Bonjour Rav,
Je suis l’avis de Rav Ovadia.
Peut-on en France suivre son avis pour la fin des jeûnes, soit 20 minutes variables après la Chki'a (coucher du soleil) ?
Bonjour et merci pour votre question.
En France, on ne peut pas prendre ces 20 minutes variables après la Chki’a pour clôturer un jeûne.
Pour commencer, il est important de préciser que le Rav Ovadia Yossef n’a jamais proposé ses Zemanim pour la France. Il ne l’a jamais écrit ni même dit oralement.
De plus, je vous invite à lire une lettre que le Rav Its’hak Yossef avait envoyée au Beth-Din, et qui est reproduite dans son livre ‘Ein Its’hak p.232. Le Rav y souligne la différence de Métsiout (réalité) entre Erets Israël et la France, notamment sur le Tsèt Hakokhavim (sortie des étoiles).
Sur le fond
Dans la Guémara Chabbath (34b), le Ben Hachmachot se termine avec la nuit, à trois quarts de Mil après la Chki’a. Le Mil est une distance, donc invariable. Le temps de parcourt d’un Mil calculé pour Yémé Nissan Vétichri (Rachi Pessa’him 93b) est de 18 minutes fixes (12h / 40 Mils par jour). Le Mil Zemani n’existe pas par définition.
Bien que la Halakha ait retenu le Mil à 18 minutes, on adopte quelques fois la Chita de ‘Oula avec un Mil à 24 minutes quand il s’agit d’appliquer une ‘Houmra. Dons, trois quarts de Mil de 24 minutes valent 18 minutes. On ajoute 2 minutes pour tenir compte de l’avis de Rabbi Yossi. Ce qui donne 20 minutes (Yalkout Yossef Chabbath Siman 293, p.428). Ceci est l’opinion de Rav Ovadia Yossef. On verra pourquoi ces valeurs ne sont valables que pour Erets Israël.
La Guémara Chabbath nous donne dans cette même page plusieurs signes du Ben Hachmachot, couleurs du ciel, est, ouest, etc., et ce n’est qu’ensuite que la valeur de trois quarts de Mil est citée à titre d’exemple chiffré pour illustrer de ce qui serait applicable en Erets Israël. Les signes sont valables partout dans le monde, mais pas les valeurs, à l’instar du Michéyakir où la Guemara ne donne que des signes. On ne peut pas extraire ces chiffres de leur contexte et les appliquer à Stockholm ou à l’équateur, en passant par Vilna ou Paris, en été ou en hiver (Voir le Biour Hagra 261 qui parle « d’Erets Israël et Babel »).
En Erets Israël, le 21 mars, 20 minutes après son coucher, le Soleil est à 5° sous l’horizon. Ce qui est vraiment la valeur minimum pour voir des étoiles moyennes et dispersées, nécessaires pour clôturer un jeûne (Koula). Mais à Paris, 20 minutes fixes après le coucher, le Soleil est 3,9° au printemps, et 3,1° en été. Il n’y a pas d’étoiles dans le ciel.
Il y a même ceux à Paris qui poussent la plaisanterie en prenant 20 minutes Zemaniot. En hiver, les heures Zemaniot calculées entre le lever au coucher du Soleil sont petites et valent 41 minutes. 20 minutes valent alors 14 minutes. Le Soleil n’est qu’à 2,6° sous l’horizon. Il n’y a bien sûr aucune étoile. (De plus, traduire des Mils en Zemaniot est un non sens.)
A Stockholm, en hiver, l’heure Zemanit est de 30 minutes. 20 minutes valent 10 minutes. Le Soleil n’est qu’à 1,6°. Vue l’inclinaison de sa trajectoire, il met beaucoup de temps pour s’éloigner de l’horizon. A ce moment-là, le ciel est encore tout-à-fait clair et on apercevrait encore le disque solaire du haut d’un immeuble de 10 étages.
D’une manière générale, avec les Cha’ot Zemaniot, on a des problèmes en hiver, et avec les Cha’ot Chavot (fixes), on a des problèmes en été. Il n’y a aucune issue. Pour cela, le passage par les degrés de Rav Posen est obligatoire pour répondre à la Halakha qui est d’avoir une noirceur du ciel suffisante, laissant apparaître les étoiles requises pour clôturer un jeûne en toutes régions du monde et en toutes périodes de l’année. La valeur correcte est de 7,08° sous l’horizon.
Sur un autre domaine, le Rambam (Kiddouch Ha’hodech 11,17) affirme que ses calculs de la position de la Lune sont valables entre les latitudes de 29° et 35°, c’est-à-dire 3° au nord et au sud de Jérusalem, plus précisément entre Eilat et Ma’alot. C’est peut-être pour nous une indication sur la validité des calculs en heures Zemaniot et/ou Chavot.
Kol Touv.