Kvod Harav,
Considérant que la Torah interdit de faire souffrir un animal, je cherche à comprendre comment est-il possible que la consommation du foie gras soit autorisée, sachant que le gavage des oies provoque très probablement de la souffrance à l'animal ?
Merci pour vos éclairements.
Kol Touv.
Chalom Ouvrakha,
C'est une excellente question.
Pour y répondre, il faut avant tout savoir qu'en règle générale, il n'y a pas d'interdiction de causer une souffrance à un animal quelconque, si l'homme en a besoin (voir Rama Even Haezer 5, 14). Ainsi, nous pouvons chevaucher un cheval ou mettre un fardeau sur un âne (voir Teroumat Hadechen tome 2, Siman 105).
Le Choul'han Aroukh Harav (paragraphe 4 dans les Halakhot de Tsa'ar Ba'alé 'Haïm) tire comme référence de cette dérogation la permission d'exercer la Che'hita (abatage rituel).
La raison de cette règle est que l'animal a été créé pour être au service de l'homme (voir Kiddouchin 82a), et c'est ainsi que la Torah nous écrit dans Béréchit chap. 1, verset 28 "Commandez aux poissons etc." (voir Ritba traité Chabbath154b, ainsi que le 'Hatam Sofer, et Ramban traité 'Avoda Zara 13b).
Par contre, s'il n'y a pas de besoin, ou que l'on pose un fardeau trop lourd pour la bête, ou qu'on la frappe alors qu'elle n'a pas la force d'avancer etc., c'est là une grave interdiction de la Torah (voir Séfer 'Hassidim à la fin du Siman 44 et 666, ainsi que le Kitsour Choul'han Aroukh 191, 2).
Même le non-juif est concerné par cet interdit, comme nous pouvons le constater au sujet de Bil'am qui a frappé son ânesse et qui a été réprimandé (Bamidbar 22, 32, et le Rabbénou Ephraïm - l'un des Tossefot - sur place, ainsi que le Guide des égarés tome 3, fin du chapitre 17).
Voilà pourquoi le gavage est autorisé, car il est exercé pour le besoin de l'être (voir Iguérot Moché Even Haezer tome 4, resp 92, Sé'if Katan 3).
Kol Touv.