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Guémara Kidouchin 3b : le droit d'un père sur sa fille

Rédigé le Mercredi 27 Août 2014
La question de Benjamin P.

Chalom Rav,

Dans la Guémara Kidouchin 3b, il est rapporté une Michna qui dit qu'un père a des droits sur les Kidouchin de sa fille (Na'ara ou Ketana) par de l'argent, par un document, ou pas un rapport.

Est-ce que cela veut dire que Min HaTorah un père peut rendre sa fille Mékoudéchèt par un rapport alors qu'elle n'a que 12 et demi ?

Et toujours dans la même page à la fin, on voit qu'un père a le droit de donner sa fille en mariage à un homme à l'apparence ou au comportement repoussant, et lui causer ainsi une humiliation et de la dépréciation, en échange d'une somme d'argent.

(La Guémara essaye de savoir d'ou sait-on que l'argent reçu pour les Kidouchin de la fille revient au père.)

Quel est le droit de la fille dans tout cela ?

Même si cela n'est plus applicable aujourd'hui, ça l’était bien avant.

Merci de m'éclairer sur ce sujet.

La réponse de Arié HADDAD
Arié HADDAD
752 réponses

Chalom.

Oui, selon la Torah, une fille peut être "consacrée" à son mari (1ère phase du mariage juif), y compris avec un rapport, dès cet âge.

Il faut bien comprendre que les générations dans lesquelles la Torah a été donnée étaient différentes des nôtres. Elles étaient beaucoup plus précoces puisque Rivka a accepté en pleine conscience de suivre Eliezer alors qu'elle n'était âgée que de 3 ans.

Il ne faut pas remonter si loin, de nombreuses personnes peuvent témoigner de mariages de plein gré célébrés avec des mineures de 16 ans il y a quelques dizaines d'années, par exemple dans les communautés d'Afrique du Nord.

Quant à votre question concernant le droit du père de marier sa fille à un homme repoussant, ces discussions talmudiques ont pour objet de définir le strict fonctionnement de la loi, afin d'en déduire des conclusions en situations "normales" de mariage.

Mais le père a toujours été considéré comme le protecteur de sa famille, et en particulier des membres féminins considérés comme plus vulnérables, "la veuve et l'orphelin(e)".

Une illustration : le fameux concept de "dot" que le Talmud recommande au père de constituer lorsque celle-ci atteint l'âge de se marier afin de hâter les unions en leur donnant les moyens financiers de "démarrer" dans leur nouvelle vie.

S'il ne le fait pas, il est considéré comme fautif car cette attente de construire son foyer peine sa fille, elle souffre d'avoir l'impression qu'elle n'est pas apte à jouer son rôle d'épouse et de mère puisqu'elle essuie des refus.

Dans les milieux qui n'attachent pas d'importance à cette diligence sous prétexte de "on n'a pas les moyens", "il faut finir les études", les conséquences peuvent être désastreuses puisqu'elles se soldent en général par des transgressions graves.

De même, la "vente" de la petite fille comme esclave mentionné par la Torah (Michpatim) est en fait un "dernier recours" évitant la catastrophe alimentaire ou la bascule dans la prostitution infantile.

Il faut se souvenir du contexte de l'époque :  le monde dans son ensemble ressemblait aux pays qui connaissent actuellement la faim. Il suffit de (re)lire le récit de Yossef sauvant l'Egypte en faisant des réserves pendant les 7 années d'abondance pour réaliser ce qu'une famine peut signifier : rien, absolument rien à manger !

Enfin, il faut savoir qu'aucune autre approche n'est plus sensible aux besoins de la fille ou de la femme que la Torah. Selon la Torah, la femme ne peut jamais devenir un "objet sexuel" puisque la Tsniout permanente dans le mode de vie juif, l'en empêche. Les contacts physiques entre proches parents sont réglementés très précisément. Ils donnent la possibilité à l'affection naturelle entre parents et enfants de s'exprimer en posant des limites infranchissables, ce qui rend impossible les malheureuses dérives si catastrophiques que nous n'avons pas besoin de détailler.

L'épouse bénéficie de droits très étendus, elle doit être entretenue selon les moyens de son mari et choyée en fonction de la disponibilité que ses activités professionnelles lui accordent. Il doit la réjouir pendant les fêtes, et s'il en a les moyens, lui procurer des aides ménagères. Ces droits gèrent même les domaines les plus intimes puisque la Torah interdit le viol conjugal, qui n'a été reconnu dans le droit français qu'en 1992 !

Et c'est sans compter les lois d'éloignement entre époux qui donnent à la femme le respect d'une personne à part entière qui peut connaitre des moments de vie plus personnels, etc.

Kol Touv.

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