée" est Mézonot, il est obligatoire de réciter la Brakha Hamotsi si l'on en consomme une quantité supérieure au volume de 4 œufs : 230 centimètres cubes. Le volume d'un verre jetable en plastique est équivalent à 180-200 centimètres cubes.
Bien entendu, dans une telle éventualité, il faut faire au préalable Nétilat Yadaïm avec Brakha et ne pas oublier de réciter le Birkat Hamazone.
D'après certains décisionnaires, c'est le poids qui est pris en considération : 230 grammes. Mais, comme nous l'avons vu précédemment, c'est une attitude assez permissive.
J'aurai tellement souhaité développer davantage la réponse à cette question, mais je ne dispose pas du temps nécessaire pour cela.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.
20 commentaires
En réalité, je ne vois que peu de différence entre un pain au lait mézonot par exemple et les hallots sucrées que l'on voit en Israel.
Vous avez parfaitement raison mais il s'agit d'une AUTRE catégorie de Mézonot.
Vous êtes bien d'accord qu'il n'y a aucun rapport entre du pain et les quiches ou les biscottes.
Je remarque que l'on fait Mezonot sur des quiches, canapés apéritifs, biscottes, etc. et pas seulement sur des "gateaux".
Je ne partage pas cet avis, qui d'ailleurs, n'est absolument pas compréhensible.
Si la Métikout [douceur] est [à peine] Nikéret [ressentie], pourquoi devrait-on considérer l'aliment comme un gâteau ????
Il y a deux types d'aliment :
1. Le pain,
2. Le gâteau !
Pour le pain, la Brakha est "Hamotsi Lé'hèm Mine Haarets".
Pour les gâteaux [et pour certains aliments à base de farine], la Brakha est Mézonot.
Vous [...] lire la suite du commentaire
Je comprends qu'il y a deux positions à ce sujet (au moins) chez les sefaradims. La votre est que si cela ressemble à du pain, que cela se mange comme du pain, alors on fait Hamotsi, meme si le gout est un peu [...] lire la suite du commentaire
Ma mere le Chabat fais des hallot au raisins sec où si l’on ne mange la mis ca a le goût du pain mais avec les secs c’est sucrés quel est la braha de l’aliment ?
1. En ce qui concerne la Techouva de Rav Chalom Messas, je vous invite au Gala que Torah Box organise le 14 janvier 2019, à Paris et le 16 janvier 2019 à Marseille - afin que l’on puisse en discuter de [...] lire la suite du commentaire
Merci beaucoup d'avoir pris du temps pour me répondre, j'en suis réellement flatté. Je recherche en vain le mérite qui m'a permis d'avoir une discussion d'Halakha avec un si grand Homme que vous. C'est pour moi un GRAND mérite.
J'ai [...] lire la suite du commentaire
Bonjour,
1. Merci infiniment pour m’avoir donné l’heureuse impression que les réponses intéressent des gens intelligents comme vous.
C’est, à la fois, flatteur et encourageant.
Que vous soyez béni et réjoui !
2. [...] lire la suite du commentaire
Je me suis penché sur l’avis de Rav Chalom Messas, en particulier sur la référence que vous avez cité, et sur laquelle vous vous êtes basé. Voici les propos: וחוזרני למ״ש לעיל, דהיינו טעמא שעושין אותם מתוקים מעט כדי למעט הטירחא של נט״י ובהמ״ז [...] lire la suite du commentaire
1. La structure de votre réponse est très agilement construite.
2. Cependant, mes réponses à ce sujet ne sont pas basées, essentiellement sur le fait que le pain ne soit pas consommable avec des aliments salés. Cet argument n’est qu’un [...] lire la suite du commentaire