Chalom Rav,
Hachem dit que l'on ne peut voir sa face et vivre.
Pourtant, à plusieurs reprises dans la Torah, on voit qu'en cas de fautes graves, Hachem cache Sa face ("Astira Panay" dans Dévarim 32,20), ce qui veut dire que, pour le bien (Birkat Cohanim par exemple), Hachem nous montre Sa face et inversement, 'Hass Véchalom.
Comment comprendre ce qui semble être une contradiction ?
Merci.
Bonjour,
Effectivement, il faut discerner deux niveaux de dévoilement divin, l’un fondamental et continu, l’autre dissimulé dans les pourtours des lois physiques causales.
Le 'Hazon Ich, dans son commentaire sur le Choul’han Aroukh (Yoré Déa alinéa 2), définit l’état du peuple juif sous l’influence du dévoilement divin continu : « …une période où la Providence Divine est dévoilée, comme à l’époque où les miracles étaient courants et qu’on se servait des voix célestes. Une époque où les Justes de la génération étaient accompagnés d’une directive Divine personnalisée qui était visible de tous… » Cette ère était à son apogée avec la génération qui reçut la Torah au mont Sinaï, où la présence Divine était tellement palpable que tout le monde pouvait accéder sans grandes difficultés à l’esprit prophétique. Peu à peu, D.ieu vit que le peuple ne parvenait plus à supporter une telle proximité sans faillir, Il décréta pour le bien de la nation de se retirer petit à petit, laissant du même coup une plus grande marge d’erreur au libre arbitre (Kouzari partie 3).
Lentement, la présence Divine se fit de moins en moins palpable aux fils des générations, causant la Yéridat Hadorot (l’amoindrissement des générations), et, avec elle, la baisse du niveau spirituel de l’humanité toute entière.
Cependant, D.ieu voulut qu’il y ait des moments d’éclat spirituel grâce auxquels Il bénirait l’homme des 'Ete Ratsone - des temps d’agrément. La bénédiction des Cohanim en est un. C’est pour cela que le Talmud de Jérusalem dit à propos de la bénédiction des Cohanim : « D.ieu tempête chaque jour » qui annule Sa colère ? Rabbi Avin au nom de Rav Aha dit : "la bénédiction des Cohanim" (Sota chapitre 9, Halakha 14). Le Korban Nétanel explique sur place que la bénédiction des Cohanim annule les malédictions qui s’abattent sur le monde. Ou encore le Zohar (Nasso page 146) : « Le saint Nom qui sort de la bénédiction des Cohanim monte jusqu’au trône Céleste… au moment où les Cohanim étendent leurs mains, s’éveille une bonté qui irradie sur le peuple d’Israël. »
Pour conclure, il n’y a donc pas de contradiction entre les écrits qui parlent tantôt de dévoilement Divin, tantôt de voilement de Sa "face", ce sont deux strates de la même réalité qui s’exprime à des niveaux différents l’une de l’autre.
Kol Touv.